Une nouvelle page de la diplomatie Comores-France !
L’absence de véritable stratégie nationale au sujet de l’intégrité du territoire a eu pour conséquence fâcheuse, au final, la départementalisation d’une partie de notre territoire sous le régime du Président Sambi par un référendum à Mayotte qui coïncidait bizarrement avec un autre référendum sur la réforme de la Constitution en 2009 dans les 3 autres îles.
Aujourd’hui il s’agit pour la partie comorienne, de faire la part des choses en faisant en sorte que les structures de négociations avec la France ne soient pas un « fourre-tout », dans lequel on parle de commercialisation d’ognons et de pomme de terre, de circulation de personnes et des biens, de coopération économique, de coopération multilatérale, de compétitions sportives, d’entraide judiciaire, de terrorisme, de lutte contre le blanchiment, entre autres. Un peu comme si on avait tous décidé de noyer le poisson dans un verre à moitié vide.
Le Président Azali a décidé de faire en sorte que cela change. D’abord il a multiplié les consultations notamment avec le Comité Maoré, dès son investiture pour une véritable nationalisation de la question de Mayotte, pour la création d’une structure comorienne permanente chargée de la question et pour enfin la définition d’une stratégie-pays qui se basera sur le droit international et les résolutions des organisations multilatérales dans lesquelles les Comores sont membres. Et ensuite, il était plus que vital d’avoir une approche plus claire avec notre partenaire principal dans cette relation obligée, que nous impose l’Histoire et le fait que la cinquième île et la plus importante de notre pays se trouve aujourd’hui dans l’hexagone.
Et cela se matérialise peu à peu. L’entretien téléphonique entre les deux Présidents Macron et Azali, suite à la déclaration malheureuse sur les kwassa-kwassa, a sans doute été le point de départ de cette nouvelle approche. Aujourd’hui dans cette relation obligée comme l’appelle le Président Azali, le Ministre des Affaires Étrangères Mohamed Soeuf El Amine et son homologue français Jean Yves Le Drian ont décidé d’abord de faire du HCP la structure paritaire chargée exclusivement de la question de Mayotte et l’une des missions prioritaires est la levée progressive du Visa Balladur, pour mettre fin à ce drame humain épouvantable dans ce bras de mer entre deux îles soeurs Ndzouoini et Maoré.
Mais il s’agit surtout d’ouvrir une page plus pragmatique, lisible et visible de la coopération entre nos 2 pays, par la mise en place d’une commission-mixte franco-comorienne d’ici la fin de l’année 2017 et qui aura pour mission d’une part de dissocier la coopération avec la France et la coopération avec l’Union Européenne qui étaient quelque peu confondues ces dernières années et d’autre part de redynamiser la coopération bilatérale entre Moroni et Paris. Sans doute que cela sera plus concret avec l’arrivée de la nouvelle Ambassadrice de France près de l’Union des Comores dont la présentation des lettres de créance est prévue très prochainement. ©Mohamed Abdou Mbechezi