Le football comme fait social total : quand la nation comorienne n’existe que par l’émotion

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Le football comme fait social total : quand la nation comorienne n’existe que par l’émotion. Pour ces derniers, le football devient parfois le premier

Le football comme fait social total : quand la nation comorienne n’existe que par l’émotion


Le football comme fait social total : quand la nation comorienne n’existe que par l’émotion

Ce soir, les Comores affrontent le Maroc lors du match d’ouverture de la CAN. Ce qui se joue dépasse largement le cadre sportif. Pour reprendre Émile Durkheim, le football agit ici comme un fait social : il s’impose aux individus, structure les comportements et produit, le temps d’un match, une conscience collective que les institutions peinent à construire durablement.

Des centaines de Comoriens ont fait le déplacement : responsables politiques, membres du gouvernement mais aussi de nombreux enfants nés loin des îles.

Pour ces derniers, le football devient parfois le premier contact concret avec le sentiment national. Le stade agit alors comme un espace de socialisation, là où l’école, l’État et les politiques publiques ont souvent échoué à produire un récit commun et inclusif.

Pour la majorité restée à distance, le match se vivra devant une télévision quand elle existe, autour d’un téléphone partagé quand c’est possible. Comme l’aurait analysé Marcel Mauss, le football fonctionne ici comme un fait social total : il mobilise en même temps l’émotion, le politique, l’identité, l’économie et l’appartenance. En 90 minutes, il concentre ce que la société comorienne peine à faire vivre au quotidien.

Mais cette communion nationale reste profondément inégalitaire. Beaucoup en sont exclus : les malades, les détenus, ceux privés d’électricité, d’accès à l’information ou aux chaînes de télévision. Il y a aussi ceux que la marginalisation sociale a rendus étrangers à la vie nationale, au point de ne même pas savoir qu’il existe une équipe appelée les Cœlacanthes, une CAN ou un match qui mobilise tout un peuple.


Cette exclusion renvoie directement à ce que Pierre Bourdieu nommait la violence symbolique : l’éloignement durable de certains groupes des espaces de reconnaissance collective. Ce moment sportif révèle une vérité dérangeante. Si le football parvient à unir ce que la politique a fragmenté, c’est aussi parce que l’État a progressivement abandonné la production du « nous » collectif. La nation ne devrait pas exister uniquement à travers l'émotion, ni dépendre d’un événement sportif pour se sentir vivante.

Victoire ou défaite, la question demeure : pourquoi faut-il un match de football pour que les
Comoriens se sentent unis ? Et que dit cette dépendance à l’émotion sportive de notre modèle social, de nos priorités politiques et de notre responsabilité collective ?

Le football rassemble. Mais une nation ne peut pas se limiter à 90 minutes de communion.

Mistoihi Abdillahi

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