Quand l’incompétence s’arroge le droit d’évaluer : le cas de Najda Saïd Abdallah fait polémique. « C’est comme confier l’arbitrage d’un match à quelqu
C'est un épisode qui relance le débat sur le sérieux et la crédibilité de l’administration comorienne.
La scène a suscité surprise et incompréhension. Lors de l’évaluation ministérielle organisée par le Secrétariat général du gouvernement, Najda Saïd Abdallah, Commissaire au plan dont la gestion est souvent critiquée, s’est retrouvée chargée d’évaluer plusieurs membres du gouvernement. Parmi eux, certains ministres reconnus comme réellement compétents, dont le travail rigoureux et les résultats concrets sont salués dans différents secteurs.
C’est précisément ce contraste qui choque. Comment une responsable peinant à assumer efficacement ses propres missions peut-elle juger des ministres dont la performance est, dans plusieurs cas, bien supérieure à la sienne ?
« C’est comme confier l’arbitrage d’un match à quelqu’un qui ne connaît même pas les règles », ironise un haut cadre de l’administration.
Le problème ne réside pas dans l’évaluation en elle-même, un exercice important dans toute gouvernance moderne, mais dans le choix des personnes qui en sont chargées. En permettant à quelqu’un dont la compétence administrative est régulièrement remise en question d’évaluer des ministres reconnus pour leur sérieux, le système démontre ses limites et expose des pratiques douteuses : favoritisme, décisions arbitraires, manque de rigueur dans la sélection des évaluateurs.
Cette situation met en lumière un dysfonctionnement plus profond : la performance n’est pas toujours le critère déterminant dans la désignation des responsables, y compris pour des missions aussi sensibles qu’une évaluation ministérielle.
En somme, l’affaire Najda Saïd Abdallah n’est pas un simple incident. Elle révèle une faille structurelle dans l’administration : on demande parfois à l’incompétence de juger la compétence. Et tant que ce principe aberrant restera en pratique, les efforts de réforme et de transparence resteront lettre morte. Pour évaluer des ministres performants, il faut des évaluateurs crédibles. Sans cela, l’évaluation n’est qu’une façade.
BEN OMAR ELHABIB

COMMENTAIRES