Les «clandestins Comoriens» de Mayotte victimes d’une haine viscérale débordante
L’immigration clandestine est un thème passionnant et mobilisateur pour les démagogues locaux de tout bord ; surtout en période d’échéances électorales et dans un contexte des crises économiques et sociales , des taux de chômages en hausse dans les territoires d’outremer et une insécurité galopante attribuée sans nuance aux «clandestins comoriens» de Mayotte devenus les pestiférés du moment et victimes d’une haine viscérale débordante .
Selon l’étude de l’antenne de l’INSSE à Mayotte parue la semaine dernière ,plus d’un adulte sur deux vivant à Mayotte n’y est pas né. Les résultats de cette étude ont fait l’objet de tous les commentaires divers , parfois sérieux pour les analystes impartiaux ou nauséabonds pour les commentateurs grégaires surfant sur la haine entre les mahorais et les autres comoriens de l’archipel. Cette étude démographique de l’INSSE précise clairement que les natifs des Comores sont les plus nombreux : ils représentent 42% de la population de l’ile . Les personnes nées à Anjouan, l’ile la plus proche de Mayotte sont majoritaires ( 30%) , plus nombreux que les natifs des îles de Grand-Comore ou de Mohéli.
Les médias locaux en manquent d’audience s’emparent de cette étude pour pratiquer le bourrage de crâne des clandestins comoriens qui font exploser les infrastructures scolaires et hospitalières . Le sujet est devenu barbant et prend une connotation xénophobe et un dégoût de caniveau . Cette haine viscérale périodique des certains mahorais envers les clandestins comoriens cache une hypocrisie ridicule de l’être humain car les trois quarts des mahorais ont un lien de parenté avec les comoriens des autres îles. Si les mahorais sont peu nombreux par rapport aux îliens de l’ archipel, force est de constater que les mahorais migrent en grand nombre vers l’ile de la Réunion à la recherche des prestations sociales conséquentes , pour des études ou en quête d’emplois .
Au Sud de l’ile plus précisément dans les communes de BOUENI ,POROANI et autres communes environnantes un collectif d’associations s’est constitué pour partir à la chasse des clandestins et de dénoncer à la gendarmerie les logeurs mahorais des clandestins , on se croirait aux années 1940 quant à la Gestapo traquait les juifs dans les villes européennes sous occupation allemande. Parallèlement on oublie sciemment de souligner l’apport non négligeable des étrangers dans l’économie de l’ile .
Les mahorais ignorent que les migrations internationales ont pris un ampleur inégalée depuis le XXe siècle et depuis que la liberté de circulation existe , les raisons pour lesquelles , on change de pays , seul ou avec la famille sont diverses. Le désir d’échapper à la pauvreté a toujours nourri les flux importants. ILS concernent les plus pauvres mais aussi des personnes diplômées qui partent aussi pour gagner plus d’argent et le cas des mahorais qui migrent vers la Réunion ou la France hexagonale à la recherche d’ un meilleur cadre de vie est une illustration de ce flux migratoire du moment .
Ceux qui pensent qu’il est possible d’ériger un mirador pour stopper l’immigration clandestine sont dans une absurdité pitoyable; c’est pourquoi les européens résidant sur l’ile rient sous cape en assistant benoîtement à cette dispute des chiffonniers entre mahorais et «comoriens illégaux» des autres îles de l’archipel des Comores.
Mohamed IBRAHIM MIHIDJAY