Affaire Moroni Madjadjou : Lettre publique à Nour El-Fath Azali, SG du gouvernement ! L'alcool, la drogue et d'autres formes de dérives, s'imposent co
Lettre publique à Monsieur Nour El-Fath Azali, Secrétaire général du gouvernement de l'union des Comores
Objet : Madjadjou, urgence sociale et nécessité d'une réforme foncière
Votre visite dans le bidonville de Madjadjou au Sud Sud de Moroni n'est pas anodine. Elle vous a placé face à une réalité brutale, palpable, que beaucoup préfèrent ignorer. Madjadjou, n'est pas seulement un espace de précarité ; il est le symbole d'une misère sociale profonde et d'un malaise social qui s'enracine dans l'absence des perspectives professionnelles et et l'exclusion d'une bonne partie de la jeunesse Comorienne.
Dans ce contexte d'abandon, l'oisiveté devient un poison lent. L'alcool, la drogue et d'autres formes de dérives, s'imposent comme des refuges illusoires, traduisent une décadence morale qui n'est pas le fruit d'un choix individuel, mais la conséquence directe d'un système politique cinquantenaire et donc vieillissant, incapable d'offrir un avenir à sa jeunesse.
Une jeunesse sans horizon devient inéluctablement une jeunesse en danger, pour elle-même comme pour la société.
À cette crise sociale s'ajoute une situation juridiquement explosive. Le site de Madjadjou appartient historiquement à une famille identifiée. Or l'occupation massive du terrain par une population jeune complique la restitution des propriétaires légitimes.
Le droit foncier se heurte à la réalité humaine, créant un conflit où chaque solution mal pensée risque d'engendrer des nouvelles injustices et des nouvelles tentions. Cette situation révèle, une fois encore, la profondeur de la crise foncière aux Comores. Depuis l'indépendance, le foncier est devenu l'un problème des plus graves et des plus douloureux du pays.
Il est à l'origine des conflits interminables, des déchirures familiales, des violences larvées et d'une insécurité juridique chronique qui mine la cohésion sociale et bloque tout dynamique de développement.
Monsieur le secrétaire général,
Votre présence à Madjadjou doit aller au delà du symbole.
La concentration d'une jeunesse dans un bidonville constitue un danger réel :
danger social , sécuritaire et politique.
Il est espéré que cette visite permetttre une prise de conscience lucide et qu'en connaissance de cause, le gouvernement prendra les mesures qui s'imposent, notamment en matière d'encadrement social , d'insertion professionnelle et de prévention des dérives.
Cependant, au delà des réponses urgentes, l'enjeu fondamental reste inchangé :
La réforme foncière, sans une réforme foncière claire, juste et courageuse du foncier, les Comores continueront à connaître des Madjadjou, des conflits et des frustrations, la paix sociale , la sécurité juridique et le développement durable du pays passent nécessairement par une refondation profonde de la gouvernance foncière.
Madjadjou, n'est pas un accident de l'histoire, c'est un avertissement. À l'Etat désormais de décider, s'il souhaite l'ignorer ou en faire un point de départ d'un changement structurel souhaité par la population.
Veuillez agréer Monsieur le secrétaire général du gouvernement, en l'expression d'une interpellation citoyenne responsable et profondément attaché à la paix.
Daoud Halifa

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