Une majorité claire sortie des urnes est essentielle pour porter l'émergence...
« Je n’ai jamais eu à gouverner avec un parlement au sein duquel je dispose d’une majorité et cela ne m’a jamais empêché de gouverner », Dixit Azaly dans son discours prononcé à l’ouverture des travaux du séminaire régional à l’Assemblée Nationale sur la pratique parlementaire au service de la bonne gouvernance.
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Une phrase phare choisie par les services de communication de Beït Salam comme titre de ce discours publié dans Habarizacomores du 02 avril 2017 qui fait froid au dos… Est-ce de l’inconscience ou de l’amateurisme politique de la part des rédacteurs de ce discours ? On n’ignore pas le contexte global dans lequel cette phrase a été prononcée. Il n’en demeure pas moins qu’elle pose problème. On sait que le pouvoir actuel redoute le verdict des urnes malgré les déclarations triomphalistes sur son action.
Mais de là à ignorer la nécessité d’une majorité parlementaire pour gouverner, donner une assise et une légitimité à sa politique, il y a une case qui ne s’explique pas. On se demande comment notre président n’ait pu relever de lui-même l’incongruité de cette phrase. L’émergence qu’il veut promouvoir ne doit pas être le fait de pauvres directeurs de services nommés pour des raisons clientélistes et partisanes ou des politiques véreux cherchant à s’attirer les faveurs du pouvoir qui se relaient à répéter à l’envi « Emergence », « L’émergence, c’est possible », ou « l’émergence, j’y crois » sans en être capables ni de définir les contours ni la stratégie ni les moyens pouvant y mener…
Si le projet politique d’Azaly est réellement l’émergence, une majorité politique issue des urnes est essentielle voire même une condition sine qu’à non. Une majorité bien différente de celle d’Abdou Ousséni et de Maoulana Charif basée sur le débauchage et le nomadisme politique qui obéissent à d’autres motivations inavouées et malsaines.
L’émergence est un projet politique, économique et social devant être clairement défini, se nourrir de l’adhésion des comoriens qui lui redonneront le dynamisme et la vitalité dans le temps et contre les aléas de celui-ci. Qu’est-ce que c’est ce projet qui n’a pas besoin d’être compris, choisi et soutenu par la population, la charpente essentielle, qui a besoin d’être juste chanté par des opportunistes politiques et des directeurs de services qui n’ont jamais fait leurs preuves ?
Cette phrase est assurément une énorme bourde de la communication gouvernementale et enlève toute sincérité au projet d’émergence d’Azaly. Ce projet doit se construire sur des bases saines et solides. L’adhésion de la population est fondamentale et celle-ci doit obligatoirement passer par une campagne d’explication, de pédagogie et prendre forme à travers les urnes démocratiques. En cette ère d’émergence, Maurice et les Seychelles sont souvent citées comme nos références. Azaly ne doit pas oublier que les Seychelles ont récemment enregistré la démission de leur président qui a perdu la majorité aux législatives d’une dizaine de sièges.
Force est donc de constater que ce n’est pas le chemin pris et cette phrase maladroite qui en dit long sur la difficulté du pouvoir à s’inscrire dans une gouvernance démocratique, est là pour le rappeler avec force. Nous avons-là une preuve supplémentaire du décalage entre les mots, la phraséologie et leur appropriation effective et sincère par le pouvoir en place.
AHMED Bourhane