De prime abord, je voudrais vous remercier d’avoir répondu présent et massivement à cette renco.Ntsoudjini : Message du Président du CNT aux Comoriens
Message du Président du CNT aux Comoriens au rassemblement populaire de Ntsudjini, le 21 septembre 2022.
Mes chers compatriotes,
J’ai choisi ce jour du 21 septembre 2022, jour de l’ouverture aux
nations-unies du débat de la 76ème session de l’assemblée générale consacrée
au thème « Miser sur l’espoir pour renforcer la résilience afin de se relever
de la COVID-19, reconstruire durablement, répondre aux besoins de la planète,
respecter les droits des personnes et revitaliser l’Organisation des Nations
Unies », pour vous rencontrer afin de partager avec vous les préoccupations du
moment de notre pays marquées par la vie chère et la pénurie alimentaire et
énergétique. Et en même temps, je voudrais vous parler brièvement, en prenant
à témoin la communauté internationale, de mon entretien avec le Colonel Azali
Assoumani, le 10 septembre à Beït-salam.
De prime abord, je voudrais vous remercier d’avoir répondu présent et
massivement à cette rencontre populaire placée sous le signe de la pénurie
alimentaire, la vie cher, la relance et la redynamisation de notre lutte pour
le retour à l’ordre constitutionnel rompu en 2018, le RESPECT des libertés
individuelles et collectives et des accords de FOMBONI.
En ce moment précis, les pays membres des nations-unies débattent et se
préoccupent de renforcer la résilience afin de se relever du COVID-19 et faire
respecter les droits des personnes. Les organisations observatrices et
humanitaires internationales comme Human rights sont unanimes pour plaider à
cette occasion-là, en faveur des prisonniers politiques et le RESPECT des
droits humains dans le monde.
Nous ne pouvons donc nous accommoder et oublier que des personnalités
politiques comoriennes croupissent dans les prisons et sans jugement pour
certains parmi eux. D’autres se sont exilés à l’étranger pour fuir la
répression du régime dictatorial installé à Moroni par le Colonel Azali
ASSOUMANI. Je pense au cas de l’ancien Président Ahmed Abdallah Sambi, du
docteur Salami, de Abdallah Abdou Hassane alias Agoi et bien d’autres
encore...
Après la crise du COVID-19, la guerre en Ukraine s’est invitée pour
bouleverser l’ordre économique mondial qui a frappé de plein fouet non
seulement les économies des grandes puissances mais aussi celles des petits
pays comme le nôtre. Les conséquences de cette triple crise sanitaire,
géostratégique et géopolitique, ne sont plus à démontrer dans le monde et plus
particulièrement dans notre pays.
En revanche, d’autres facteurs aggravants endogènes liés à la gestion de notre
pays ne nous favorisent pas et viennent s’y ajouter à cette tripe crise :
Parmi ces facteurs internes liés à notre pays l’on peut citer la mal
gouvernance, le déficit de démocratie et d’Etat de droit, la mauvaise gestion
des sociétés d’Etat, les détournements des fonds publics, les injustices et
l’absence d’une vision lointaine de planification, d’approvisionnement, de
sécurité énergétique et alimentaire.
Ce serait très irresponsable de mentir au peuple en lui expliquant que cette
profonde crise qui secoue le pays est liée seulement au COVID-19 et la guerre
en Ukraine. Et pourtant, il est de notoriété publique que notre pays est géré
comme une épicerie depuis au moins 6 ans avec ce régime. Aucun projet sérieux
si ce n’est la rhétorique et l’illusion honteuse de l’émergence sans véritable
réalité.
Avant la guerre, les sociétés d’Etat n’étaient pas mieux gérées que
maintenant. Avant la guerre en Ukraine l’électricité n’était pas fournie de
manière régulière et mieux que maintenant. Avant la guerre en Ukraine quelle
était la politique de ce régime pour parvenir à une autosuffisance alimentaire
?
Il a fait tout le contraire : A titre d’exemple, le Projet pêche a été tué
gratuitement par ce régime pour des raisons politiques et géostratégiques qui
ne nous concernent pas. Avant la guerre et le COVID-19, la politique
économique et fiscale de ce régime était la même que celle d’aujourd’hui :
Plus de fiscalité, moins de transparence, plus de dépenses étatiques et zéro
investissement dans les secteurs productifs pour relancer l’économie.
Mes chers compatriotes,
Face à ces difficultés grandissantes, mon pays est au bord de l’explosion
sociale à cause d’une pénurie alimentaire et une cherté de la vie, notamment
le riz qui est le premier produit de première nécessité consommé dans notre
pays. L’absence d’une gestion saine et d’un stockage stratégique et de
sécurité conséquents a plongé le pays dans l’abîme et la famine, et a provoqué
la mort de quelques personnes et des blessés notamment à Anjouan où ce produit
se fait plus rare que dans les autres îles sœurs.
Je m’exprime aujourd’hui avec gravité car c’est une première dans mon pays que
des morts soient enregistrés à cause de la famine. C’est une situation inédite
et sans commune mesure qui m’a profondément interpellée sur ma propre
conscience en tant qu’ex-gouverneur de Ngazidja et actuel résistant et
opposant au régime en place aujourd’hui.
Nous devons en sortir car les comoriens sont fatigués, ils n’en peuvent plus
avec ces querelles sans fins et sans véritables perspectives de sortie de
crise.
Mes chers compatriotes,
Le 09 septembre 2022, une lettre m’a été adressée par le Chef de l’Etat de
fait, le Colonel Azali Assoumani, m’invitant à un entretien avec lui afin
d’examiner ensemble les voies et les moyens pour sortir de cette crise
économique, politique et institutionnelle.
J’ai décidé d’être transparent avec vous, en rendant public mon invitation
afin que vous en soyez au courant. D’autres ont choisi d’aller le voir en
toute discrétion et à l’insu du peuple.
Devrais-je refuser l’invitation du Colonel et me résigner face à cette
situation économique au bord de l’explosion? Devrais-je penser à ma personne,
à mon image et à ma carrière politique alors que le pays est au bord de
l’abîme? Quelle serait l’attitude d’un digne responsable politique face à une
telle situation catastrophique ? Ceux qui me connaissent savent que je n’ai
pas l’habitude de fuir mes responsabilités.
C’est la raison pour laquelle, en concertation avec mes camarades de lutte du
CNT, du NEM, du Gouvernement en Exil dirigé par le patriote Moustoifa Said
Cheick, du RDC et de tous mes amis de lutte, et par ce que le bien-être de
notre peuple est au-dessus de nos propres intérêts partisans et de nos petites
querelles intestines, nous avons décidé de répondre favorablement à
l’invitation du Colonel Azali ASSOUMANI, et ce malgré notre vigilance et notre
réticence face à une personne dont nous ne reconnaissons sa légitimité.
C’est la raison pour laquelle je tenais à vous dire que nous n’y sommes pas
allés pour nous soustraire de la lutte ou négocier un quelconque intérêt
partisan ou je ne sais quels subterfuges pour rejoindre le pouvoir. Nous
laissons ce procès d’intention fallacieux à nos détracteurs politiques qui
privilégient la haine, l’égo, le soupçon, le mensonge et leurs petits intérêts
politiques et partisans.
Nous y sommes allés pour lui dire les 4 vérités tête à tête en pointant du
doigt les dérives de son régime sur les plans institutionnels, judiciaires et
économiques, sans oublier sa propre responsabilité individuelle. Nous lui
avons signifié qu’un VRAI dialogue ne sera possible tant que la libération des
prisonniers politiques et le retour des exilés ne soient garantis.
Ainsi, nous nous sommes convenus que nous pourrions mettre en place un VRAI
cadre de concertation inclusif regroupant toutes les forces vives pour revoir
ensemble les erreurs du passé et se projeter vers l’avenir.
Et donc, nous lui avons demandé non seulement de faciliter la libération des
prisonniers politiques et le retour des exilés mais aussi de prendre les
mesures adéquates contre la vie chère et la pénurie alimentaire et
énergétique.
Pour ma part, je ne saurais me trahir ni trahir mon peuple ni renoncer à mon
engagement politique pour le bien-être de mon pays en échange de quelques
intérêts personnels ou partisans quels qu’ils en soient.
Cependant, j’ai compris votre désarroi, j’ai compris votre souffrance, j’ai
compris votre peur, j’ai compris vos messages qui m’ont été destinés à l’issu
de cet entretien historique. Il y a parmi vous celles et ceux qui m’ont
envoyés des messages d’adhésion, d’amitié et d’encouragement. Mais il y a
également beaucoup parmi vous qui désapprouvent et rejettent mon action.
J’ai reçu tous vos messages cent pour cent et croyez-moi je les interprètes
tous comme une manifestation d’intérêt à mon égard, car malgré tout, la
politique c’est l’action et la recherche de solution. J’en tirerais, avec mes
camarades de lutte, tous les enseignements pour mieux relancer notre lutte qui
a besoin d’un nouveau souffle. Car le [next] statu quo et la monotonie ne sont
pas une solution, ils font gagner le camp adverse.
En cette période difficile, le pays a besoin de voir ses vaillants enfants
proposer des solutions, prendre des risques et agir pour le sortir du gouffre,
c’est notre défi et ce ne sera pas sans conséquences, nous en sommes
conscients.
C’est en cette période que la résistance et l’opposition devraient resserrer
les rangs et soutenir le peuple alors que celui-ci traverse les pires moments
de son histoire. Les conférences récurrentes de salon ont créé un sentiment
d’impuissance et d’inaction. Il faut passer à l’action et j’invite mes
camarades à occuper le terrain avec le peuple.
J’invite donc nos camarades de lutte de mettre entre parenthèse nos différends
politiques qui commencent à lasser le peuple, car la famine, la malnutrition
et la vie chère sont devenus nos vrais et premiers ennemis en ce moment et il
nous revient de réagir vite pour soutenir le peuple en demandant immédiatement
et sans délai l’ouverture d’une discussion inclusive entre les opérateurs
économiques, les représentants des consommateurs, les institutions
financières, l’Etat et les forces politiques afin d’adopter un Plan d’urgence
contre la vie chère et la pénurie.
Ainsi, entre autres mesures nous demandons la suspension pure et simple du
monopole sur le riz pour une année afin de permettre à d’autres opérateurs
économiques de pouvoir nous les importer à moindre coût compétitif, ainsi que
d’autres produits de première nécessité.
Dans l’immédiat, il est pratiquement impossible que la population puisse
survivre avec la hausse des prix des viandes, poissons, produits laitiers,
farine, riz, l’huile et j’en passe qui sont passés du simple au double voire
le triple, sans le moindre soutien du Gouvernement de fait… Ainsi, le
Gouvernement de fait se doit d’intervenir au plus tôt pour amortir le coût de
revient du consommateur final. Il doit faire appel à nos institutions
financières nationales qui regorgent de liquidités sous forme de livret A.
Par une gestion catastrophique et malsaine, nos économies ont été dilapidées
par ce régime pour assoir une légitimité non gagnées dans les urnes : assises
nationales, monologues, élections, conférences des partenaires, voyages
inutiles et j’en passe...Plusieurs milliards brûlés au feu.
Chers partenaires de la communauté internationale.
Je voudrais m’adresser à vous, qui êtes témoins de la situation proche de
l’explosion, qu’encourt mon pays. Je ne saurais vous remercier assez pour
votre accompagnement quotidien, malgré l’absence de volonté de ce régime et sa
mauvaise Gouvernance, afin que mon pays puisse sortir la tête de l’eau. Je
pense à l’Union Africaine, à l’Union Européenne, aux USA d’Amérique, à la
ligue des états Arabes et j’en passe...
Les Comores ont besoin de l’aide de tous nos partenaires internationaux afin
de l’accompagner pour se séparer de ce régime non démocratique et de ce mode
de Gouvernance malsain qui aggravent les facteurs exogènes liés à la guerre et
la crise sanitaire. La guerre en Ukraine n’explique pas toutes les crises qui
frappent l’Union des Comores. Ce régime autoritaire ne peut se dédouaner de
ses responsabilités. Il est dépassé par les évènements.
Les Comores veulent renouer avec la justice, le retour à l’ordre
constitutionnel, la paix, la sécurité, les libertés et la bonne Gouvernance
démocratique sans lesquelles il ne peut y avoir de prospérité économique ni de
salut public.
Les Comoriens veulent en finir avec les emprisonnements politiques, les
répressions contre les libertés individuelles et collectives, les meurtres
sans procès, les injustices et la terreur.
Les Comoriens en ont assez de ce régime autoritaire qui dilapide et détournent
des fonds publics, installe la corruption à ciel ouvert et creuse les
inégalités entre les citoyens.
Les Comoriens veulent un retour à l’ordre constitutionnel et le Respect des
accords de Fomboni, gages d’une alternance politique apaisée et d’une
prospérité économique et financière.
C’est ainsi que le CNT et ses alliés appellent la communauté internationale à
jouer son rôle de médiateur afin de faciliter le retour aux Comores d’un Etat
de Droit « DAULA YA HAKI » à travers un VRAI dialogue INCLUSIF qui garantit au
préalable la libération des prisonniers et le retour des exilés politiques.
Je vous en remercie.
Prononcé à Ntsudjini le 21 semptebre 2022
Le Président du CNT, Mouigni Baraka Said Soilihi
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