Quelques mois après leur accession à la D3 et leur victoire en Coupe Saboureau, les Comoriens de Bressuire affrontent ce dimanche 13 octo...
Quelques mois après leur accession à la D3 et leur victoire en Coupe Saboureau, les Comoriens de Bressuire affrontent ce dimanche 13 octobre Feytiat (R1), dans le cadre du 5e tour de la Coupe de France. Le Petit Poucet de la compétition peut continuer de rêver.
Bressuire, stade de Valette, jeudi 10 octobre, 18 h 15. L’entraînement du FC Comores est programmé à 19 heures. Il y a là Mmadi Assadi, l’entraîneur qui a fait ses premières armes en Egypte, Ibrahim Fahardine, alias Bastos, la star locale, passée par le centre de formation de Monaco, Moussa Sagaf, l’excellent gardien qui a rejoint le groupe l’été dernier et, bien sûr, Ahmed Rachidi. « Les joueurs sont un peu en avance, c’est bien, sourit le président du club. Ils ont intérêt car pour ceux qui n’arrivent pas à l’heure, c’est une amende de 3 € ! »
Cette joyeuse bande, détendue et joviale, est quelque peu singulière. Ce qui transpire d’emblée, ce sont les sourires, les accolades, le bonheur tout simple de se retrouver ensemble. Originaire de l’Océan indien, la communauté comorienne a rejoint le Bocage il y a cinq ans et a vite trouvé ses marques à Bressuire. « Tout le monde ou presque travaille », dit fièrement le président. « On passe beaucoup de temps ensemble, sur et en dehors du terrain. On organise des barbecues, on joue souvent à la pétanque, c’est une grande famille. Il n’y a pas si longtemps, on était tous invités au mariage du coach. Et on s’assure que les jeunes, plutôt que de traîner dans la rue à faire n’importe quoi, viennent jouer au foot avec nous. »
Respect, fair-play et humilité
Le président du FC Comores a impulsé le mouvement en 2014. « En discutant avec un ami, j’ai eu l’idée d’organiser un petit match entre gens de la communauté comorienne. On était 15-16 personnes à adhérer. Les comoriens de Mayotte avaient créé un club un peu plus tôt, pourquoi pas nous ? J’ai acheté un ballon à 7 € et c’était parti. » Un match amical est organisé au printemps, face à une équipe de Comoriens de Pontivy : « On a gagné 7-0 ». Le FC Comores est né, et accédera dès sa première saison en D4. Le voilà aujourd’hui en D3, après un exercice 2018-2019 où il est resté invaincu et a remporté la coupe Saboureau. « Un super souvenir, une joie incroyable », se remémore Ahmed Rachidi. « Ça nous a permis d’acquérir une certaine reconnaissance du milieu. Les gens se sont dit : « C’est du sérieux là-bas ». D’ailleurs, juste après, plusieurs joueurs sont venus nous rejoindre, dont deux Guinéens et un Mahorais. »
L’histoire du FC Comores relève du miracle permanent. Car le club ne reçoit aucune aide financière. Ni de la municipalité bressuiraise, ni de partenaires éventuels. Entre les licences, les droits à payer à la Ligue et au District, les ballons, les survêtements et divers autres équipements, la facture est salée. « La saison dernière nous a coûté 9 600 €, qu’on a sortis de notre poche », souffle Ahmed Rachidi. « On manque de moyens, c’est dur. Grâce à notre participation au quatrième tour de la Coupe de France, on a reçu un jeu de maillots complet, ce qui n’est pas rien. On tient à être présentables. » Et que dire du stade de Valette, sur lequel s’entraînent et jouent les Comoriens (tout comme les Mahorais de Bressuire). Rien à voir avec une pelouse anglaise…
Mais il en faut plus pour démobiliser la bande à Ahmed Rachidi. « On souhaite continuer à gravir les échelons. L’objectif, à moyen terme, est de rejoindre la R3, puis la R2, pour être définitivement attractif. Cette saison, on souhaite accéder à la D2 et gagner la Coupe des Deux-Sèvres. » Rien de moins !
En attendant, c’est vers la Coupe de France que tous les regards sont tournés ce dimanche. En lice depuis la fin août, les Comoriens ont franchi les obstacles un à un sans sourciller. Et ce n’est pas Feytiat, lanterne rouge de la poule B de Régional 1 (trois défaites), qui va commencer à les faire trembler. « C’est un adversaire qui a beaucoup d’expérience, mais nos joueurs ont bien travaillé et peuvent y croire. Après, même si on perd, l’essentiel est de donner une bonne image du club. » Au passage, le président se fait l’ambassadeur des valeurs du peuple comorien. « Respect, fair-play et humilité, c’est ce à quoi nous tenons plus que tout au monde. »
L’histoire est belle, on espère qu’elle ne connaîtra pas son épilogue cet après-midi. Ce dimanche à 15 heures, les Comoriens de Bressuire auront l’honneur de fouler la pelouse impeccable du stade Métayer. « C’est une chance pour nos garçons qui jouent très bien au football », lance Ahmed Rachidi. Les Feytiacois sont prévenus. L’épopée comorienne n’en est peut-être qu’à ses débuts…
Par Denis JUMEAU @Courrier de l’Ouest
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