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REVELATIONS - Ces documents contredisent la version des autorités françaises d’une situation «sous contrôle» et d’une utilisation uniquement «défensive» de l’armement français au Yémen
« Je n’ai pas connaissance du fait que des armes françaises soient utilisées directement au Yémen », affirmait Florence Parly, la ministre des Armées, le 20 janvier dernier sur France Inter. Pourtant, selon un rapport classé « confidentiel Défense » de la Direction du renseignement militaire (DRM), daté du 25 septembre 2018, des armes de fabrication françaises ont bien été utilisées au Yémen dans des zones où résident des civils, révèle le média Disclose, qui a mené l’enquête avec cinq autres médias (Mediapart, Konbini, Radio France, Arte et The Intercept), ce lundi.
Ces documents, intitulés « Yémen – situation sécuritaire », transmis à Emmanuel Macron, à Florence Parly, la ministre des Armées, à Edouard Philippe, le Premier ministre et à Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, montrent que les armes françaises, vendues à l’Arabie saoudite et aux Émirats Arabes, ont été utilisées contre les rebelles Houthis au Yémen. Ces documents contredisent la version des autorités françaises d’une situation « sous contrôle » et d’une utilisation uniquement « défensive » de l’armement français au Yémen.
La version officielle française contredite
Les documents, comprenant cartes et tableaux, précisent que 48 canons Caesar (Nexter) sont « présents côté saoudien à la frontière saoudo-yéménite ». Fabriqué à Roanne (Loire) par l’entreprise Nexter, qui appartient à l’Etat, le canon Caesar peut tirer six obus par minute, dans un rayon de 42 kilomètres. « Entre mars 2016 et décembre 2018, 35 civils sont morts au cours de 52 bombardements localisés dans le champ d’action de ces canons », détaille Disclose, qui s’appuie sur les données de l’ONG Acled (Armed Conflict Location and Event Data Project), qui recense les morts civiles par tirs d’artillerie.
Des chars Leclerc, dotés de munitions françaises, ont été « observés au Yémen et déployés en position défensive » sur plusieurs bases, dont Aden, dans le sud du Yémen. « En novembre 2018, les chars français sont au cœur de la bataille d’Al-Hodeïda. Elle a fait 55 victimes civiles, selon l’Acled », ajoute Disclose.
Des contrats signés avec l’Arabie saoudite jusqu’en 2023
Selon ces documents, des dispositifs de ciblage fabriqués par Thales, les pods Damocles, équipent les forces aériennes saoudiennes et « pourraient être employés au Yémen ». Des avions de chasse Mirage 2000-9 « opèrent » au Yémen. Côté mer, une frégate de fabrication française « participe au blocus naval » et une corvette lance-missiles « participe au blocus naval et à l’appui des opérations terrestres menées sur le sol yéménite », peut-on lire dans un tableau récapitulatif du renseignement militaire.
Selon Disclose, les exportations d’armes françaises en Arabie saoudite continuent. Le média d’investigations a publié des documents liés à un nouveau contrat, signé en décembre dernier avec l’Arabie saoudite, courant jusqu’en 2023. Ce contrat prévoit notamment la livraison de véhicules blindés et canons à l’Arabie saoudite entre 2019 et 2024. Depuis l’intervention de la coalition, menée par l’Arabie saoudite, en 2015 contre les rebelles chiites Houthis, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées dans le conflit.
Manon Aublanc ©20minutes.fr
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