Azali à Kandani: "J'ai estimé qu’il fallait palier, provisoirement, au dysfonctionnement de la Cour Constitutionnelle, en attendant la mise en œuvre des recommandations des Assises"
Allocution de Son Excellence Monsieur AZALI Assoumani ,Président de l'Union des Comores ,à l'occasion de la visite solennelle au Camp Militaire de Kandani
Officiers, Sous-officiers, Militaires du rang
Honorable assistance
Mes chers compatriotes,
Je suis particulièrement heureux de me retrouver parmi vous aujourd’hui au Camp de Kandani.
En ma qualité de Chef de l'État et chef Suprême des armées, c’est un devoir et un privilège, de pouvoir m'adresser directement à vous : Officiers, Sous-officiers, Militaires du rang et personnels civils de l’AND et de la Police Nationale.
A travers vous, je m’adresse également à l’ensemble des forces de sécurité intérieure de notre pays, en présence du Directeur de Cabinet chargé de la Défense, du Ministre de l’Intérieur et des préfets, dont la responsabilité́ en matière de sécurité́, de défense et de maintien de l’ordre, est primordiale.
Mes propos de Président de la République devant vous, forces armées et Police Nationale, auront donc un ton particulier car les liens qui nous unissent sont particuliers.
En effet, je ne peux que ressentir de la fierté de m'adresser à vous tous mes frères d’armes, pour vous témoigner la reconnaissance et la gratitude de la Nation toute entière, pour la noble et difficile mission que vous accomplissez au service de notre pays.
Officiers, Sous-officiers, Militaires du rang
Le monde dans lequel nous vivons et son avenir, sont de plus en plus incertains.
La nature et l’environnement sont partout fragilisées, la menace terroriste est présente en tout lieu, la délinquance, sous toutes ses formes, liés à d’autres menaces, déstabilisent les pays et les sociétés.
La violence physique, morale ou verbale, contre les personnes vulnérables, notamment contre les personnes âgés, les enfants et les femmes, mais aussi contre les personnes détentrices de l’autorité, se développe.
Dans un monde globalisé, aucun pays, grand ou petit n’est évidemment à l’abri, y compris le nôtre, malheureusement.
Confronté à ces phénomènes nouveaux qui font leur apparition dans notre pays, l’Etat, à travers ses institutions, ses forces de l’ordre et de sécurité, a le devoir d’apporter des réponses à tous ces risques et d’adapter son organisation et ses réactions pour y faire face.
En outre, aujourd’hui je m’adresse à vous en ce moment solennel, où l’Etat a engagé une action déterminée et déterminante, pour mettre en œuvre les recommandations issues des Assises Nationales et créer les conditions nécessaires, et suffisantes pour inscrire notre pays parmi les pays émergents à l’horizon 2030.
Dans cette phase de son évolution, notre pays a besoin de tous les patriotes, grands ou petits, hommes ou femmes, civils ou militaires.
Ainsi, la lutte contre la délinquance, la lutte contre le grand banditisme, le trafic de tout genre, contre les vols et les cambriolages, appellent à plus d’exigences de la part de vous tous, qui avez en charge ces missions essentielles.
Comme le disait ici-même, Feu le Président Djohar, Qu’Allah lui accorde Sa miséricorde, « vous êtes la colonne vertébrale de notre pays ».
Officiers, Sous-officiers, Militaires du rang de l’AND et de la Police Nationale
Aujourd’hui, le maintien de l’ordre ne se limité plus au terrain traditionnel.
Le maintien de l’ordre inclut les nouveaux espaces, où les appels à la violence, à la haine, se multiplient.
Ainsi, le maintien de l’ordre comprend aujourd’hui, outre la sécurité des personnes et des biens, la sécurisation des événements culturels, sportifs et festifs, la sécurité routière, mais aussi les autres calamités, naturelles ou accidentelles, qui vous mettent au cœur des défis actuels de notre pays.
Votre mission première est alors d’assurer la protection des Comoriens, garantir leur droit à la sécurité, leur permettre de jouir de leur liberté, d’être confiants, de pouvoir circuler en toute sécurité, de se rassembler, en bref, de pouvoir vivre tout simplement en hommes et femmes libres, sachant que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres.
Je suis donc venu vous rappeler cette première mission et vous dire que vous incarnez les valeurs de la République qui sont un reflet de son image. Et soyez-en fiers.
Ainsi, mon devoir devant vous, je suis déterminé à l’accomplir pour redonner tout son sens à votre mission et vous accompagner dans son accomplissement.
Mon devoir est de vous permettre, vous et l’ensemble des pouvoirs publics, d’agir, avec efficacité, conformément aux Lois qui régissent l’état de droit.
Je sais que parfois, voire souvent, vous accomplissez vos missions dans des conditions difficiles et je suis le mieux placé pour le savoir.
Ainsi, compte tenu du contexte qui est celui de notre pays aujourd’hui, auquel vous être confrontés quotidiennement, je ferai tout ce qui en mon pouvoir, pour vous permettre de réagir avec efficacité pour que nos concitoyens soient reconnaissants et fiers de vous.
Dores-et-déjà, des mesures ont été prises non seulement pour satisfaire vos besoins quotidiens mais aussi pour accentuer le renouvellement et la modernisation des vos outils de travail. Vos supérieurs vous en donneront le contenu.
Je sais votre engagement, votre détermination et votre passion pour votre noble métier.
Sachez donc que je serai toujours à votre écoute, à vos côtés et que chaque fois que de besoin, je répondrai présent.
Toutefois, vous devez fermement, isoler les rares parmi vous, qui, chargés de faire respecter la loi, la transgressent.
Vous devez en tout temps éviter tout ce qui peut ressembler au corporatisme ou provoquer l’incompréhension de la population.
Un autre devoir vous incombe : celui du maintien de l’ordre républicain qui fait partie de vos missions les plus nobles
Maintenir l’ordre c’est permettre à chaque concitoyen d’exercer ses libertés individuelles.
Je rappelle donc à tous, qu’exprimer toutes les opinions, même les plus virulentes, même les plus provocatrices, impliquent que cela ne soit pas contre la Loi ou de nature à troubler l’ordre public.
Ceux qui préconisent l’abstention de l’Etat face au désordre, doivent comprendre que nous ne pouvons pas baisser les bras et nous résoudre au laxisme qui, en matière de sécurité, est toujours nocif.
En effet, je ne perds jamais de vue, qu’avant la vanille ou le girofle, avant nos potentialités touristiques et les perspectives pétrolières ou gazières, c’est la paix, la sécurité, la quiétude, qui constituent nos premières et principales richesses.
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Nos ressources les plus précieuses restent la paix civile et sociale, la sécurité, la concorde, la cohésion et l’unité nationales,
Ils vous apparient donc de les protéger.
Parfois au péril de votre propre vie, vous répondez aux appels de la population malgré vos moyens limités.
En cela, je voudrais, au nom de la Nation, saluer votre courage, votre dévouement et votre abnégation.
Je sais que malgré vos sacrifices au service de tous, vous pouvez aussi faire l’objet d’ingratitude, de mépris, voire de violences.
Je suis alors venu devant vous, pour rappeler à tous, que le manque de respect, et plus grave encore, les violences exercées contre les forces de l’ordre, à l’exemple de celles dont nous avons été les témoins ces derniers temps, ne seront plus tolérées.
Désormais, tous les auteurs, les instigateurs et les complices des atteintes à la sécurité de tous, des violences contre les forces de l’ordre et de sécurité, ou contre les citoyens, ne seront plus à l’abri.
Tous ceux qui mettent en péril notre sécurité à tous, seront systématiquement recherchés, identifiés, mis à disposition de la justice pour qu'ils soient poursuivis, jugés et condamnés selon la Loi.
Mes chers frères d’armes
Vous avez fait le choix de servir votre pays, de lutter contre tout ce qui ternit son image, en bref, de faire respecter la loi républicaine avec engagement et détermination
Ce choix mérite le respect, la reconnaissance et la gratitude de la Nation.
Il va de soi qu’en retour, vous devez évidemment avoir un comportement et des agissements irréprochables et exemplaires.
Aujourd’hui nous allons inaugurer des locaux rénovés récemment.
Mais je sais aussi que vous ne disposez pas de tous les moyens en adéquation avec vos missions.
Je voudrais alors vous assurer que pour y remédier, l’Etat sera au rendez-vous.
Nous allons continuer à améliorer vos conditions de travail et à renforcer vos moyens.
Je ne peux m’adresser à vous sans évoquer l’actualité qui marque ces derniers temps, la vie de la Nation.
Je voudrais ainsi aborder ici la situation qui prévaut à Mayotte depuis quelques mois, née d’une crise sociale et d’un malaise réel, dans cette ile comorienne, administrée par la France contrairement au droit international.
De prime abord, la position qui est la mienne et celle du Gouvernement, est d’œuvrer pour le retour de l’ile comorienne de Mayotte, dans son giron naturel, et pour l’apaisement dans la relation entre notre pays et notre partenaire la France.
Je tiens ici, à saluer et remercier l’ensemble de nos compatriotes et de la classe politique et de la société civile toute entière, pour la cohésion, la convergence et l’unité, manifestées lors de cette crise à Mayotte.
Je leur exprime ma gratitude, pour leur soutien à la position du Gouvernement.
Et je voudrais ici, vous assurer de notre détermination, à user de tous les moyens légaux y compris des discussions franches, entre partenaires, en vue de parvenir InchAllah, à une solution pérenne de la question de Mayotte, à savoir, sa réintégration dans nos institutions.
Je saisis enfin cette occasion pour saluer le courage et le dynamisme dont a su faire preuve notre diplomatie, sur ce dossier.
Un autre fait marquant de la vie nationale a été la tenue réussie des Assises nationales dont les résultats et les recommandations sont à l’étude en vue de les mettre en œuvre très prochainement.
Ce rendez-vous voulu par nos ainés et la société civile, doit sans doute déboucher, dans les mois qui viennent, à des réformes indispensables, pour doter l’état et les institutions des moyens dont ils ont besoin.
Ces reformes doivent permettre à nos institutions, d’assurer la continuité nécessaire, pour conduire le développement durable de notre économie et réussir l’émergence de notre pays à l’horizon 2030.
D’autre part, j’ai enfin reçu le Rapport officiel de la Commission d’enquête parlementaire sur la citoyenneté économique. Je tiens ici à rendre hommage au travail accompli par les parlementaires, au premier rang desquels le Président, Docteur Abdou Oussein.
Je réitère mon engagement et ma détermination à user de tous les moyens légaux afin de donner à ce rapport, la suite qu’il convient afin que cela serve de leçon aux générations présentes et futures de notre pays.
Il y va de l’intérêt de la Justice et de l’état de droit dans notre pays.
Enfin, suite au constat du non fonctionnement de la Cour constitutionnelle j’ai pris la décision de transférer provisoirement ses compétences à la Cour Suprême, et ce conformément à l’article 12-3 de notre constitution, qui donne au Chef de l’Etat ce pouvoir exceptionnel, dans l’exercice de ses fonctions.
Comme vous le savez, cette institution qui devrait compter 8 membres n’en disposait que 3. Ce qui la rendait dysfonctionnel de part son règlement intérieur.
Ceux qui devaient désigner leur représentant ne l’ont pas fait et ceux qui ont été désignés n’ont pas pu prêter serment dans les délais requis.
A ce propos, aucune disposition constitutionnelle ou légale, ne permet au Président de la République de contraindre les personnalités concernées, à désigner leurs représentants.
Nous sommes en République. Nous somme en démocratie. Nous avons des textes à appliquer et à faire respecter.
Les polémiques politiciennes auxquels nous sommes malheureusement habitués dans ce pays, n’ont donc pas lieu d’être.
J’ai, en tant que Chef de l’Etat, le devoir veiller au bon fonctionnement des institutions de l’Etat
C’est pourquoi, en mon âme et conscience, j’ai estimé qu’il fallait palier, provisoirement, au dysfonctionnement de la Cour Constitutionnelle, en attendant la mise en œuvre des recommandations des Assises Nationales très prochainement.
Je tiens à ce sujet à rassurer tout le monde. Avant-hier j’ai tout fait pour respecter l’Etat et la Démocratie.
Et ce n’est pas aujourd’hui que le Président de la République de l’Union des Comores, élu à l’issue d’un fameux 3ème tour en 2016, qui portera atteinte à la démocratie et aux libertés fondamentales ou qui mettra en péril la réconciliation nationale.
Officiers, Sous-officiers, Militaires du rang de l’AND et de la Police Nationale
Nous avons des devoirs envers la patrie qui nous a vus naitre, qui nous a éduqués et qui nous a protégés malgré les aléas de l’Histoire et ses moyens limités.
Nous avons la chance de vivre dans un pays formidable, en paix.
Nous devons aimer ce pays et le protéger afin de le léguer plus uni, plus fort et plus prospère aux générations futures.
Et pour cela, nous avons fixé le cap de l’émergence à l’horizon 2030. Nous avons donc un peu plus de 10 ans pour y parvenir.
Nous réussirons si nous croyons en nous-mêmes, en nos capacités, en nos propres moyens et à nos potentialités avant de compter sur les autres.
Nous réussirons si vous, nos forces armées et notre Police Nationale, main dans la main avec les autorités et toute la Nation, continuez à œuvrer pour la consolidation de la paix, de l’Unité Nationale, de l’intégrité territoriale.
Et nous réussirons si vous continuez à agir, à l’image du nom vous portez, pour le développement social et économique de notre pays.
Vous avez ma confiance, comme je sais pouvoir compter sur vous.
Vive la République ! Vive l’Union des Comores ! Vive l’AND et la Police Nationale
Je vous remercie. Beit Salam