Aujourd'hui est un autre jour Le référendum de révision constitutionnelle s’est tenu, lundi 30 juillet comme prévu en présence de...
Aujourd'hui est un autre jour
Le référendum de révision constitutionnelle s’est tenu, lundi 30 juillet comme prévu en présence de plusieurs observateurs internationaux. Il y a vingt-neuf ans, un vieux de la vieille, un collègue et ami avait écrit en des circonstances similaires : « les oiseaux de mauvais augure avaient prédit l’orage mais il n’en fut rien ». Le papier finira dans la corbeille, l’auteur l'ayant retiré, lui-même. C’est ce qui s’est passé pour ce dernier référendum.
Les oiseaux de mauvais augure ont repris la même rengaine mais il n’en fut rien. Il n’en serait surtout rien s’ils n’avaient pas, de leurs becs crochus, fait ce qu’ils ont fait, la barbarie. Cagoulés, des barbares ont blessé atrocement un gendarme, lui coupant la main avant de prendre la fuite. La violence annoncée par l’opposition a failli avoir lieu mais les exécutants n’ont pas pu aller au bout du plan qui leur a été ou qu’ils se sont tracé.
L’exercice de la démocratie s’est effectué
Les Comoriens qui le désiraient, se sont rendus aux urnes, ce 30 juillet. Ils ont voté « OUI » ou « NON » ou « NULS ». En toute liberté et sans contrainte. L’exercice de la démocratie s’est effectué. Exactement comme ailleurs et ici, plusieurs fois.
Ceux qui avaient annoncé le chaos se réveillent avec la gueule de bois ce mardi. L’acte barbare de la veille les a-t-il sonnés ou réjouis ou à cause de l'échec essuyé à ne pouvoir empêcher « par tous les moyens » la tenue du scrutin. Parcourant Facebook, j’ai relevé des petits « bien fait pour lui (le gendarme »). A ces satisfaits, je dirais que dieu les a à l’œil. Mais pas que lui. Le peuple comorien, lui aussi, les voit et les regarde. Les chantres de la démocratie, de la liberté et des droits semblent paradoxalement atones et aphones. Quelques condamnations hypocrites du bout des lèvres de l’acte barbare qui a laissé la main sectionnée d’un gendarme. Des condamnations aux couleurs et aux relents de larmes de crocodile.
Quand les forces de l’ordre dispersent une manifestation non autorisée dans la rue, la toile s’enflamme, les facebookers comoriens ne manquent pas de mots assez encenseurs pour chanter la liberté, la démocratie, dissimulant leurs droits de COUPER LA MAIN à ceux qu’ils abhorrent insidieusement. Ceux qui, à longueur de posts, font la leçon des droits et des libertés à tout le monde, font profil bas, ce matin. Quand ils l’ouvrent, c’est pour faire diversion après avoir versé des petites larmes de crocodile.
La main venue lui couper la sienne
Quand on attente à la vie d’un homme (attaque à la Kalach de la voiture du VP Moustadroine, nuitamment à Anjouan), certains ont apaisé leur conscience sur « un coup monté ». Pourquoi pas par Moustadroine, lui-même, contre sa propre personne ? Et pourquoi ce gendarme n'aurait pas armé la main venue lui couper la sienne s'il ne l'a fait lui [next] même ? je pose la question comme ça car les démocrates comoriens sur Facebook ont l'imagination très fertile.
Quand, en plein jour, des hommes pénètrent dans un bureau de vote et coupent la main à un membre des forces de l’ordre et prennent la fuite, cela doit interpeller certains qui n'oublient pas les machettes, les gourdins et les haches d’un certain dimanche qui ne ressemblera jamais à un autre.
Ce jour-là, la réaction irresponsable de Belou a été épinglée mais personne parmi ses inquisiteurs n’a voulu analyser les causes tout aussi irresponsables ayant suscité une réaction si malheureuse et si lamentable. Ce jour-là, à cause de ces actes-là, quelque chose d’intime est rompu. Cela, les aigris, les assoiffés de pouvoir tapis dans les rangs de l’opposition faisant feu de tout bois, ne le voient pas. Ils attendent seulement que le fruit tombe pour le ramasser. Patience ! Patience ! Il tardera à tomber. Et lorsqu’il le sera, ce ne sera pas pour eux. Le peuple a compris.
Le référendum a eu lieu hier. Aujourd’hui, c’est un autre jour. Et l’histoire continue.
En attendant, que personne n’oublie : des centaines de milliards de nos francs dus au programme de citoyenneté économique sont entre les mains de certains des nôtres. Le peuple ne s’accordera de repos que lorsqu’il les aura recouvrés. C’est cette manne venue des déserts d'Arabie et des monarchies du Golfe qui est à la base de tout et la source de nos malheurs.
Par Mohamed Hassani
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