Le transfert du chef-lieu des Comores de Mayotte à la Grande-Comore
Le transfert du chef-lieu des Comores de Mayotte à la Grande-Comore
Au milieu du XIXe siècle, Mayotte était une île sucrière. Différentes firmes employaient Européens et indigènes, l'île était économiquement prospère.
Au milieu du XIXe siècle, Mayotte était une île sucrière. Différentes firmes employaient Européens et indigènes, l'île était économiquement prospère.
Aussi, Mayotte, première île des Comores à avoir embrassé le destin français, a joué un rôle central dans l'annexion définitive de l'ensemble de l’archipel par la France. Ainsi, tout naturellement, les Français choisirent Dzaoudzi comme centre administratif.
Aux origines du transfert
Progressivement, la nouvelle organisation politique présente ses limites. Mayotte perd peu à peu de son influence politique et son statut d'île centrale ou de chef-lieu est de plus en plus mis à mal.
De plus, Mayotte est une île particulièrement exiguë. Elle n'a jamais vraiment réussi à offrir la place nécessaire à un véritable chef-lieu. Le transfert du chef-lieu dans l'une des autres îles des Comores était inéluctable. La construction d'une nouvelle cité administrative a même été envisagée au XIXe siècle. Certains bâtiments avaient même été construits. Mais le projet fut rapidement abandonné.
Anjouan, le choix idéal ?
L'idée de transférer le centre administratif de Mayotte à Anjouan a été évoquée. Anjouan présente des atouts non négligeables. D'abord, Anjouan est une île plus vaste que Mayotte. C'est aussi une île qui dispose de nombreuses sources d'eau douce, ce qui favorise les cultures et l'activité économique. Peu à peu, la dynamique économique de l'île d'Anjouan surpasse celle de Mayotte. Plus que jamais, le choix de cette île comme centre administratif semble s'imposer.
A Dzaoudzi, les fonctionnaires européens veulent transférer le chef-lieu des Comores à la plaine de Patsy à Anjouan. Mais la Société Coloniale de Bambao, propriétaire du domaine, était hostile au projet sans doute pour des raisons économiques.
En 1950, un violent cyclone a frappé l'île d'Anjouan. L'économie de l'île, jusque-là particulièrement prospère, a été anéantie. Le FIDES (Fonds d'Investissement pour le Développement Économique et Social) avait débloqué des fonds pour venir en aide aux sinistrés. Mais, plusieurs colons parmi ceux qui avaient reçu ce crédit pour reconstruire l'île ont choisi de s'installer à Moroni, peut-être par peur d'être frappés par un autre sinistre. Ce fut le cas par exemple de la société commerciale d'AJAHO.
L’entêtement de Saïd Mohamed Cheikh et le choix de Moroni
Moroni, dépourvue d'eau courante et située presque au pied d'un volcan en activité n'était pas le choix idéal. Mais le choix de Moroni comme centre administratif doit beaucoup à l'insistance de Saïd Mohamed Cheikh. Le 14 mai 1958, sous l'influence de ce dernier, l'Assemblée territoriale a voté le transfert de la capitale à Moroni. En 1960, le transfert est amorcé.
Mais les effets de ce transfert ne commencent à se ressentir qu'à partir de 1966 lors du déménagement de la direction des Finances. Ce déménagement signifie surtout que Mayotte a perdu aussi de nombreux petits emplois annexes (chauffeurs, gardiens...) Entre 1950 et 1960, presque toutes les directions stratégiques ont été transférées à Moroni. La chambre de commerce avait été transférée de Dzaoudzi à Moroni en 1951 et le siège du Conseil de gouvernement installé à Moroni en 1957. Ainsi, le transfert du chef-lieu des Comores s'est fait progressivement, même avant le vote de 1958.
Le transfert du chef-lieu, point de départ du mécontentement mahorais?
En 1966, deux des principaux leaders du Mouvement Populaire Mahorais, Zena Mdere et Marcel Henry s'installèrent à Mayotte. Ils contestent le transfert du chef-lieu à Moroni et mènent une campagne pour que Mayotte soit reconnue comme une entité à part entière.
Leur mouvement trouve un certain écho puisque le 2 août 1966, Saïd Mohamed Cheikh a été très mal accueilli à Dzaoudzi. Dès lors, l'île de Mayotte n'a jamais cessé de s'éloigner de ses autres îles sœurs jusqu'au choix fatidique d'opter pour le maintien de la France lorsque, en 1975, les autres îles des Comores devenaient indépendantes.
Omar MIRALI ©Quotidien Masiwa - titre: Le transfert du chef-lieu des Comores de Mayotte à la Grande-Comore
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