Tati devant le tribunal pour cessation de paiement
Inauguré le mois dernier, le magasin Tati avait été victime d'un cambriolage quelques jours après son ouverture à Kawéni (Mayotte). Pas moins de 50.000 euros de marchandises -deux palettes de cosmétiques, avaient été subtilisés d’un container Tati et transvasées dans un autre. La totalité du butin a été retrouvé et les marchandises volées remises à Tati. © La rédaction
Ouverture d'un magasin Tati à Mayotte ©zinfos974 |
L'enseigne de mode Tati en cessation de paiement, des craintes pour l'emploi
L'enseigne de mode à bas prix, qui appartient depuis 10 ans au groupe Eram, est en difficulté depuis plusieurs années. Les syndicats s'inquiètent pour l'emploi.
Tati va-t-elle "survivre à la crise du marché de l'habillement" ? La question se pose une nouvelle fois alors que la marque de mode à bas prix, dans le giron du groupe Eram depuis 10 ans, est désormais en cessation de paiement. "J'ai déclaré [ce vendredi] la cessation de paiement des sociétés du pôle Agora qui comprend la marque Tati", a expliqué Michel Resseguier, le dirigeant d'Agora Distribution, qui regroupe Tati et les autres enseignes à bas prix du groupe Eram.
Une décision qui ouvre la voie à un probable redressement judiciaire, qui permettrait à l'enseigne d'être rachetée. Tati, en difficulté depuis plusieurs années, et mis en vente en février par son propriétaire, emploie plus de 1.700 personnes et exploite 130 magasins.
700 emplois menacés
"La direction de Tati nous a annoncé hier, lors d'une réunion extraordinaire, avoir déposé un dossier de redressement judiciaire devant le tribunal de commerce alors que six repreneurs sont officiellement intéressés par le rachat des magasins", s'est étonnée ce samedi Nicole Coger, déléguée syndicale pour la CGT, premier syndicat de l'enseigne. "Il y a un mois pourtant, le groupe Eram affirmait que Tati n'avait plus aucune dette. Aujourd'hui, il dit que 6 millions d'euros de dettes ont été cumulés en trois mois, a-t-elle déploré. Résultat de la manoeuvre, le groupe Eram pourrait faire payer sa dette et le plan de licenciements par les contribuables."
La syndicaliste craint également pour la survie de "plus de 700 emplois". Un chiffre qui colle avec l'espoir de la direction de sauver plus de 1.000 emplois dans le groupe, qui compte également les enseignes Fabio Lucci, Gigastore et Degrif'Mania.
Des conditions suspensives dans les offres de reprise
Le PDG du pôle Agora, dont Tati et ses magasins du quartier parisien de la Goutte d'or constituent le fleuron, explique avoir choisi de passer devant le tribunal de commerce en raison du profil des offres reçues. "Nous avons reçu sept offres de bonne qualité, mais toutes comportaient des conditions suspensives. Compte tenu des caractéristiques de la plupart de ces offres, il m'a semblé que le meilleur moyen pour leur permettre de prospérer et d'aboutir, c'était de passer par une procédure de prépack-cession", a déclaré Michel Resseguier, confirmant des informations du "Monde".
J'aurais préféré une reprise des titres
Ce dispositif de cession judiciaire accélérée permet au tribunal de se prononcer dans des délais assez courts. Car l'objectif déclaré de la direction est "d'arriver à faire aboutir les cessions vers la mi-juin", précise le PDG. "J'aurais préféré une reprise des titres, dans ce cas-là, vous reprenez tout. Je n'ai reçu qu'une offre sur les sept en ce sens et elle est assortie de conditions suspensives tellement dures, tellement exigeantes, qu'elle a très peu de chances d'aboutir", a-t-il expliqué pour justifier sa décision.
Parmi les marques d'intérêts figure une offre ferme du dirigeant-fondateur de Gifi, spécialisé dans la décoration à petit prix. Philippe Ginestet propose de conserver la marque et l'activité de Tati et de reprendre plus de 100 magasins et environ 1.200 salariés, avait indiqué une source proche du dossier à l'AFP.
Première audience le 2 mai
La première audience devant le tribunal de commerce de Bobigny aura lieu le 2 mai après-midi, a indiqué le dirigeant. Les salariés ont prévu de se mobiliser pour des actions dans les tout prochains jours, selon la CGT. L'ensemble des élus syndicaux ont refusé de voter la mise en redressement judiciaire comme lui a demandé la direction. "Cela va trop vite", estime Nicole Coger. Qui demande l'ouverture immédiate de négociations avec le groupe Eram.
Malgré une stratégie de diversification de son offre et une internationalisation, Tati a enregistré l'an dernier des ventes en recul et un résultat déficitaire, selon Agora Distribution. L'enseigne avait notamment ouvert le 2 septembre un magasin à Casablanca , la capitale économique du Maroc.
Source AFP