Dans LA GAZETTE n°3648 du jeudi 04 juin 2020, rubrique « Libre opinion » Fundi Ali Mlamali en réaction à mon article publié dans Habari...
Dans LA GAZETTE n°3648 du jeudi 04 juin 2020, rubrique « Libre opinion » Fundi Ali Mlamali en réaction à mon article publié dans Habarizacomores.com sur la « rupture Comores France de septembre 1975 » a porté un « Éclairage » magistral du passé, comme il en a l’habitude.
Ali Soilihi appartient au passé du pays. Des personnes s’en réclament bien sûr mais il n’existe plus sur la scène politique comorienne de force politique « soilihiste » depuis la quasi disparition de Maesha Bora. On peut donc aborder l’examen du « soilihisme » avec moins de pression politicienne.
La problématique qui nous occupe : la rentrée scolaire 75-76 sans les enseignants et techniciens français partis brutalement, réaction tordue de la France face à la ferme position nationaliste d’Ali Soilhi contre le maintien de Maore sous colonisation française. Question épineuse s’il en était !
Les témoignages de Ahmed Thabi et Fundi Ali Mlamali (Mouzaoir Abdallah l’autre membre de la délégation n’est plus) convergent : la délégation mandatée par le pouvoir Ali Soilihi pour palier au manque d’enseignants n’avait pas à s’adresser aux étudiants comoriens en France (ASEC) et la proposition de la Guinée de Sékou Touré n’avait pas été retenue. Penser donc, Sékou avait déplacé un avion spécial pour courir au chevet des Comores. Et il dut battre en retraite du Mozambique sous les injonctions d’Ali Soilihi. Fundi Ali Mlamali révèle la raison : on ne voulait pas déplaire à Senghor ... « qui restait l’ultime médiation pour une « hypothétique » approche d’une solution mahoraise avec la France » Et notre Fundi de nous expliquer encore plus la situation « Sékou Touré a en quelque sorte voulu sa rupture (avec la France bien entendu), Ali Soilihi l’a subi ».
On est donc en droit de s’interroger sur la réalité des relations entre la France et Ali Soilihi. Si le voisin Ratsiraka avait réellement rompu avec la France : sortie de la zone franc, ralliement du camp « socialiste ». Ali Soilihi lui, tergiversait entre son nationalisme intransigeant sur la question cardinale de Maore et sa tendance naturelle de toujours regarder du coté de la France. D’où une certaine inconséquence qui a favorisé son renversement par les mercenaires à la solde de la Françafrique. Il semble que l’opération criminelle du 13 mai 1978 a bénéficié d’informations stratégiques fournis à Bob Denard par des français vivant dans le pays. Ratsiraka par contre demeura au pouvoir bien plus longtemps !
Ali Soilihi demeure le Chef d’État comorien qui aura marqué le plus la conscience collective du pays, l’imaginaire « révolutionnaire » comparé à tous ses successeurs. Il a cherché à développer le pays sur la base du plan yamaedeleo et sa profonde réforme administrative. Il a voulu transformer les mœurs du pays. Malheureusement il a cru que sa volonté seule suffisait. Il fut amené à miser sur la seule force des « comités et du Bawa Mwasi, pour imposer le changement. Bien évidemment cela ne pouvait pas marcher. Il s’est en fait aliéner les masses, celles qui devaient être derrière lui, se fragilisant à l’extrême.
Soulignons enfin qu’Ali Soilihi était un brillant orateur qui subjugait les esprits. Il s’était lancé dans une théorisation que certains voudraient révolutionnaires alors qu’il n’en était rien. Son crédo fut non pas mapidunzi (révolution) mais ufwakuzi (putschisme) qu’il a décliné en plusieurs thèmes ufwakuzi wa siasa, ufwakuzi wa maesha, etc.
L’accession d’Ali Soilihi au pouvoir et ses deux ans et quelques au pouvoir sont riches d’enseignements pour le pays, pour ceux qui veulent comprendre afin de contribuer à changer l’ordre inique et chaotique qui règne depuis 1975. Merci donc à Fundi Ali Mlamali d’avoir contribué à éclaircir une épisode et espérons qu’il nous fera bénéficier de ses lumières, lui qui fut un dirigeant de premier plan durant cette période
Idriss (11//06/2020)
COMMENTAIRES