J’ai observé avec retard la publication par RIPOSTE LAIQUE d’un texte assez exécrable relatif à la situation de l’île française de MAYOTTE ...
J’ai observé avec retard la publication par RIPOSTE LAIQUE d’un texte assez exécrable relatif à la situation de l’île française de MAYOTTE que j’avais cru réservée au site POLEMIA…
Quoiqu’il en soit, même tous azimuts, une diffusion ne saurait être prohibée dans la mesure où elle alimente un nécessaire débat, le sujet restant d’actualité.
L’auteur, Eric L’HULLIER, excipe de sa qualité d’ancien de l’E.N.A. et se réclame aussi de l’X. Etre passé par ces deux prestigieuses écoles n’empêche pas d’écrire des inepties où suinte au surplus un profond mépris envers une partie de ses compatriotes. M. L’HULLIER ne peut s’empêcher au passage de baver sur les partisans de l’Algérie Française en évoquant – je cite – les « absurdités de l’Algérie française ». C’est oublier que si la solution française avait prévalu – bon nombre d’Algériens regrettent aujourd’hui que cela n’ait pas été le cas - ce ne sont pas 45 millions de concitoyens qui seraient à nos côtés, mais tout au plus 25 à 28 millions, compte tenu, entre autres, de l’élévation concomitante du niveau de vie des intéressés.
Etablir un parallèle entre l’Algérie et Mayotte est totalement absurde et cela d’abord parce que Mayotte couvre moins de 400 km², soit pas même le double de la superficie de Saint-Pierre-et-Miquelon !
Que la République française ne soit pas capable de gérer les problèmes du 101e département français serait à désespérer de tout !
Pour essayer de se débarrasser de Mayotte, M. L’HUILLIER énonce avec aplomb des contre-vérités qui constituent la preuve qu’il ne maîtrise pas son sujet.
Il affirme péremptoirement « qu’on y tolère (à Mayotte) une justice parallèle rendue par des cadis en application de la Charia, de même que la polygamie ». En fait, les cadis n’ont plus qu’un rôle consultatif de plus en plus restreint. C’est bien le droit civil commun qui s’applique à Mayotte et la polygamie est prohibée depuis de nombreuses années.
Le délire de notre ancien énarque (promotion Alphonse ALLAIS, celle des loups-phoques peut-être ?) apparaît patent lorsqu’il ose proclamer que « l’Homme d’Etat français affranchi de la larmoyance (sic !) de rigueur devrait être pour l’indépendance de cette île ». Il faudrait donc aller à l’encontre de la volonté quasi-unanime de la population, réitérée à de multiples reprises, ce qui revient à bafouer la première des lois de toute saine démocratie, le respect de la volonté populaire.
Et notre novateur de la vie politique ose proposer un référendum où les (seuls) « Français de France aient le droit de voter ». J’imagine la question posée : « Etes-vous d’accord pour que le cent-unième département français accède obligatoirement à l’indépendance ? » ou encore « Considérez-vous possible ou non que des musulmans d’origine africaine puissent continuer à se revendiquer Français ».
Au fait, lors de ce virtuel référendum, les Mahorais de l’Hexagone – et ceux de la Réunion[1] - ils sont des dizaines de milliers et frisent les cent mille, auraient-ils voix au chapitre ?
Est-ce que l’on va exclure également de notre nation commune celles et ceux dont l’un des parents est d’origine mahoraise ? M. L’HULLIER, sans le dire, réclame-t-il l’application des lois de Nuremberg de sinistre mémoire ?
En tout cas, il est manifeste – toujours dans son très contestable parallèle Algérie-Mayotte – qu’il fait référence aux référendums de 1961-1962.
Dommage que ne s’opère pas (encore ?) la résurrection d’un personnage qui paraît-il, a préservé la France d’un Colombey-les-deux-Mosquées[2].
Le 31 mars 2018 avec plusieurs dizaines de mes compatriotes d’origine mahoraise et même certaines braves mères de famille d’origine grande comorienne, j’ai manifesté devant le Palais de l’Europe à Strasbourg pour la sécurité, la paix républicaine et laïque, dans le cent-unième département français. D’autres l’ont fait dans divers lieux de notre chère vieille France (à Rennes, Angoulême, Paris, Bordeaux, Toulouse, Marseille et à la Réunion).
Au fait, à part les ultra-identitaires passablement pro-nazis, les débris d’un tiers-mondisme déclinant, plus inquiétantes peut-être les cohortes islamo-gauchistes, qui donc peut se rallier à une solution L’HULLIER pour résoudre les problèmes de Mayotte .
Jean-Michel WEISSGERBER
Colmar, le 20 juin 2018
[1] Eric L’HULLER ne précise pas les contours de la France qui serait appelée à voter (Nouvelle-Calédonie et Guyane comprises ?) Dans la foulée, il conviendrait peut-être de se débarrasser de ces territoires qui coûtent très cher également, la Guyane connaissant des problèmes semblables à ceux de Mayotte. En tout cas, j’ai sous la langue le nom d’une possible présidente d’une éventuelle « République populaire de Guyane ».
[2] Tout le monde le sait, nous n’en sommes qu’au début des festivités ! Avec un lâche soulagement, on croyait en finir en 1962 avec l’Algérie, elle nous revient avec une rare violence en boomerang dans la figure !