Société. Depuis mardi soir, Moussa Bacar, un ressortissant comorien, et sa fille de 8 ans ont à nouveau un toit au-dessus de la tête. Ren...
Société. Depuis mardi soir, Moussa Bacar, un ressortissant comorien, et sa fille de 8 ans ont à nouveau un toit au-dessus de la tête. Rencontre.
Il aura fallu quatre jours pour que Moussa Bacar et sa petite fille Mounaika, âgée de 8 ans, trouvent une solution d’hébergement, par le 115, à Évreux. Mardi soir, ils avaient à nouveau un toit après avoir passé deux nuits dans un lieu de culte musulman, à La Madeleine et deux autres chez une compatriote comorienne, à Nétreville. Vendredi, ce père de famille originaire des Comores a été informé par la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) qu’il devait quitter le dispositif d’accueil d’urgence au prétexte qu’il était domicilié en région parisienne.
Tumeur au cerveau
Hébergé dans un premier temps par l’hôpital Necker, puis par un compatriote parisien, Moussa Bacar est finalement arrivé à Évreux où une autre compatriote a accepté de l’abriter pendant quelque temps...
« Je suis arrivé en France métropolitaine en décembre 2017 parce que l’hôpital de La Réunion, où ma fille a été opérée une première fois, ne pouvait pas prendre en charge sa maladie. On nous a dit d’aller à Paris. Ma femme et mes trois autres filles sont restées à Mayotte », raconte Moussa Bacar, 39 ans. La fillette est atteinte d’une tumeur au cerveau pour laquelle elle a subi deux interventions chirurgicales à l’hôpital Necker. « La tumeur a réduit [next] de 40 %, souffle le papa. Mais Mounaika a encore deux ans de traitement et doit aller à l’hôpital tous les mois. »
Au vu du contexte, Moussa Bacar dispose d’une autorisation provisoire de séjour valide jusqu’en décembre. Sa fille, scolarisée à l’école Maxime-Marchand à La Madeleine, bénéficie même d’une reconnaissance « enfant handicapé » par la Maison départementale de personnes handicapées (MDPH). Aussi n’a-t-il pas compris quand la DDCS lui a demandé de vider les lieux jeudi dernier. « Je ne savais pas où aller. J’ai demandé si ma fille pouvait rester car elle doit rester sous assistance respiratoire la nuit. Depuis son opération à La Réunion, elle respire mal », raconte le Comorien.
Moussa Bacar a trouvé du soutien auprès du collectif Réseau éducation sans frontières (RESF) qui a saisi le procureur de la République. Moussa Bacar a finalement appris lundi qu’il pouvait à nouveau bénéficier d’un hébergement d’urgence. Il espère pouvoir rester en France. « J’ai besoin de rester car aux Comores, il n’y a pas d’hôpital. Je ne sais pas comment la maladie de Mounaika va évoluer. Et je souhaite aussi que ma fille ait une scolarité régulière. » La fillette fera sa rentrée à La Madeleine, en CE1, dans quelques jours.
Admission exceptionnelle
Dans un communiqué adressé à la presse mardi en fin de journée, la préfecture de l’Eure justifie sa décision.
« Le 18 juin, M. Bacar a obtenu un renouvellement de son autorisation provisoire de séjour auprès des services de la préfecture des Hauts-de-Seine, en indiquant toujours résider dans ce même département chez un tiers, alors que son hébergement et celui de sa fille ont été pris en charge par le centre Ysos d’Évreux depuis le 5 février. Le 20 août, suite à un appel de M. Bacar et à des précisions sur son lieu de domiciliation, il est décidé de réadmettre la famille au centre du 115. Enfin, une décision a été prise par le préfet, au regard de la situation particulière de M. Bacar qui s’occupe de sa fille gravement malade, de procéder à une admission exceptionnelle de séjour, permettant ainsi de garantir la continuité des soins et de la scolarité de la jeune fille. »
Cela ne dispensera le papa de renouveler son autorisation provisoire de séjour enfin d’année.
Catherine ROL ©Paris Normandie