Pourquoi, aux Comores, l'homme n'est dit accompli ou notable, que lorsqu'il a pu dilapider le peu d.Anda : Plus inutile que nécessaire malgré le Mila
ANDA, PLUS INUTILE QUE NÉCESSAIRE MALGRÉ LE MILA
Qui ne sait pas, qui ne voit, qui ne comprend pas que l'on ne vit pas dans le
même monde qu'il y a 50 ans? Dans ce 3e millénaire, les infrastructures, les
objectifs de la vie, les projets éducatifs, les rivalités entre pays, le
concert des nations; qui ne voit pas que l'humanité est condamnée à vivre dans
un monde devenu plus que jamais particulier, dans lequel le retranchement ne
peut qu'isoler encore plus? Dans un monde globalisé, seuls les plus ambitieux
et entreprenants dominent les autres.
Qui aurait par exemple imaginer que la Chine, s'ouvrirait un jour au monde, se
passerait de la plus grande partie de ses forces traditionnelles et
culturelles en les valorisant sous d'autres formes dans le but d'orienter sa
jeunesse vers les combats actuels notamment celui de la mondialisation,
vecteur de concurrence rude à l'intérieur du pays, notamment en ce qui touche
à la recherche, le savoir-faire. ...
Des petits pays insulaires et voisins du nôtre, tels que les Seychelles,
Maurice s'en sont bien inspirés et s'en sortent largement mieux. Je me demande
pourquoi les Comores restent si écartés de cet élan mondial de progrès.
Pourquoi, aux Comores, l'homme n'est dit accompli ou notable, que lorsqu'il a
pu dilapider le peu de moyens dont il disposait, à travers des cérémonies
ostentatoires de dépenses et de fastes ? Pourquoi ne devient-on pas notable
que lorsqu'on aura contracté des dettes pharaoniques dans le seul but d'épater
les voisins ?
PLACE SOCIALE
Avant l'école du blanc, l'école coranique et l'accomplissement du grand
mariage ont été les seules véritables normes régissant les organisations de la
société comorienne, plus patiemment à Ngazidja.
Pour le privilège de porter un de ces titres sociaux, notamment porte-parole
de la localité, chef du village, hatub de la grande mosquée, occuper les
premier rangs dans les grandes cérémonies, devenir mdrumzima, wamcele,
wambwavi, mnaikofia, mfomamdji, mfwahara, mfukare yahanda, na-ibu, kadhu,
...., il fallait être accompli et faire l'école coranique tout en étudiant les
ziyo za fikih pour ceux qui étaient qui ambitionnaient de devenir hatub,
Na-ibu ....
Ce qu'il ne faut pas oublier, de nos jours, nos enfants ne concourent pas à
devenir hommes et femmes accomplis mais plutôt à exercer en tant qu'avocats,
professeurs, directeurs... Le monde a changé.
LE DROIT DE DEVENIR MDRU MDZIMA
A l'époque où le anda na mila ne souffrait pas d'indignité et de manque de
crédibilité, époque où ce phénomène de la société comorienne se forgeait de
ses propres originalité, de la tradition et représentait honorablement la
civilisation de la société comorienne, tout était bien encadré.
Qui peut croire que les civilisations, romaine, grecque, de la Mésopotamie et
les autres anciennes civilisations avaient des structures sociales comparable
aux nôtres ? Cependant, elles ont été vite révolue afin de mieux appréhender
les enjeux du monde actuel.
A Athènes la citoyenneté était considérée comme un privilège, assez
contraignant mais aussi très envié un peu comme ce statut de mdrumdzima, en
tout cas, de l'époque, dans la civilisation comorienne. Ce statut de citoyen
fut la norme dans la cité grecque d'Athènes jusqu'à la défaite des athéniens
face aux Macédoniens d'Alexandre au IVème siècle av. J.-C.
Afin d'être citoyen, il fallait déjà remplir de nombreux critères, ce qui
n'était pas donné à tout le monde puisqu'une écrasante majorité de la
population en était exclue. Entre difficulté d'accès, obligations, avantages
certains et exclusions, je vais essayer de résumer les conditions d'accès à la
citoyenneté athénienne, du temps d'Hérodote, de Périclès et de Clisthène. Ce
serait une façon de nous interroger sur l'originalité de notre civilisation et
de nous demander pourquoi la mentalité des Comoriens semblent stagner dans des
futilités qui en soi, ne correspondent pas à nos obligations d'époque
Ainsi, nous pouvons donner quelques critères essentiels qui furent retenus aux
VIème et Vème siècles av. J.-C. Pour devenir citoyen à part entière :
- Être un homme,
- Être né d'un père citoyen,
- Être de condition libre (ne pas être un esclave),
- Être né d'une naissance légitime (les bâtards ne peuvent donc pas prétendre à la citoyenneté),
- Être inscrit au démote dès 18 ans (une subdivision du dème, une division administrative de la cité),4
- Avoir suivi l'éphébie de 18 à 20 ans (formation militaire et civique),
- Être majeur (20 ans),
- Faire partie de la collectivité des citoyens, autrement dit la cité,
- Faire partie du démos qui fait partie de l'Ecclésia,
- Adhérer aux droits et devoirs du citoyen (devoir de défense, devoir de participation politique et religieuse).
Chez nous pour devenir mdru mdzima ( notable) terme nouveau, il faut :
- Être un homme
- Être l'aîné de la famille
- Être natif de la localité
- Avoir un père et un oncle accomplis
- Appartenir à un groupe de wanamdji( membre d un hirimu de la cité)
- Avoir déjà accompli omdrema wa dorosso
- Avoir accompli le ndola nku’u de la sœur ainée...
Existe t-il des véritables conservateurs du système de anda na mila ?
Ce qui est important de rappeler est le fait que de nos jours le anda na mila
est dépourvu de son âme et de ses bases, détourné vers d'autres horizons qui
poussent à dépenser follement sans aucun rendement possible. Or, il ne suffit
pas d'être ostentatoire pour devenir influent dans la société. Dans une aucune
localité de Ngazidja, le anda na mila ne se fait suivant ses préceptes
d'origine. Il ne nous reste que des mashuhuli. Nulle part, les mesures, le
respect de mila na nantsi ne sont respectées.
D'où la difficulté de parler de conservateurs si nous entendons par là, la
personne ou le groupe de personnes qui se chargent de conserver des choses
précieuses et cherchent à préserver ce qui existe sans altération. Ainsi,
faudrait-il s'interroger sur deux événements majeurs devenus les activités de
référence de notre anda contemporain. Il s'agit du madjilisi et du ukumbi.
Quels sont les places exactes de ces deux événements ? Et depuis quand
sont-ils devenus des éléments fondamentaux du anda na mila? Quel avenir nous
réserve-t-on?
M. Mmadi Hassani ABDILLAH
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