Replanter les forêts d’Anjouan : Tous réunis pour sauver les ressources en eau !
C’est avec le soutien de la Mairie d’Adda et la Direction de l’Environnement d’Anjouan que Dahari, en partenariat avec les comités villageois de gestion d’eau et les producteurs, a commencé le 25 janvier les campagnes de reboisement de 2017 dans les villages d’Outsa, Adda, Ouzini et Lingoni.
C’est notamment grâce à l’appui financier du Programme Franco-Japonais pour le Développement Durable aux Comores et de GEF-Satoyama Project que ces initiatives ont été possibles.
Misbahou Mohamed, Coordinateur Stratégique chez Dahari et responsable de ce volet reboisement tient à « remercier tous les bailleurs de fond, donateurs privés, partenaires techniques et autorités qui ont contribué à la concrétisation de ce travail qui a débuté avec l’installation de pépinières communautaires en mai 2016. Cela nous pousse à continuer tout en sachant que le chemin est long. Nous ne devons pas relâcher nos efforts tant sur l’amélioration de l’approche reboisement que sur la mobilisation des populations ».
En plus des objectifs du projet PFJDD intitulé « Un modèle de gestion forestière communautaire pour les Comores », nous avons également à cœur de tenir les engagements de la campagne de crowdfunding lancée fin 2015, dont l’album Sing4ComorosForests à l’initiative du reboisement est en cours d’enregistrement avec Ouvoimoja, Maalesh, Nawal, Cheikh MC, Eliasse et Costy.
La campagne a mobilisé des contributeurs du monde entier (37 pays d’origine venant des Etats-Unis, Angleterre, Europe, Népal, Argentine, Pérou, Comores, Japon…) mais aussi neuf artistes comoriens qui se sont engagés pour monter avec nous ce projet musical au profit des forêts d’Anjouan. La campagne de dons a été un succès puisque nous avons pu récolter environ 65 000 euros grâce aux 279 donateurs privés et à des dons importants de partenaires internationaux : Sustainable Lush Fund, l’Ambassade de France aux Comores, HRH The Prince of Wales, et Biolandes.
Une série d’événements est prévue à Anjouan pour célébrer la sortie de l’album.
******************************
Au-delà de ces actions de reboisement, l’ONG a surtout pensé à une approche globale et durable de gestion forestière. Beaucoup de campagnes de reboisement ont été effectuées depuis les années 1980 à Anjouan mais très peu ont été suivies pour pérenniser les actions et les résultats. La forêt naturelle continue donc de régresser rapidement, mettant en péril les ressources en eau, la fertilité des sols et la biodiversité unique de l’île.
L’approche de Dahari est holistique, intégrée et basée sur les besoins des populations : restaurer la fertilité dans les champs et améliorer les rendements et l’écoulement des produits, développer des systèmes agro-forestiers productifs dans les zones intermédiaires, reboiser et protéger les bassins versants et les zones clés pour la conservation de la biodiversité, notamment les dortoirs de la Roussette de Livingstone. Un travail qui se fait main dans la main avec l’implication de tous : producteurs, comités villageois et autorités.
Parallèlement aux actions de reboisement, dans le cadre du programme PFJDD, Dahari a l’objectif de mettre en place un système de gestion communautaire de 100 hectares des bassins versants sur quatre villages de sa zone d’intervention pour protéger les sources d’eau, tout en autonomisant les comités villageois pour la gestion et le suivi des actions.
Cela fait déjà trois ans que le travail avec trois principaux comités de gestion d’eau a été entrepris, avec une première campagne de reboisement des bassins versants effectuée début 2016. Les comités sont constitués d’agriculteurs engagés pour la protection et la gestion des ressources naturelles dans leur village respectif.
C’est grâce aux actions de redressement identifiées pendant un atelier tenu avec les quatre comités en août dernier au CRDE de Salamani que les équipes ont pu améliorer la campagne de reboisement 2017. Le travail d’identification des nouvelles zones de reboisement et de création d’un modèle d’aménagement à adopter va également servir la campagne.
Une stratégie pour mobiliser les agriculteurs de ces bassins à s’approprier les activités de reboisement avait aussi été posée pour chaque village. Cette année, l’approche retenue et testée est donc de travailler avec des agriculteurs volontaires pour planter des arbres dans leurs champs et ainsi permettre un meilleur suivi et plus d’implication quant à l’entretien de ces arbres fruitiers et forestiers.
« Nous sommes fiers du travail commencé il y a deux ans et nous sommes convaincus que nos actions vont dans le bon sens. Cela prend du temps mais j’espère que les rivières et les sources d’eau restantes seront hors de danger d’ici quelques années et si c’est le cas, ça sera une vraie réussite pour Anjouan parce qu’elle sera collective » – Nabourhane Abdallah, Agriculteur et Président du comité de gestion de l’eau à Adda.
Pauline de Meslon, Chargée de Communication ONG Dahari