Le climat socio-politique que traverse le pays depuis le mois de mars incite l’opinion publique à réagir en dénonçant la politique du che...
Le climat socio-politique que traverse le pays depuis le mois de mars incite l’opinion publique à réagir en dénonçant la politique du chef de l’Etat. L’opposition a tiré la leçon des dernières élections et préfère faire chaise vide aux législatives et communales prochaines. Dans cet entretien, Ali Mmadi donne raison a l’opposition et estime que la meilleure réponse à donner à Azali.
Alfadjr : Les comoriens sont appelés aux urnes le mois de janvier prochain pour les législatives et communales. Que pensez-vous?
Ali Mmadi: Effectivement, mais ce n'est pas une surprise au regard de tout ce qui se passe dans le pays depuis 3 ans. M. Azali et son équipe ont mis en place un plan mortifère leur permettant de prendre en otage la souveraineté du peuple et de conduire le pays à la dérive. Chaque jour qui passe on s'approche un peu.
Regardez ces soi-disant élections. Qui sont les candidats? Quels sont les partis représentés. C'est une élection au rabais, de CRC contre mouvance. Cela explique tout. J'espère que l'opposition continuera à merteler partout où elle pourra le caractère illégal de ce régime et de toutes les institutions qui en découlent jusqu'à sa fin. Nous ne pouvons pas accepter un tel recul de la démocratie dans notre pays.
L'opposition à décidé de faire la chaise vide. Comment analysez-vous cette décision?
Je trouve que c'est la bonne réponse à un pouvoir aussi démophobe et méprisant comme celui incarné par M. Azali aujourd'hui.
Le faux référendum de juillet 2018, la mascarade électorale de 2019 et l'instrumentalisation de la justice aux fins de ce gouvernement illégitime obligent l'opposition à ne plus être naïve.
Participer à cette nouvelle mascarade serait traduit comme une inconscience lamentable de l'opposition déjà peu crédible aux yeux de la population comorienne. Je l'ai déjà dit: pour une fois, l'opposition a tenu parole. J'en suis ravi.
Un des candidats malheureux aux présidentielles du 24 mars, Salim Saadi a joué contre son camp et il appelle à une opposition constructive. Comment jugez sa position?
C'est à lui de s'expliquer. Seulement je trouve cela malheureux, qu'un ex candidat qui a vécu de l'intérieur la fraude massive organisée par les mêmes qui sont là aujourd'hui puisse trouver des arguments pour pouvoir présenter une seule candidature, à savoir la sienne.
A sa place, je me poserai cette question : qu'est-ce qui a vraiment changé entre mars et octobre 2019? Que pourrai-je dire après une énième mascarade au mois de janvier? Tout cela me paraît à la fois bizarre et irresponsable.
Et pourquoi en fait, vous avez quitté le parti Al-qamar dont Salm Saadi est le président fondateur ?
J'ai pris mes distances effectivement avec ce parti juste avant les élections de 2019 après avoir constaté beaucoup d'incohérences par rapport aux valeurs et à l'engagement qui sont les miens. Je ne peux pas en dire plus. Salim Saadi est un ami, c'est quelqu'un de très sympathique, mais au niveau de la politique je ne pouvais pas continuer avec lui.
La capitale française abrite début décembre, la conférence des partenaires au développement des Comores. Croyez-vous à une réussite vu que les dernières conférences des bailleurs (Maurice et Doha), rien n'est abouti?
Monsieur Azali affiche une ambition que je ne dirai pas folle de récolter 6 milliards d'euros de cette conférence. On attend voir s'il y parviendra. Et j'espère qu'il réussira. Mais le problème de ces conférences n'est pas de réunir des partenaires et d'obtenir leurs intentions. Comme vous le dites, Maurice et Doha sont les illustrations parfaites. Aujourd'hui, on peut s'interroger légitimement sur les 200 millions de dollars de promesses de Maurice et les 540 millions de dollars de Doha.
La difficulté est de réussir à convaincre les investisseurs à concrétiser leurs promesses, et surtout notre capacité à aller chercher les fonds avec des projets concrets. Encore faut-il avoir un pays fiable et stable. Or, notre gouvernement est illégitime, notre justice est corrompue, nous ne respectons pas la démocratie, et le monde entier est au courant de tout.
Vous l'avez constaté : à chacune de ses sorties à l'extérieur, M. Azali est interpellé par les journalistes étrangers. Et on sent qu'il est agacé qu'on lui rappelle les prisonniers politiques, la fraude électorale et le non respect des droits des l'homme. On ne peut pas mobiliser des investissements étrangers si on traine derrière soi des boulets aussi importants.
Comptez-vous manifester les jours de la conférence ?
Personnellement, je ne serai pas à Paris ce jour-là, mais j'encourage qu'il y ait une manifestation pas loin du lieu de la conférence pour montrer le contraste saisissant entre le faux discours de M. Azali et la réalité du pays.
Al-Fajr Quotidien
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