Décès d’Akibarou Issoufa : Lettre ouverte à Azali Assoumani, Président de l’Union des Comores. De coutume, lorsqu’une personne fuit un danger, elle tr
Lettre ouverte à Azali ASSOUMANI, Président de l’Union des Comores sur le décès d’Akibarou Issoufa
C’est avec une profonde gravité et un sens aigu du devoir citoyen que je m’adresse à Votre Excellence au sujet du décès tragique et mystérieux du jeune Akibarou Issoufa, survenu alors qu’il était détenu dans une prison à Anjouan.
Je ne poursuis aucune ambition personnelle et ne suis candidat à aucune fonction. Mon seul engagement demeure celui du bien commun et de la dignité de l’Etat. La photo jointe, prise lors du One Planet Summit à l’Ile Seguin, me rapppelle l’honneur qui m’a été fait de participer à cet événement international à vos cotés, entre autres, en qualité de personne référente de l’Ambassade de l’Union des Comores à Paris.
Monsieur le Président, cette affaire a profondément choqué l’opinion publique et suscité une vive inquiétude au sein de la population.
De coutume, lorsqu’une personne fuit un danger, elle trouve refuge dans son propre pays. Or, cette évidence semble aujourd’hui remise en cause par la mort inexpliquée de ce jeune compatriote en détention. Un tel événement soulève de graves interrogations quant à la protection de la vie humaine et au respect des droits fondamentaux.
A l’instar d’une large frange de la population, je me joins à la revendication légitime des concitoyens demandant l’ouverture d’une enquête indépendante, impartiale et transparente afin d’élucider les circonstances exactes de ce décès tragique.
La vérité et la justice sont indispensables au maintien de la confiance entre le peuple et les institutions de la République.
Les informations sur de présumés échanges téléphoniques entre un membre du gouvernement et l’ex-femme du défunt suscitent inquiétude et questionnements. Il est crucial de rappeler que la fonction ministérielle n’est ni un privilège ni un simple statut. C’est un honneur et une responsabilité immense, quelle que soit la taille du pays. Toute légèreté ou confusion entre affaires privées et devoirs publics fragilise la crédibilité de nos institutions et la confiance de la population.
Votre parcours, Monsieur le Président, vous confère une autorité particulière. Ancien Chef d’Etat- major de l’Armée Nationale de Développement, vous connaissez la valeur de l’ordre, de la discipline et de l’exemplarité qui doivent guider chaque membre du gouvernement. il ne s’agit ni d’accuser ni de disculper, mais de réaffirmer un principe fondamental selon lequel, servir la République exige une conduite irréprochable, à la hauteur de l’honneur et de la responsabilité de la fonction confiée.
Par ailleurs, je vous invite respectueusement à traduire en actes votre déclaration selon laquelle “ les droits humains sont un engagement vivant, quotidien, au service de la dignité humaine”, à l’occasion de la journée mondiale des droits de l’homme, célébrée le 12 décembre à Moroni. Les principes ainsi affirmés doivent trouver une application concrète, notamment dans la protection des personnes privées de liberté.
Monsieur le Président, en votre qualité de garant de la Constitution et des institutions, votre intervention est essentielle pour faire la lumière sur ce drame, établir les responsabilités éventuelles et réaffirmer l’attachement de notre pays aux valeurs de justice, de dignité et de respect de la vie humaine.
A défaut notre pays risque de perdre en crédibilité, alors même qu’il jouissait d’une certaine notoriété à l’international grâce aux performances remarquables de notre équipe nationale de football, les coelacantes, ainsi qu’à la présidence comorienne de l’Union africaine, dont vous avez vous-même été l’artisan et qui avait suscité un regain d’intérêt au niveau mondial.
Dans l’espoir que cet appel citoyen retiendra toute votre attention, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.
Said Omar Badaoui
Diplomate ( Ambassades : Bruxelles et paris )

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