La nouvelle ville de Tanamasoandro est prévue en périphérie de la capitale malgache Antananarivo. © REUTERS/Thomas Mukoya Une partie de...
La nouvelle ville de Tanamasoandro est prévue en périphérie de la capitale malgache Antananarivo. © REUTERS/Thomas Mukoya |
Une partie de la population des communes concernées refuse de céder ses terres pour la construction d'une nouvelle ville en périphérie de Antananarivo. Promesse de campagne du président Andry Rajoelina, elle doit servir à désengorger la capitale, qui fait face à une pression démographique de plus en plus grande.
Tanamasoandro ou « ville soleil » est le nom donné à cette nouvelle agglomération qui sera construite sur une surface de 1 000 hectares au nord de la capitale. Si les travaux n’ont pas encore commencé, le projet suscite déjà des contestations.
« Nous ne sommes pas contre cette ville mais contre son emplacement. Toutes les rizières de notre village sont touchées. Même si l’Etat nous donne de l’argent nous ne serons pas d’accord. C’est avec les rizières que nous vivons alors comment allons-nous faire sans elles ? », proteste Eric Randrianaivo, l’un des porte-paroles des habitants mécontents et propriétaire de 5 hectares de terre à Ambohitrimanjaka, l’une des communes touchées.
Emplacement stratégique
Pour la première étape de ce projet, une centaine d’hectares de rizières doit être remblayée. Impensable pour Madame Lala, une habitante « Ce sont elles qui nous nourrissent depuis toujours. Ce sont les terres de nos ancêtres. C’est tout ce que l’on a. Nous ne voulons pas que l’on y touche », s’indigne-t-elle.
Cet emplacement est stratégique pour Gérard Andriamanohisoa, conseiller spécial du président, en charge de ce projet. « Nous construisons cette ville sur la rive gauche du fleuve Ikopa pour éviter les inondations sur la rive droite », explique-t-il. « Nous savons qu’il y a un coût social mais l’Etat ne dispose même pas d’un mètre carré de foncier donc nous sommes obligés d’aller vers les propriétés privées. Avec ou sans ce projet, ces rizières vont de toute façon disparaître avec la forte croissance démographique », précise-il. Cette nouvelle ville doit accueillir 300 000 personnes.
Les arguments de l'Etat
Le ministère de l’Aménagement du territoire indique s’être rendu deux fois sur le terrain pour expliquer à la population les impacts positifs. « 100 000 emplois attendent les gens qui veulent travailler sur le chantier », détaille Liva Raharison, le directeur de cabinet du ministère. Des négociations à l’amiable avec certains paysans pour les expropriations et le rachat de leurs terres ont déjà débuté.
« De nombreux propriétaires ont accepté de s’arranger avec l’Etat pour céder leurs rizières. Une fois l’acte de vente signé ils sont tout de suite indemnisés. S’ils ne veulent pas être indemnisés avec de l’argent mais veulent avoir d’autres rizières parce qu’ils veulent continuer à cultiver, l’Etat se prépare déjà dans ce sens, en leur offrant des rizières dans d’autres endroits, à proximité d’Antananarivo », continue le directeur de cabinet.
Des arguments qui ne semblent pas convaincre toute la population concernée par la construction de cette nouvelle ville. Un projet qui les déracinerait de leurs origines. Ces derniers ont saisi la Commission nationale indépendante des droits de l’homme « pour connaître nos droits et faire valoir nos arguments », indique Eric Randrianaivo qui précise qu’une manifestation des habitants est prévue samedi à Ambohitrimanjaka. Par RFI
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