«Monsieur le Ministre, 75% des élèves qui réussissent leur 6ème ne savent pas lire ni écrire». On ne peut pas dire que c’est leur faute. Je n’indexe p
Lettre ouverte à Monsieur le Ministre de l’éducation nationale
Monsieur le Ministre,
Permettez-moi de vous adresser, par la présente, ma sincère gratitude, à l’égard du courage et d’assiduité auxquels vous faites preuve dans votre ministère. Sur ce, je salue vos efforts louables et vos intentions glorieuses, de vouloir renforcer le système éducatif afin de rendre une éducation de qualité à l’échelle nationale.
Je me permets, à ce point, en tant que jeune passionné du domaine, de vous partager le résultat de mon observation élargie dans nos milieux scolaires. Nous sommes nombreux, Monsieur le Ministre, à nous interroger sur la chute dégradante du niveau des élèves. Une question choquante à la quelle je suis convaincu qu’elle fasse partie de vos préoccupations et que vous avez pu sûrement réunir quelques éléments de réponses. Par contre, cela ne m’empêche pas de vous porter mes suggestions adéquates à ce sujet.
Monsieur le Ministre, le fléau de baisse du niveau scolaire ne date pas d’aujourd’hui, certes ; le problème en est que chaque jour, il prenait pourtant une grande ampleur sur le territoire national. Ce qui explique pourquoi l’enseignement public reste le jeu de hasard pour seulement les enfants des prolétaires du pays. Oui, aucun enfant des autorités comoriennes ne traine dans les établissements scolaires publics. Pourtant, vous avez hérité de nos ancêtres, une Nation où tous les enfants avaient une « égalité de chance ». Pourquoi nous subissons aujourd’hui une distinction de classe ?
Monsieur le Ministre de l’éducation nationale, je remarque votre bonne intention de vouloir mécaniser ( au sens figuré du terme ) le système éducatif. Je ne dirais qu’il est trop tard. Au contraire, je vous dis courage, car un sage a dit un jour : « Il n’est jamais trop tard pour mieux faire ». Seulement, le processus est long pour mettre en place un apprentissage valable, ça exige de la bonne volonté. En plus, il me semble nécessaire de donner une certaine indépendance à l’éducation, au lieu d’être liée directement à la politique. C’est vrai, nous sommes dans un pays où tout est politisé. Un phénomène catastrophique qui ne donne la chance aux ingénieurs de réaliser le travail excellent dont la Nation a besoin. Toutefois, personne n’est obligée de contribuer le mal à la place de semer le bien de tous.
Monsieur le Ministre, je crois que, pour porter des solutions concrètes à un problème, il est important d’étudier profondément les vraies causes du problème. En ce sens, mes observations sur l’origine de chute du niveau scolaire, me laissent constater une série de virus qui dégrade à chaque année l’état du niveau des apprentis. De ce fait, j’énumère ici, trois virus affectant le corps éducatif et qui me paraissent plus dangereux parmi d’autres, en sollicitant des antidotes :
- La notion de polyvalence : ce virus est caractérisé par le fait que, certains enseignants se sont voués capables d’enseigner à la fois , l’histoire-géographie, le français, la philosophie ou tout simplement, un diplômé de Lettre Arabe devient professeur d’anglais... Quel degré d’optimisme de croire qu’un agronome est capable d’assurer des cours de physique au lycée ou de la science au collège ? Combien d’écoles primaires publiques sont saturées par des juristes (licenciés en droit) comme enseignants ?
Oh ! Je n’indexe personne dans mon analyse, je qualifie seulement ces actes d’une violation des droits des enfants. Et malheureusement, je constate de mon propre sondage que 75% des élèves qui réussissent leur sixième, ne savent pas lire ni écrire. On ne peut pas dire que c’est leur faute.
- Le bénévolat : je le définis comme une bactérie contagieuse qui a contaminé le corps de l’enseignement national et qui a propagé largement sur l’île d’Anjouan dans cette dernière décennie. Ce fléau a aggravé la situation, de telle sorte qu’à présent, l’éducation aux Comores et surtout à Anjouan, fait un mouvement de chute libre. Contentons donc à remédier cette menace imminente, sinon, je vous avise que « le pire est à venir ».
- L’esprit de clan : ce virus est dix fois plus dangereux dans le domaine éducatif que le Coronavirus. Pourtant, il occupe une place considérable dans notre pays en ce XXIe siècle. Je dirais d’ailleurs que cette pandémie, d’esprit de clan est la mère de beaucoup de virus qui entraînent cette énorme chute du niveau scolaire.
Excellence, Monsieur le Ministre de l’éducation ! Je vous réitère ma considération respectueuse, en vous proposant ma part des solutions permettant de remédier à la situation.
– D’abord, pensez à recruter vos enseignants par la voie d’un concours loyal ou au moins par un entretien de bonne volonté. Assurez-vous de même que le professeur occupe la matière qui correspond à ses études supérieures. – Ensuite, reconnaissez son travail à l’aide d’un salaire plus ou moins satisfaisant.
Ce qui lui permettra de travailler avec toute sa passion. Organisez des formations pédagogiques et autres au moins deux fois par an. – Enfin, évitez d’embaucher les éducateurs selon leurs choix politiques ni leurs appartenances familiales ni leurs milieux naturels. Faire le contraire, nous ne cesserons jamais d'entendre nos enfants dire que « janvier est un verbe du premier groupe ». Beaucoup d’élèves n’arrêteront de dénoncer des professeurs « en grève de parole en classe » et en faisant face à des « machines à remplir les tableaux » pour ne pas dire « de copier-coller ».
Au terme de mon analyse, je vous rappelle que, pendant mon séjour de stage en qualité d’enseignant, j’ai beaucoup vu, j’ai vécu et j’ai trop entendu. Je vous en conjure, chères autorités compétentes, d’aujourd’hui et de demain, de détacher le lien entre l’éducation et la politique afin de rénover « l’égalité de chance » à tous les enfants comoriens, sans partialité aucune. Je ne suis pas sûr que, cette lettre va changer le système mais c’est un témoignage de ma souciance à l’égard du prix de négligence et de mépris dont nos enfants sont soumis à payer dans les établissements scolaires publics. Mes chers compatriotes, Je n’ai pas la voix pour crier mon inquiétude mais j’ai la plume pour l’exprimer en vidant mon cœur. Cette lettre est donc le cri de mon âme. D'où, nos enfants méritent une éducation digne et originale.
Veuillez agréer Monsieur le Ministre, l’expression de mon plus profond respect.
Djaoid Mohamed M’soma
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