La présidence tournante stabilise le pays sur le plan politique mais rend illisible la situation économique du pays à c...
La présidence tournante stabilise le pays sur le plan politique mais rend illisible la situation économique du pays à chaque alternance. La majorité sortante a creusé le déficit public et les recrutements pour convenance personnelle à la veille d'une fin de mandat ont fait explosé la masse salariale. L'absence des débats thématiques de fond en période électorale sur le budget , la croissance, ou les comptes publics plonge le pays dans une opacité totale sur la gestion économique du pays.
La suspension des recrutements dans la fonction publique prise par le ministre des finances en accord avec celui de la fonction publique actuels montre bien la gabegie de la majorité sortante ; pourtant la montée inquiétante d'un chômage de masse face à l'explosion des dépenses publiques doit faire réfléchir la classe politique de cet archipel en matière de marge manœuvre de création d'emplois dans un pays où seul le secteur public peut recruter. Le taux de chômage selon les perspectives économiques en Afrique , estimé à 14% en 2003 , ne cesse d'augmenter .
IL a grimpé à 24% en 2012. Malgré un taux de croissance positif moyen environ 3% depuis 2011 , l'économie comorienne ne parvient pas à enclencher sa transformation structurelle. Celle-ci est pourtant indispensable pour réduire la pauvreté et absorber le chômage des jeunes notamment celui des diplômés qui a enregistré un taux de plus de 50 % en 2014; il touche actuellement 52 % des jeunes de 15 à 24 ans.
L'ancien vice- président chargé des finances sous IKILILOU et candidat malheureux aux élections présidentielles a occulté la situation économique du pays, tout en annonçant à la cantonade que le pays est pauvre , mais n'est pas endetté. Depuis plusieurs années la situation économique se dégrade l'énergie pénalise les activités économiques , et a comme conséquence une quasi –stagnation de la croissance. L'augmentation de la masse salariale et le financement des élections législatives , municipales et des conseillers en 2015 ont accentué les tensions budgétaires.
Nous tenons à rappeler que le budget de l' Etat en 2014 a été déjà affecté par une augmentation des dépenses courantes , en particulier des salaires qui ont crû de 10 % par rapport à 2013. Par ailleurs , la crise de l'énergie qui a débuté en 2010 perdure , pénalisant lourdement les activités économiques . Elle touche particulièrement le secteur du commerce des produits alimentaires importés qui fournit l'essentiel des recettes fiscales . Les réformes structurelles dans les secteurs clés de l'énergie et des télécommunications se font à un rythme lent , en dépit des engagements des autorités sortantes .
Du coup le pays peine à créer les bases d'une croissance durable , porteuse d'emplois. La baisse des prix des produits de première nécessité et des frais de transport prise par les nouvelles autorités en période de ramadan va être de courte durée. Quels sont pour nous les facteurs de la faiblesse de l'économie comorienne ? Si on remonte un peu plus loin entre 1985 et 2000, le taux de croissance du PIB réel par habitant était de -1.2% en 1997. Cette récession engendre une hausse et une généralisation de la pauvreté dans l' archipel.
Durant cette période la proportion des ménages des pauvres selon le PNUD est passée de 45 % à 53 % en 2006 . Nous savons pertinemment que sans croissance économique, pas création d'emplois ; et s'agissant de la faiblesse de l'économie de l'archipel , on peut citer entre autres, l' instabilité politique, la corruption , la faiblesse des ressources humaines et l' absence d'un modèle de développement approprié à la réalité comorienne .
La situation économique du pays est très délicate pour les nouvelles autorités face à la montée d'un chômage de masse des jeunes . Ce fléau d' absence d'activité des jeunes est endémique ; la population active s'est accrue à un rythme annuel moyen 3.4% , ceci correspond à l' arrivée sur le marché du travail de 4500 nouveaux actifs par an . La quasi -absence d'activités industrielles , les capacités limités du secteur privé en terme de création d'emplois et la saturation de la fonction publique comorienne rendent difficile l'insertion de ces cohortes de jeunes actifs .
Pour nous il faut repenser une politique des formations professionnelles qui correspond aux besoins réels de l' économie comorienne . Dans l'immédiat le président AZALI doit interpeler les acteurs économiques , les représentants de la chambre du commerce et de l'industrie ,les gouverneurs et de s'asseoir autour d'une table , de réfléchir , et d'échanger sur des formations en alternance pour les jeunes de 15 à 25 ans dans les domaines comme la vente , la restauration , l'hôtellerie , le bâtiment et la boulangerie , bref mettre en place des unités de formation des apprentis (UFA) pour des CAP pour ces jeunes qui sortent du système scolaire sans qualification .
Mohamed IBRAHIM MIHIDJAY, professeur certifié d'histoire-géo
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