Un rapport financier établi par une mission interministérielle et qui date de février 2015, accuse l’ambassadeur des Comores auprès du l’Et...
Un rapport financier établi par une mission interministérielle et qui date de février 2015, accuse l’ambassadeur des Comores auprès du l’Etat de Qatar d’avoir utilisé des fonds de fonctionnement à des besoins « purement personnel et familial ». Entre janvier et décembre 2014, le diplomate se serait doté d’un deuxième salaire mensuel de 1.804.283Kmf imputé sur une dotation Qatari, alors que le gouvernement comorien lui versait son salaire officiel de 1.417.500Kmf par mois.
Arrivée à Doha le 15 février 2015, une mission interministérielle composée du ministère des affaires étrangères, celui des finances et du budget, avait pour but de la mission six (6) recommandations à faire auprès de la représentation diplomatique de l’Union des Comores : demander à l’ambassadeur de ne plus payer son salaire sur les fonds mis à la disposition de l’ambassade par le gouvernement de Qatar (600.000 Ryals), instaurer un système de cogestion du compte bancaire de l’ambassade, mettre en œuvre un registre des opérations des dépenses engagées par l’ambassade et procéder au classement de celles-ci par rubriques, spécifier à l’ambassade les dépenses de fonctionnement que celui-ci est autorisé à engager et à payer sur la dotation mise à la disposition par l’Etat de Qatar, exiger que tout paiement de dépenses de l’ambassade soit effectué par chèque ou par virement bancaire du compte de l’ambassade et, en fin, ordonner à l’ambassadeur de reverser la totalité des salaires qu’il a perçus du trésor public, évalués à environ 14.170.000Kmf (janvier-décembre 2015). Telles ont été les missions assignées.
Le rapport établi et remis au ministère des relations extérieures indique que l’ambassadeur s’arrogeait « depuis le mois de janvier 2014 un salaire mensuel de 1.804.283Kmf » imputé sur la dotation Qatari qui, elle, s’élève à 600.000 Ryals (72.171.304Kmf), alors que « le gouvernement comorien lui versait régulièrement son salaire à hauteur de 1.417.500Kmf », lit-on sur le rapport signé par Mbaé Ali Said, inspecteur du trésor et chef de la mission d’audit, le 23 février 2015. Avec des petits calculs arithmétiques, son excellence Monsieur l’ambassadeur touchait un total de 3.221.783Kmf de salaires par mois, entre janvier et décembre 2014.
Encore faut-il le dire, par l’Etat de Qatar la subvention était destinée aux paiements de dépenses du fonctionnement de l’ambassade (48.114.420Kmf), aménagement et équipement de l’ambassade (12.028.550Kmf) et en fin à l’aménagement et l’équipement de la résidence de l’ambassadeur (12.028.550Kmf), en tout cas selon le rapport. On y reproche aussi l’ambassadeur de « mauvaise gestion de fonds » car les auditeurs révèlent que sur 77 chèques émis, 23 uniquement ont été établis à l’ordre des fournisseurs. « Les 54 chèques restants sont émis à l’ordre de l’ambassadeur lui-même qui, après les avoir versé sur son propre compte, procède au règlement des dépenses engagées, soit en liquide, soit par sa propre carte bancaire ».
A part ces gouffres financiers dont est accusé le diplomate, des soucis administratifs ont été aussi constatés : absence de réunion de travail avec le personnel, un personnel diplomatique sans tache ni mission clairement bien définies. On rajoute aussi le conseiller et l’attaché de l’ambassade qui cohabitent (du moins à l’époque, Ndlr) dans une petite chambre située au deuxième étage de l’ambassade avec le chauffeur, « alors que les moyens financiers affectés à l’ambassade auraient permis à l’ambassadeur de leur attribuer chacun un logement digne », pleurniche le rapport qui n’a pas oublié de mentionner des recommandations à tous ces défaillances et manque de structure.
A titre de rappel, la mission dépêchée à Doha en février 2015 auditait sur la période janvier-décembre 2014. L’ambassadeur incriminé vient d’être limogé de son poste depuis le mois de janvier 2016, un an après l’établissement du rapport. Si ceci n’est pas la vraie raison, il doit forcément avoir des liens sur son limogeage. On a contacté l’intéressé depuis le 14 janvier mais il ne nous jamais répondu.
Par Toufé Maecha