La stratégie de ceux qui diffusent le Mal : avancer masqués et par étapes. Depuis quelques jours un débat agite les réseaux sociaux au sujet du port d
La stratégie de ceux qui diffusent le Mal : avancer masqués et par étapes
Depuis quelques jours un débat agite les réseaux sociaux au sujet du port d’une boucle d’oreilles par l’animateur de l’émission NYORA sur ORTC, la chaine de télévision publique comorienne.
D’aucuns désapprouvent le fait qu’une émission diffusée par le service public, de surcroit censée promouvoir la culture comorienne soit animée par un homme qui porte une parure attachée à la gent féminine et qui est ainsi en contradiction flagrante avec la culture comorienne et avec les règles de la religion musulmane. Je rappelle à ce sujet que la constitution comorienne dispose en son préambule « le peuple comorien affirme solennellement sa volonté de :
- cultiver une identité nationale basée sur un seul peuple, une seule religion (Islam Sunnite) et une seule langue ; de promouvoir des pratiques religieuses et morales de nature à assurer une éducation qui renforce la conscience nationale…. »
D’autres défendent le droit de chacun à choisir son accoutrement au nom des libertés individuelles et/ou minorent l’acte du jeune animateur par rapport aux péchés plus graves qui sont monnaie courante aux Comores : fornication, viols, meurtres, détournements des deniers publics…etc . Certains vont même jusqu’à nier le caractère illicite du port de boucles par un homme au regard de l’Islam au motif qu’aucun verset du Coran ne l’interdit expressément.
Faut-il rappeler que bien qu’il jouit d’une prééminence incontestable dans le corpus juridique musulman, le Coran ne constitue pas la seule source du droit musulman. La Sounna du Prophète en est la 2ème. Le dictionnaire Larousse la définit ainsi « Ensemble des paroles du Prophète, de ses actions et de ses jugements, tels qu’ils sont fixés dans les hadiths et qui constituent pour tout musulman un modèle à suivre »
Alors, que dit le Prophète au sujet du port de boucles par un homme ? D'après 'Abdallah Ibn 'Abbas (qu'Allah les agrée), le Prophète (que la prière d'Allah et Son salut soient sur lui) a maudit les hommes qui ressemblent aux femmes et les femmes qui ressemblent aux hommes (*).(Rapporté par Boukhari dans son sahih n°5885)
Est visée dans ce hadith l’imitation par un individu de l’habillement, de la parure, de la façon de parler et de la démarche caractéristiques de l’autre sexe. En l’absence de verset coranique explicite sur cette question, ce hadith du Prophète fait foi, étant entendu qu’ à l’époque du Prophète seules les femmes portaient des boucles. Le Prophète (que la prière d'Allah et Son salut soient sur lui) nous a enjoint de prier comme il prie. Aucun musulman saint d’esprit n’oserait prier comme il l’entend au motif qu’aucun verset du Coran n’indique comment faire la prière.
Personne, en dehors du Prophète, n’est infaillible. Nous sommes tous susceptibles de commettre des péchés. Chacun de nous aura à rendre compte de ses actes auprès du Seigneur mais il est de notre responsabilité individuelle et collective de nous rappeler mutuellement les enseignements de notre religion comme le prescrit le Coran « Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les Hommes : vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et vous croyez à ALLAH. » (verset 110 de la sourate 3 Al Imran). Se taire face aux péchés de son prochain au nom d’un individualisme étriqué peut provoquer la Colère d’Allah et une punition qui frapperait indistinctement l’auteur de l’acte repréhensible et les adeptes d’un « chacun pour soi et Dieu pour tous » malvenu.
Que dit le Coran à ce sujet ? « Ceux des enfants d’Israël qui n’avaient pas cru ont été maudits par la bouche de David (prophète Daoud) et de Jésus fils de Marie, parce qu’ils désobéissaient et transgressaient » (verset 78 de la sourate 5 Al-Ma ida). Le verset suivant précise pourquoi la Colère d’Allah était décuplée « Ils ne s’interdisaient pas les uns aux autres ce qu’ils faisaient de blâmable. Comme est mauvais, certes, ce qu’ils faisaient » En droit positif, on peut bien aller en prison pour n’avoir pas dénoncé un crime alors qu’on le pas commis soit même. N’est-ce pas ?
Le port d’une parure réservée aux personnes du sexe opposé est certes moins grave que tuer des innocents, détourner des biens publics, violer ou forniquer mais doit être quand même dénoncé au même titre que les autres péchés. Si nous tolérons aujourd’hui qu’un jeune homme qui porte une boucle d’oreille anime une émission de divertissement sur une chaine de télévision publique, demain ce sera la transgenre Yousrat Mouigni qui présentera le journal télévisé.
N’oublions pas que les incendies qui ravagent des milliers d’hectares sont souvent provoqués par un mégot de cigarette mal éteint. L’homosexualité existe depuis plusieurs millénaires mais était considérée comme un comportement déviant par toutes les religions. Aujourd’hui beaucoup de pays ont légalisé le mariage entre personnes de même sexe. Certains pays sont allés beaucoup plus loin en matière de « liberté ». Des mariages entre des êtres humains et des animaux ont eu lieu en Australie, au Ghana, en Norvège et en Roumanie. Ceux qui diffusent le Mal ont toujours avancé masqués et par étapes. Ils répandent le venin à dose homéopathique. Ils attendent que la société assimile, banalise et « normalise » un forfait avant d’introduire le suivant, beaucoup plus grave.
Autant l’animateur de Nyora peut plaider l’erreur de jeunesse. Autant la faute de la direction de l’ORTC est inexcusable. Jamais la France, qui est considérée par beaucoup de Comoriens comme un modèle sur tous les sujets, n’accepterait qu’un Soprano venu d’un kandou et d’un kofia anime The Voice Kids ! Jamais ! Il peut s’habiller ainsi chez lui, dans la rue ou dans une cérémonie de madjliss à Marseille mais pas sur les plateaux d’une chaine de télévision française.
Nous ne sommes pas les gardiens d’une quelconque orthodoxie. Nous ne faisons que rappeler les règles de notre religion dans un monde qui perd ses repères et qui ne manque pas de motifs de perdition : ignorance, vulnérabilité due à la pauvreté, désir d’être reconnu comme un « musulman moderne » voire « non pratiquant ».
Abdourahamane Cheikh Ali
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