La place de l'Hôtel de ville à Tamatave. Laetitia Bezain/RFI La justice veut entendre le doyen de la faculté de médecine de Tamatav...
La place de l'Hôtel de ville à Tamatave. Laetitia Bezain/RFI |
La justice veut entendre le doyen de la faculté de médecine de Tamatave
Le doyen de la faculté de médecine de Tamatave et actuel chef de service de médecine interne à l’hôpital de la ville en charge d’accueillir les malades du Covid-19 a été placé en garde à vue jeudi 28 mai. Il était entendu dans l’enquête du décès suspect de l’un de ses confrères atteint du coronavirus, retrouvé pendu, dimanche, dans sa chambre d’hôpital.
Toute la journée, les soignants de la ville, informés de son arrestation, ont observé un sit-in devant les locaux de la gendarmerie de la section de recherches criminelles, pour exprimer leur soutien à Stéphane Ralandison, doyen de la faculté de médecine de Tamatave et chef du service de médecine interne au CHU de Morafeno.
Relâché hier soir à 19h, le professeur est convoqué ce vendredi 29 mai à 7h au tribunal de la ville pour être entendu par le juge d’instruction. Les chefs d'inculpations n'ont pas été rendus publics.
« Je suis accusé du meurtre du médecin qui a été retrouvé pendu à l’hôpital dimanche » témoigne, hébété, à notre micro, ce professeur respecté.
L’interrogatoire a duré 3 heures. « Quelle est la cause du décès ? », « Pourquoi n’avez-vous pas effectué une constatation plus approfondie ? », « Avez-vous tué votre collègue par vengeance ? » Maître Berthieu, son avocat, raconte : « Bien sûr, mon client a tout nié en bloc. Mais on lui a aussi posé des questions sur une publication [de sa lettre ouverte] sur Linkedin, sur la répercussion de sa publication. Le fait qu’il ait émis son point de vue en tant que scientifique, moi je crains que ce soit aussi une des causes de son arrestation. »
Doutes sur la véritable raison de l'arrestation
Il y a un mois, au moment du lancement du Covid-Organics, le remède traditionnel amélioré, le professeur s’était fait remarquer sur le réseau social, en rappelant la nécessité de rester rigoureux et rationnelface aux précipitations liées au contexte de pandémie.
« En l’état actuel du dossier, il n’y a aucune charge qui pèse contre mon client. Et je me pose même la question de la raison pour laquelle on l’a arrêté aujourd'hui » conclut son avocat.
Le procureur général de Tamatave, Thierry Rajaona, a demandé à ce que lui soit transmis le dossier. Contacté dans la soirée, il précise : « Je suis en train d’étudier le dossier, mais sur les charges et décharges, je ne peux rien vous dire : c’est le secret de l’information pour le moment. Il n’y a encore un mandat de dépôt. Vous le saurez plus tard s’il y en a. Ca c’est à moi d’en décider. Et je ne peux pas vous en dire plus. »
Stéphane Ralandison sera déféré ce vendredi matin devant le tribunal de Tamatave. Dans une lettre manuscrite publiée hier soir sur les réseaux sociaux, l’homme appelle ses collègues à venir assister à l’audience, en blouse blanche.
Sarah Tétaud ©️RFI
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