Photo d'archves: Sambi et Azali à Missiri Les 300 000 Comoriens inscrits sont appelés aux urnes lors du référendum constitutionnel ...
Photo d'archves: Sambi et Azali à Missiri |
Les 300 000 Comoriens inscrits sont appelés aux urnes lors du référendum constitutionnel porté par le chef d’État Azali Assoumani.
Ce projet vise à cultiver une identité nationale fondée sur l’islam sunnite au détriment de la minorité chiite. Une façon aussi de contrer l’influence de l’Iran sur l’archipel.
Les Comoriens ont commencé à voter, lundi 30 juillet, lors d’un référendum constitutionnel. Parmi les points importants de ce projet, un article stipulant que l’État puise dans l’islam sunnite les principes et les règles qui régissent le culte et la vie sociale. Un nouveau revers pour les musulmans chiites vivant sur cet archipel de près d’un million d’habitants.
Les Comoriens ont commencé à voter, lundi 30 juillet, lors d’un référendum constitutionnel. Parmi les points importants de ce projet, un article stipulant que l’État puise dans l’islam sunnite les principes et les règles qui régissent le culte et la vie sociale. Un nouveau revers pour les musulmans chiites vivant sur cet archipel de près d’un million d’habitants.
Dans ce pays à 99 % sunnite, les rivalités entre sunnites et chiites existent depuis toujours. « Historiquement, les chiites des Comores étaient tous d’origine indienne et détenaient une bonne part du commerce », explique Michel Boivin, historien et islamologue, avant de continuer : « Il y a toujours eu une animosité entre les Comoriens africains et les groupes chiites d’origine indienne. »
« Le religieux est entremêlé avec la politique »
Réélu en 2016, le président Azali Assoumani serre la vis à l’encontre des Comoriens chiites. En octobre 2016, une note ministérielle avait été rédigée pour interdire dans les lieux publics ou privés les rites musulmans non sunnites. Seuls les Comoriens chiites étaient visés par cette note. Le 17 juillet 2018, Azali Assoumani n’a pas hésité à déclarer qu’il voudrait les voir « tous expulsés ».
Mais pourquoi un tel durcissement ? D’après Michel Boivin, « le religieux est entremêlé avec la politique ». Les Comores sont le terrain d’une lutte d’influence entre l’Iran chiite et l’Arabie saoudite à majorité sunnite. Pour ces deux rivaux, prendre pied aux Comores est un premier pas vers l’Afrique orientale. Si l’Arabie saoudite reste l’un des principaux [next] bailleurs de fonds de l’archipel, l’Iran a gagné du terrain lorsque l’ex président comorien Ahmed Abdallah Sambi (2006-2011) était au pouvoir.
Les conversions au chiisme augmentent dans les Comores
D’obédience sunnite, Azali Assoumani est au contraire très lié à la monarchie wahhabite. Il a d’ailleurs clairement pris position contre le Qatar et l’Iran à majorité chiite. Ainsi, le président comorien espère endiguer l’influence de Téhéran qui a gagné du terrain dans l’archipel des Comores.
Ces dernières années, les conversions au chiisme auraient augmenté. « Les Comoriens africains seraient soumis à des actions de prosélytisme qui répondrait à une politique orchestrée et financée par l’Iran », explique Michel Boivin avant de poursuivre : « Il y a quelques années, l’Achoura (célèbre fête chiite) a été célébrée par un millier de personnes d’après les médias locaux, ce qui est beaucoup.»
Les cibles du prosélytisme sont les Comoriens les plus pauvres. Souvent, ils reçoivent des biens matériels en échange de leur conversion. « C’est une sorte de contrat économique et religieux », constate Michel Boivin.
La situation aux Comores n’est pas sans rappeler celle des Maldives. Dans cet état wahhabite, le sunnisme est la seule religion acceptée et le chiisme est explicitement interdit dans la Constitution. Pour Michel Boivin, « l’évolution aux Comores pourrait conduire à cette voie. Sauf qu’aux Maldives, il n’y a pas cette imbrication avec la politique locale. »
Audrey Parmentier, le 30/07/2018 © La Croix
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