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Avant la double confrontation avec le Maroc dans le cadre des éliminatoires de la CAN 2019, Fouad Bachirou a pris le temps de se confier à Football365. Le milieu de terrain de Malmö dresse un état des lieux du football aux Comores.
Fouad, les Comores se préparent à une double confrontation avec le Maroc, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Personnellement, je suis impatient. Quand on est joueur, on a envie de participer à ce genre de match. Le Maroc est une belle équipe, qui joue bien et qui reste sur une participation à la Coupe du Monde. En plus, j’ai pas mal d’amis marocains, ce qui rend cette rencontre vraiment spéciale. J’ai hâte d’y être.
Vous restez sur un nul contre le Cameroun (1-1), est-ce que ce résultat permet d’aborder la suite de ces éliminatoires avec confiance ?
Oui. C’était une super rencontre et on était à deux doigts de l’emporter. Plus que le résultat, c’est le contenu qui est source de confiance. Le Cameroun il y a un mois, le Maroc maintenant : on apprend, on grandit et on progresse énormément en jouant contre ce genre d’équipe.
Est-ce qu’il s’agit d’un résultat historique dans le football comorien ?
Même s’il manque la victoire, ce match fait date. C’est historique pour nous. Tenir tête au champion d’Afrique en titre avec tous les joueurs de top-niveau qu’ils ont… C’est un des meilleurs résultats de notre histoire avec le nul contre le Ghana, il y a quelques années. Mais contrairement à 2015, le contenu a été beaucoup plus intéressant. Il y a quelques années, on était tous derrière pour jouer le nul alors que là on aurait pu prétendre à la victoire. C’est le symbole des progrès réalisés par ce groupe.
Quand une nation comme les Comores se retrouve dans le même groupe que le Cameroun et le Maroc, quels sont ses objectifs ?
C’est une groupe difficile, forcément. On prend les matchs comme ils viennent et on gratte tout ce que l’on peut gratter. Chaque match est un bonheur et un moyen d’apprendre. C’est nouveau pour la sélection comorienne car on a passé de longues années sans jouer ou à se contenter de rencontres amicales. Disputer les qualifications d’une grande compétition, c’est déjà incroyable pour nous. C’est un excellent moyen de faire connaître notre pays dans le monde du football.
Il y a de plus en plus de joueurs comoriens au plus haut niveau. Cela semble prometteur pour l’avenir…
Oui. On a un groupe jeune avec des bons joueurs qui évoluent en L1, L2, … Nos plus jeunes éléments sortent des centres de formation des grands clubs et ils poussent derrière. C’est prometteur. La priorité est d’avoir les fondations bien structurées pour permettre à tout le monde d’avancer sereinement.
Vous considérez-vous comme un cadre dans cette sélection ?
Oui. Je suis là depuis 2014 donc j’ai forcément cette expérience. 2014, ce n’est que quatre ans, mais c’est immense pour nous. Pendant longtemps il n’y a pas eu de matchs internationaux pour les Comores, alors avoir une telle continuité au plus haut niveau est quelque chose d’immense pour nous. Je sais que quand je suis appelé, je dois prendre mes responsabilités.
« APPORTER DE LA JOIE DE VIVRE AUX COMORIENS »
Quel regard portez-vous sur ces quatre années en sélection ?
On a fait beaucoup de progrès sur le terrain et en dehors du terrain. On prend confiance et on propose un jeu qui est moins frileux que par le passé. L’état d’esprit n’est plus le même, maintenant, quand on se présente à un match, c’est pour le gagner. Au niveau de la structure, c’était difficile au début. Les billets d’avion n’étaient pas toujours remboursés, le staff n’était pas payé… Ce n’est pas encore le top, mais c’est déjà mieux. On a aussi du matériel maintenant, chose très rare par le passé. La Fédération a plus de fonds, notamment grâce aux aides de la FIFA et c’est positif. On a les bases pour travailler, et quand on peut en profiter, cela se traduit par des résultats comme le nul contre le Cameroun.
Que manque-t-il aux Comores pour franchir un cap ?
L’habitude… La qualité est là maintenant il faut de la répétition. On doit avoir l’expérience du haut niveau. Le groupe est encore jeune mais ça va venir. Depuis qu’on a la chance d’enchaîner, on progresse beaucoup, notamment en termes de tactique et d’automatismes. Si la Fédération, le gouvernement et la FIFA continuent de nous aider, surtout financièrement, cela va venir. C’est dur, ça va prendre encore quelques années, mais il y a quelque chose à faire.
On parle beaucoup de la sélection, mais comment se porte le football comorien à l’échelle locale ? Les bons résultats actuels ont-ils une influence ?
Cela commence à venir. Lors du dernier regroupement, il y avait quelques joueurs locaux de qualité. L’intérêt pour le foot grandit chez les jeunes, il y a alors plus de pratiquer et tout le système est tiré vers le haut. Les jeunes se rendent aussi compte que le football est un moyen de s’en sortir parce que la vie aux Comores est difficile.
Est-ce que ce rôle d’exemple pour les Comoriens est un moteur ?
Notre priorité en rejoignant la sélection, c’est de porter fièrement les couleurs de notre pays. Donner de l’espoir. Montrer au monde entier que les Comores existent et notamment dans le football. Si tu es ambitieux, tu as les moyens de t’en sortir. Nous sommes des porte-paroles. Quand on joue à domicile, le plus important pour nous, c’est de parler et d’apporter de la joie de vivre aux Comoriens. Cela nous fait tellement plaisir de voir ces sourires et cet engouement lors de nos rassemblements. On essaye d’aider les gens à oublier leurs problèmes grâce au foot.
Par NICOLAS KOHLHUBER ©[EXCLU365]
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