Un décès à la maison d’arrêt de Moroni
Il y a 6 ans, le 18 septembre 2011 plus exactement, un jeune détenu est décédé à la prison de Moroni à la suite d’une maladie. Ce 11septembre 2017, un autre jeune est décédé à la suite d’un malaise. Ces décès rappellent encoure une fois les conditions de détention inhumaines de nos détenus en violation des engagements internationaux du pays.
Photo d'archives© Oustadh |
La maison d’arrêt de Moroni, est une vielle bâtisse datant de la période coloniale. Surpeuplée, elle comporte deux quartiers situés côte à côte et dotés de deux entrées distinctes. Le premier quartier est réservé aux détenus dangereux condamnés pour crimes ou délits. Il comporte trois chambres repartis entre les personnes âgées et des jeunes dont quelques mineurs, mélangés avec des adultes. A l’entrée de ce quartier se trouvent les cachots exigus à l’odeur nauséabonde qui ne disposent pas de fenêtres. Ce quartier comporte deux « toilettes ». Plusieurs détenus utilisent des sachets pour faire leurs besoins le soir et ces sachets sont empilés dans un coin qui jouxte l’unique espace des jeux dont le panneau de basket a été cassé.
L’autre quartier comporte les détenus les moins dangereux avec à l’intérieur de la cour une mosquée construite récemment. Juste à côté, avec une entrée distincte, un petit local qui sert de cellule les détenus VIP. Au bout de la prison, se trouve le quartier pour femme qui comporte une seule pièce et des toilettes non éclairées. Tous ces bâtiments sont en état de délabrement total avec des fuites d’eau partout qui fragilisent les fondations et les toitures de ces bâtiments construits avec de la chaux et du sable de mer. La maison d'arrêt ne dispose pas de parloir. Les détenus se tiennent debout à l'entrée des quartiers, derrières les grillages pour les visites rituelles.
Depuis plusieurs années, les taches de gardiennage de cette prison sont assurées par une société privée. Cette société, assure la surveillance de la maison d’arrêt 24h sur 24. Elle a un contrat avec le Ministère de la Justice.
Les détenus mangent souvent des ailes de poulet avariées et sont sommes victimes parfois de viol. Ils ne disposent d’aucune structure de prise en charge médicale. Un magistrat disait que les juges d’instructions visitent rarement les prisons et il est persuadé qu’ils n’enverraient personne dans ces prisons s’ils découvrent les conditions dans lesquelles, les détenus sont incarcérés. Ces derniers sont entassés par dizaine sur des locaux non aérés et dorment à même le sol.
A Anjouan, la situation est similaire. La maison d’arrêt de Koki, est située à cinq kilomètres environ de Mutsamudu, dans un lieu relativement isolé qui ne facilite pas les visites des proches des détenus. Le personnel pénitentiaire est composé d’un gardien chef, d’un secrétaire, et de gardiens au nombre d’une vingtaine qui travaillent par roulement. La maison d’arrêt est normalement desservie en eau et en électricité. Les conditions d’hygiène de cette maison d’arrêt sont également déplorables et les maladies qui se développent au sein des détenus. Certains prisonniers ne se sont pas douchés depuis des mois.
Ainsi, les conditions de vie difficiles de nos prisonniers sont inhumaines. Nos prisons sont indignes de la République, une honte pour notre pays et une insulte pour notre conscience collective. Nos prisonniers ont droit à un minimum de dignité. ©ComoresDroit