Après la fuite par Mayotte d’un ressortissant français condamné à Madagascar Photo d’archives: Sarkozy à Mayotte Condamné à trois a...
Après la fuite par Mayotte d’un ressortissant français condamné à Madagascar
Photo d’archives: Sarkozy à Mayotte |
Condamné à trois ans de prison à Madagascar, Houcine Arfa s’est soustrait à la justice et est aujourd’hui en France. Il indique dans le « Parisien » du 15 janvier dernier que la première étape de sa cavale était Mayotte. Ceci pose une nouvelle fois la question du rôle joué par Mayotte vis-à-vis de ses voisins. Après avoir été la base des différents coups d’État qui ont déstabilisé les Comores, est-elle en train de jouer un rôle de déstabilisation à Madagascar ?
Le journal Le Parisien, dans son édition du 15 janvier, publie un article illustré par une interview vidéo d’un Français qui s’est évadé d’une prison de Madagascar, avec le titre suivant : « J’ai versé 70 000 euros à la ministre de la Justice ». Après quelques explications sur l’organisation de sa fuite et son entrée « discrète » à Mayotte, c’est de France qu’il déclare être victime d’une « affaire d’État ». Il est donc important de demander au gouvernement français de clarifier une situation dans laquelle son ressortissant l’interpelle en ces termes : « Aujourd’hui, je dis aux autorités de mon pays, qui m’ont d’ailleurs très peu soutenu : si je suis coupable, prouvez-le. Autrement, laissez-moi tranquille ». Les accusations sont lourdes de conséquences.
Un test pour le nouveau gouvernement
En effet, le Président de la République actuel a exprimé son souhait de se démarquer de ses prédécesseurs. Or, voilà qu’un citoyen français déclare publiquement avoir utilisé Mayotte, comme base arrière pour se soustraire d’une condamnation judiciaire à Madagascar pour laquelle il a d’ailleurs interjeté appel. Le récit de sa fuite rocambolesque est truffé de détails déconcertants : aussi bien sur ses relations au sommet de l’Etat malgache, ses fonctions de conseillers, la corruption présumée, la vaillance de son équipe de sécurité, le navire positionné en haute mer à Tamatave, son entrée secrète à Mayotte… que sur l’absence d’informations sur son séjour à Mayotte jusqu’à son transfert vers la France. A l’évidence, c’est quelqu’un qui possède des moyens financiers et de solides relais de complicité. Sur la foi de ce qu’il avance, il mouille le gouvernement français qui devra expliquer à l’opinion trois choses :
1) Comment un de ses citoyens peut-il sortir « secrètement » 70 000 euros et 30 000 euros pour soudoyer les autorités d’un Etat étranger ?
2) Quelle était réellement sa fonction ainsi que le niveau de sa rémunération ?
3) Comment a-t-il pu tromper la vigilance des autorités administratives et militaires françaises à Mayotte ?
Une vieille habitude de la Françafrique ?
Houcine Arfa dit avoir travaillé pour plusieurs dirigeants africains avant de mettre ses compétences au service de la formation de sécurité de 900 hommes du Président malgache actuel. Il finit par être accusé d’usurpation d’identité, de tentative d’extorsion, d’association de malfaiteurs, et condamné en novembre, en première instance, à 3 ans de prison. Pour lui, le dossier est vide. Mais, il a décidé de contre-attaquer, publiquement, rappelant même qu’il est intervenu dans plusieurs pays d’Afrique. En cherchant à se dédouaner, il a offert aux autorités judiciaires françaises de quoi alimenter un dossier sérieux.
Quand on connaît les distances maritimes, la fuite rocambolesque de ce prisonnier d’exception, en passant par Mayotte, relance le débat sur le rôle spécial attribué par la France à certains de ses ressortissants et aux départements de l’Océan indien. Mayotte est d’abord une base stratégique pour la France.
Ary Yée Chong Tchi Kan / Témoignages.re
(à suivre)