Emprisonné pour avoir célébré l'Aïd Al-Kabir: Qui est Mohamed Issa?
Mohamed Issa, ce religieux, infirmier d’État, passionné des sciences, est victime de l'archaïsme et de l'obscurantisme au sommet de l'État Comorien
Depuis presque deux semaines, ce visage passe en boucle dans les écrans et les pages des journaux papiers et online de l’archipel. Qui est donc cet homme à l'écharpe jaune et victime de l'archaïsme et du charlatanisme?
Il s’appelle Mohamed Issa ou Papa Assaf, il est infirmier de formation et de carrière, aujourd’hui à la retraite. Il est aussi un religieux ayant étudié à Makkah en Arabie Saoudite avant de partir s'installer à Paris en France. Il est l’un des imams de la grande mosquée d'Itsinkoudi Oichili.
Mohamed Issa est un homme passionné des sciences modernes et de technologie, maniant parfaitement le Français et l'Arabe. Il fait parti des rares religieux Comoriens qui comprennent l'apport de la science sur l'interprétation et la compréhension de certains principes religieux.
Ce diplômé en infirmier d’etat aux années 60 à Paris, a exercé ce métier pendant des longues années à l'hôpital Salpêtrière de Paris, au centre hospitalier de Saint Denis sur l'Île de réunion et au centre hospitalier du Cair en Egypte. Durant sa carrière , il a toujours répondu présent aux Comores lorsque des épidémies telles que choléra ravageaient la population.
A 72 ans aujourd’hui, ce religieux est en prison de Moroni depuis le vendredi 1er septembre 2017. Il a été reconnu coupable le 9 septembre dernier, avec une vingtaine d'autres, d'avoir prié la prière de l’Ide Lkabir (Oulha) le lendemain d'Aarafat comme des milliards de musulmans à travers le monde et conformément à un hadith Arrasoul (SAWS)et puis appuyé par un décret présidentiel toujours en vigueur depuis 2009.
Comment la religion islam jadis aux mains des Ibn Rushd, Ibn Sina, qui ont su utiliser le vecteur observation présent dans l'approche islamique, pour fonder ce qu'on appelle aujourd'hui “démarche scientifique”, a pu basculer aux mains d'un charlatanisme et d’un aléatoire aveugle au point de jeter des gens en prison parce qu'ils refusent d'appliquer des interprétations anciennes qui ne collent pas avec notre vie d’aujourd’hui??
Au delà de ce débat juridique qui a envoyé en prison ces victimes, se pose un autre combat; celui de l'approche de nos principes religieux dans un monde dominé par la science.
Certes , ils sont 22 que l'armée a pu ramener devant ce juge, mais combien serons nous demain qui n'accepteront pas ces recommandations aveugles qui ne répondent pas aux aspirations d’une population ouverte au monde ?? Combien serions nous demain par exemple qui refuseront de jeûner un jour de plus lorsque le croissant lunaire sera vue quelque part un 29 d’un mois de Ramadan ? En choisissant la répression, la justice Comorienne fait une fausse route.
En effet, avec une population de plus en plus jeune 60% , de plus en plus ouvert au monde et dont beaucoup ont les yeux dans les devices, ce choix d’imposer des règles dépassées, puis suivie d'une répression policière et des condamnations arbitraires, sont dangereux pour la cohésion sociale. Les Comores ne vont pas être une exception. Le monde est dominé par la science; elle réduit les distances, rapproche en connectant together les populations, impose une curiosité et une certaine envie d'apprendre sur les autres . Allons nous se barricader? Les Comores doivent-ils être une exceptions, parce que les dirigeants ont un handicap de comprendre le monde d’aujourd’hui ??
La justice devait se questionner comment procéder entre suivre des chefs religieux complètement obsolètes, dépassés par le temps, et n'ayant aucun particularité fondée pour suivre ce dynamisme de l'islam imposé par la science, et une population de plus en plus jeune qui comprenne l'utilité de cette science sur l’interprétation et la compréhension de certains dogmes religieux.
Cheick Mohamed Issa et ses collègues sont victimes d’une vision archaïque qui caractérise à la fois ces chefs religieux et cette classe politique dirigeante. Ils vont passer deux mois de leurs vies dans ce prison qui n'est qu’un trou à rats , une injustice qui doit indigner toute âme à l'intérieur et à l'extérieure du pays.
Nous n’acceptons pas que ce pays continue de fonctionner à l'envers, et nous refusons que certains, parce qu'ils ont un pouvoir, le considèrent comme étant une exception du monde. Nous appelons donc , pour éviter des telles situations dans l'avenir, aux responsables de ce pays, de réfléchir sur la mise en oeuvre d’un Madjlisse l Oulamaous, (un conseil des oulamas) dont chaque île devrait être représentée, et puis, un des facteurs de recrutement des membres de ce conseil, doit être la maîtrise de l'Arabe et du Français. Il est temps que ces deux langues officielles du pays soient pratiquées pour espérer entre autre que nos responsables religieux et politiques regardent, écoutent et comprennent le monde.
Moukaddam Said Adnane
Lyon France