Le pouvoir chinois n'a pas apprécié un discours de l'homme d'affaires fin octobre 2020 C’est une disparition peu banale. Jack Ma...
C’est une disparition peu banale. Jack Ma, milliardaire chinois et fondateur du site Alibaba, n’a pas été vu en public depuis fin octobre, comme le relate le Financial Times.
Il venait alors de prononcer un discours fin octobre à Shanghai dans lequel il semblait accuser les régulateurs de brider l’innovation des fintech. Il se vantait également du record boursier que sa société Ant – géant du paiement en ligne – s’apprêtait à battre, après celui d’Alibaba à Wall Street en 2015 (25 milliards de dollars).
Les médias d’Etat, téléguidés par le pouvoir chinois, n’avaient pas manqué de critiquer cette déclaration. Plusieurs événements se sont ensuite enchaînés : le groupe Ant a vu son entrée en Bourse bloquée en novembre, ce qui a provoqué une chute de l’action Alibaba (cotée à Wall Street).
Fin décembre, les régulateurs boursiers chinois ont même demandé à Ant Group de modifier drastiquement son modèle économique pour se recentrer sur son activité d’origine de paiement en ligne. Selon l’agence de presse Chine nouvelle, Ant Group, filiale du géant du commerce en ligne Alibaba, s’est vue « interdire strictement toute concurrence déloyale » et est appelé à réformer ses activités financières « illégales ». Alibaba a également été visé par une enquête dans la même période.
Une reprise en main du parti
Surtout, le 3 janvier, Jack Ma était absent de l’émission qu’il avait créé, intitulée Africa’s Business Heroes. Il était remplacé par une collaboratrice. L’excuse officielle ? Un « problème de calendrier ». Mais comme le relève France 24, « le nom de Jack Ma a également été effacé du site d’Africa’s Business Heroes, et le clip promotionnel de ce programme de téléréalité ne fait plus aucune référence au fondateur d’Alibaba ».
Cette disparition – pour l’instant temporaire – ressemble clairement à une volonté du pouvoir chinois de resserrer la vis face à ceux qui se montrent trop critiques vis-à-vis du régime. Ce ne serait pas une première : en 2019, Arte avait consacré un reportage à ces riches hommes d’affaires chinois qui disparaissaient des radars d’un seul coup.
« Le Parti communiste chinois a voulu créer des riches pour développer le pays. Mais maintenant, il a peur de nous, peur du pouvoir que peut donner l’argent, alors il nous fait disparaître » témoignait à l’époque un milliardaire chinois exilé aux Etats-Unis.
20 Minutes avec AFP
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