Azali Assoumani : « Trouver une solution à la crise avec Mayotte est dans l’intérêt de tous »

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Assises nationales comoriennes, réformes de l’Union africaine (UA), relation avec la France, crise entre l’Arabie saoudite et le Qatar, pol...

Assises nationales comoriennes, réformes de l’Union africaine (UA), relation avec la France, crise entre l’Arabie saoudite et le Qatar, polémique sur les propos de Donald Trump… le président de l'Union des Comores a répondu aux questions de Jeune Afrique en marge du sommet des chefs d’État de l’UA qui s'est clôt le 29 janvier à Addis Abeba.

Réélu en mai 2016 à la présidence de l’Union des Comores, après avoir effectué un premier mandat de 2002 à 2006, Azali Assoumani, 59 ans, a accordé une interview à Jeune Afrique en marge du 30e sommet des chefs d’État de l’Union africaine (UA), qui s’est clôt à Addis Abeba le 29 janvier.

Jeune Afrique : Les Assises nationales comoriennes préparées depuis plusieurs semaines s’ouvriront ce lundi 5 février. Des détracteurs vous accusent de les avoir détournée à votre profit. Que leur répondez vous ?

Azali Assoumani : Ces assises ont été commandées par la société civile en 2014 avant même que je ne sois élu. Mon prédécesseur a refusé de les lancer lui-même, et il a eu raison, car nous entrions dans une période électorale. Moi, je ne fais qu’accompagner l’initiative.

Dans la Commission de pilotage des assises nationales (CPAN), j’ai deux représentants, auxquels j’avais droit, sur les 45 membres. Les autres sont envoyés par les gouverneurs des îles, par les partis politiques et la société civiles. L’État finance également, car nous n’avons pas eu d’aide extérieure. La trésorerie est tenue par le Mouvement du 11-août. Toutes les dépenses doivent être justifiées auprès d’un contrôleur financier, qui en rend compte au ministre des Finances.

Alors, c’est vrai, j’en parle beaucoup, parce que je suis fier de mon pays et de son peuple qui, après avoir traversé des heures sombres, avec deux présidents assassinés, un président déporté, et même, il y a deux ans, un chef d’état-major assassiné, a su trouver la voie de la stabilité et se mettre autour de la table.
Azali Assoumani, le président de l’Union des Comores, et Antonio Guterres, secrétaire général des nations unies, le 22 septembre 2017 à New York. © DR / PNUD
Antonio Guterres a décidé de nous envoyer quelqu’un pour la mise en place de la Commission de pilotage des assises nationales
La majorité des Comoriens adhère. Même nos frères de Mayotte ont suivi, ainsi que la communauté internationale. J’ai rencontré le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, en septembre à New York lors de l’assemblée générale de l’ONU, qui a décidé de nous envoyer quelqu’un pour la mise en place de la CPAN.

J’en ai parlé à Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’UA, qui nous a envoyé une représentante depuis Madagascar. Idem pour la Ligue arabe, que j’ai rencontré ici, à Addis Abeba… Plus il y aura de monde, plus le processus sera crédible.

L’objectif est de lister des recommandations pour l’avenir des Comores. Accepterez-vous de les suivre ?

Bien sûr ! Aux Comores on souffre de la non continuité de l’État. Je vous donne un exemple : j’ai organisé une conférence de bailleurs de fonds en 2005 à Maurice, un an avant la fin de mon premier mandat. J’ai récolté 300 millions de dollars qui devaient être utilisés par mon successeur, le président Sambi. Or il n’a rien fait, et organisé une autre conférence au Qatar.

Les recommandations qui sortiront de nos assises devront être suivies par moi et mes successeurs, parce que nous, on passe, mais l’État reste. Nous devons penser à l’avenir et à l’héritage que nous laisserons à nos enfants.

Le sommet de l’UA vient de s’achever. La taxe de 0,2% sur les importations afin de financer l’organisation a été beaucoup discutée. Quelle est la position des Comores ?

Nous sommes pour le principe d’autofinancement de l’UA. Mais avec d’autres pays, comme Maurice, nous avons émis quelques objections, car nous importons presque tous nos produits. Nous avons donc besoin de mesures de compensations. Nous allons observer les États qui ont déjà mis en place cette taxe. Nous allons également nous concerter avec Maurice et je pense que d’ici janvier 2018 nous aurons trouver la bonne solution.

La question du libre échange a également été posée. Un sommet extraordinaire doit avoir lieu le 21 mars à Kigali afin de clarifier les positions des uns et des autres…

Le libre échange, dans le principe, nous sommes pour. Mais il faut aussi approfondir, car cela touche directement nos recettes douanières, alors que nous importons 80% de nos produits et n’exportons presque rien.

Si nous arrivons à développer certaines de nos productions, comme la vanille et la girofle par exemple, mais aussi à développer la transformation sur place, dans ce cas cette mesure sera aussi avantageuse pour nous.

Les Comores n’ont pas la puissance du Maroc pour jouer la politique du “ni-ni”. J’ai donc décidé de suivre l’Arabie saoudite

Sur la scène internationale, l’Union des Comores a été prise à partie dans la confrontation qui oppose le Qatar et l’Arabie Saoudite. Vous avez décidé de rompre avec le premier. Pourquoi ?

Je prie tous les jours pour qu’une réconciliation soit possible car l’Arabie saoudite et le Qatar sont deux pays frères. Mais les Comores n’ont pas la puissance du Maroc pour jouer la politique du “ni-ni” [ni pour l’un, ni pour l’autre, NDLR]. J’ai donc décidé de suivre l’Arabie saoudite, pays partenaire depuis plus de quarante ans, alors que le Qatar n’est présent que depuis 2008.

Avec la France, les relations sont assez compliquées, à cause notamment des tensions avec Mayotte. En juin, une vive polémique a surgi après des propos d’Emmanuel Macron sur les “Kwassa-Kwassa”. La hache de guerre est enterrée ?

Absolument. Nous nous sommes parlés au téléphone, nous nous sommes vus à New-York en septembre, et au One Planet Summit en décembre… Il fallait apaiser la situation et convaincre les Comoriens que ce genre de maladresses peut arriver. Il faut que cela serve de leçon pour trouver une solution définitive à notre problème.
Il y a près de 300 000 Comoriens en France, c’est presque la moitié de notre population
Encore récemment, des manifestations ont eu lieu à Mayotte pour protester contre la suppression du « Visa Balladur », censé limiter les migrations de Comoriens vers Mayotte… Une issue favorable à tous peut-elle être envisagée ?

Lors de mon premier mandat, nous avions mis en place avec Jacques Chirac le Haut conseil paritaire (HCP). Malheureusement cela n’a pas été suivi. Mais nous l’avons réveillé avec le président Macron.

Les travaux ont repris et je suis optimiste. Je rappelle qu’il y a près de 300 000 Comoriens en France, c’est presque la moitié de notre population. Chez nous, on dit que la première île des Comores est en France ! C’est donc dans l’intérêt de tout le monde que nous trouvions une solution durable.

Le président américain Donald Trump est un habitué des écarts de langage. Quelle est votre réaction après qu’il ait qualifié de « pays de merde » les États d’Afrique, et qu’il refuse obstinément de présenter ses excuses, y compris dans sa lettre transmise le 26 janvier à L’UA et aux chefs d’Etat ?

Il fait l’unanimité contre lui, mais les États-Unis sont la première puissance mondiale. Je ne tempère pas ses propos, mais je ne m’introduis pas dans le débat. Il y a eu beaucoup de présidents américains, et Trump est peut-être une exception. Si personne n’avait rien dit, nous aurions eu plus de poids pour lui demander des excuses au moment où il aurait eu besoin de l’Afrique. Par Michael Pauron - à Addis Abeba ©Jeune Afrique
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