ECLAIRAGE I) Ali Soilihi n'était pas à Mayotte le 07 août 1975 Ceci n'est pas spécifiquement un droit de réponse. Mais plut...
ECLAIRAGE
I) Ali Soilihi n'était pas à Mayotte le 07 août 1975
Ceci n'est pas spécifiquement un droit de réponse. Mais plutôt l'intention d'apporter des éléments d'appréciation susceptibles d'aider tout lecteur à fonder son opinion sur des bases proches de la vérité historique, quand ce n'est pas la vérité historique elle-même.
Nous avons un grand respect pour Haybat fm, qui véhicule une information dénuée souvent de toute inclination à plaire à telle ou telle entité établie, et qui, de fait, construit une perspective de conscientisation chez ses auditeurs, indispensable préalable à une compréhension lucide de nos enjeux .
Toutefois, contrairement à cette exigence de l'objectivité, la photo de cette station radio qui accompagne "Sur la rupture Comores-France, 7 septembre 1975," d'Idris, soulève beaucoup d'interrogations et d'étonnement: était-il possible, quatre jours après un coup d'état effectué dans les conditions rudimentaires que l'on sait, qu'Ali Soilihi en personne ait osé se rendre à Mayotte, même si les acteurs de l'Indépendance unilatérale paraissaient "scotchés" par la perspective d'un horizon obscurci d'incertitudes?
Un témoin fiable et très proche des premiers instants du coup d'état (Salim Himidi n'étant plus des nôtres), Ali Toihir, alias Kéké, infirme la temporalité contextuelle de la date indiquée. Militant actif dès les premières heures de la lutte pour la libération des Comores, Ali Toihir faisait partie du cercle idéologique d'Ali Soilihi. Son témoignage est sûr.
II) Des doutes effacés
Nous apprécions Idris pour son combat incessant contre les causes de notre immobilisme, et nous louons sa patriotique détermination à exiger de notre ex-puissance colonisatrice la restitution de Mayoytte. Toutefois son exigence de la vérité, très légitime somme toute, de vouloir obtenir de Thabit l'authenticité de la version des faits( lire l'article d'Ali Moindjié, "Mouzaoir, un symbole....", le droit de réponse qui a suivi et l'article sus- indiqué d'Idris dans Habarizacomores) chagrine, car elle (l'exigence) doute de la véracité de la version de celui qui en a été l'acteur et qui ne se soucie d'aucune mise en valeur pour on ne sait quel bénéfice. Mais, tout compte fait, mon cher Idris, ton exigence de la vérité a sans aucun doute étouffé tous les doutes qui germaient, qui ne savent rien de ce "Ali Mlamali." Merci.
III) Des techniciens sans contrepartie, pourtant refusés
L'arrivée en Guinée de Mouzaoir, Thabit et moi-même fut un moment de rupture par rapport à la morosité (je n'ose pas dire l'indifférence) vécue dans les autres capitales où nous sentions que seule la courtoisie prévalait chez nos hôtes. L'enthousiasme était palpable à Conakry. L'omniprésent président Sékou Touré nous avait reçus sans réel protocole dans les premières heures de notre arrivée. Nos entretiens se déroulaient au sein des conseils de ministres.
Des entretiens qui se sont produits à plusieurs reprises tant l'homme fort de la Guinée se sentait proche de son homologue de Moroni, sans doute en raison d'une pourtant relative similitude de leurs relations avec la puissance coloniale (Sékou Touré a en quelque sorte voulu sa rupture, Ali Soilihi l'a subie, même si dans son "impasse," il a chassé l'assistance technique française ).
Nous étions même parfois invités à des meetings où des discours, interminables du raïs, étaient tenus dans une ferveur générale. Aucune demande explicite d'aide ne fut exprimée, mais le très sombre tableau de notre situation fut sans doute, par la suite, la raison de la tentative d'envoi de techniciens aux Comores.
Car ce fut une tentative d'envoi dans la mesure où l'avion chargé de cette mission a atterri à Maputo (Mozambique), sans pouvoir relier Moroni. Un homme compétent, qualifié pour négocier le difficile "ajournement" de cet acte(fraternel, aux yeux de Sékou Touré), en l'occurence Ali Nassor, fut chargé d'aller expressément à Maputo pour empêcher l'arrivée des techniciens guinéens à Moroni.
IV) Une probable explication de l'attitude d'Ali Soilihi
Mais pourquoi ce refus, alors que les Comores souffraient de la nudité absolue? Les relations entre le pro-français Senghor et celui qui avait ostensiblement rejeté la coopération avec la France étaient au plus bas, d'autant que lé Sénégal hébergeait les opposants à Sékou Touré. Singhor, dont les ambassades à Paris et à New york nous étaient ouvertes, et qui restait l'ultime médiation pour une "hypothétique" approche d'une solution mahoraise avec la France, aurait immédiatement abandonné Ali Soilihi en apprenant la présence de guinéens aux Comores. Les très faibles, sinon inexistants(déjà!) espoirs d'un retour de l'île comorienne de Mayotte se seraient également anéantis.
A l'échelle de l'Histoire, les impérialismes dominateurs s'usent, abandonnent les dogmes de supériorité, ou périssent. La succession des générations amène des formes de pensées qui inversent souvent les certitudes d'hier. Mayotte est légitimement comorienne aujourd'hui, elle le sera souverainement demain.
Fundi Ali Mlamali
COMMENTAIRES