Joint au téléphone par l'AFP quelques heures avant sa détention, le gouverneur a nié avoir "un quelconque lien avec les rebelles...
Joint au téléphone par l'AFP quelques heures avant sa détention, le gouverneur a nié avoir "un quelconque lien avec les rebelles. Je ne les ai jamais connus, je n'ai jamais armé ces gens-là. C'est un montage".
"Je défie quiconque d'apporter la preuve de mon implication dans cette rébellion. Nous avions organisé une manifestation pacifique, et des éléments armés s'y sont infiltrés", assure-t-il, précisant qu'il s'est ensuite caché "pour ne pas prendre une balle perdue".
Membre du parti Juwa de l'ex-président Ahmed Abdallah Sambi, actuellement incarcéré pour corruption et détournement de biens publics, Abdou Salami s'était farouchement opposé au référendum constitutionnel du 30 juillet du président Azali Assoumani, le jugeant illégal et anticonstitutionnel.
L'armé poursuivait dimanche son opération de ratissage pour s'assurer que la vieille ville était suffisamment sécurisée, procédant à la fouille de certains domiciles. La population a été priée de rester à la maison.
Place Moroni, dans le centre historique, les militaires déconseillaient, "pour des raisons de sécurité", de trop s'aventurer à l'intérieur de la médina. "On ne sait jamais, tant qu'on ne sera pas sûr à 100 % qu'il n'y a pas un risque des rebelles", expliquaient un gradé.
Les véhicules restaient rares et seules de frêles silhouettes traversaient les rues. Boulevard Mohamed Ahmed, dans la vieille ville qui a souffert de coupures de courant et d'eau lors des affrontements, des visages apparaissaient aux balcons pour demander aux rares passants "quelques nouvelles de la situation".
Propriétaire d'une supérette, Mohamed Adinane est venu vérifier l'état de son magasin. "J'ai trouvé des produits périmés à cause de la coupure d'électricité", dit-il, estimant à "plusieurs millions" le manque à gagner des derniers jours.
L'intervention de l'armée pour reprendre le contrôle du centre de Mutsamudu n'a pas provoqué de liesse particulière et n'a pas rassuré tout le monde dans cette ville où l'opposition au président de l'archipel, M. Assoumani, un ancien militaire putschiste, est majoritaire.
"Roulé dans la farine"
"Où sont les rebelles, où sont les armes ? Comment ces enfants ont-ils pu aussi facilement s'évaporer dans la nature avec armes et bagages, alors que la médina était complétement fermée" par le siège de l'armée, se demande un sexagénaire sur le pas de sa porte.
"Le gouvernement a été roulé dans la farine", conclut-il.
Des photos de présumés rebelles sont entre les mains de l'armée. D'autres, montrant des canettes vides dans une mosquée, accréditent l'hypothèse d'une présence dans l'édifice religieux.
Les rebelles ont apparemment réussi à fuir pendant les négociations entamées vendredi entre des médiateurs locaux et un représentant du gouvernement de Moroni.
Les troubles avaient commencé lundi après une manifestation d'opposants qui avaient érigé des barricades démantelées ensuite par les forces de l'ordre.
Les autorités accusent le parti Juwa, de l'opposant et ancien président de l'archipel Abdallah Sambi, originaire d'Anjouan, d'être à l'origine des violences.
(AFP) - © 2018 AFP
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