Lors des élections législatives passées, certains villages de la Grande-Comore ( exemple DZAHANI LA TSIDJé) ont boudé les urnes . ...
Lors des élections législatives passées, certains villages de la Grande-Comore ( exemple DZAHANI LA TSIDJé) ont boudé les urnes . C'est un acte civique fort qui devrait être analysé par des observateurs politiques indépendants ; pourtant cette désobéissance civique est passée inaperçue ou considérée comme un épiphénomène par les médias mais aussi par la classe politique comorienne .
Dans un pays où le vote a un sens pour les citoyens qui participent au scrutin ,cet acte doit être perçu comme un coup de tonnerre dans la classe politique de l'archipel . Aux Comores , la montée des abstentionnistes dans une élection, ou la désobéissance civique en herbe dans le paysage politique Comorien ne provoque aucune réaction des politiques. Les sans-voix sont considérés comme des marginaux . Ailleurs cette désobéissance traduit un raz-bol social voire un cri de détresse à destination des politiques .Les médias d'information et non d'opinion doivent relayer le message des communes qui ne votent pas mais aussi d'informer à l'opinion publique le pourcentage des abstentionnistes à chaque échéance électorale .
L'histoire politique de cet archipel , depuis sa décolonisation aux années 1970 jusqu'à nos jours est marquée par deux périodes importantes : De 1978 ( Retour d' Ahmed ABDALLAH au pouvoir) jusqu'à 1998( dernière élection d' un président de la République fédérale des Comores), on a assisté à une parodie de démocratie , les candidats qui ont eu le soutien officiel de 'Etat ont toujours la garantie de gagner l'élection , et les candidats de l'opposition font de la figuration à chaque scrutin et si par malheur un candidat de l'opposition croyait à une prétendue victoire, le ministère de l'intérieur faisait tout pour que la victoire reste du côté du candidat de l' administration .
De 2001 à 2015 , on est passé d'une parodie de démocratie à une démocratie balbutiante , la tournante est respectée mais la majorité présidentielle s'arrange pour garder la main au sein du palais du peuple , c'est une drôle de démocratie si les citoyens votent massivement les candidats de l'opposition aux élections législatives , le pouvoir présidentiel de la tournante fait du tripatouillage pour constituer une majorité à l'Assemblée.
Dans notre pays le citoyen qui participe dans un scrutin quelconque n'est plus considéré par le politique. Ce dernier peut soudoyer l'électeur ou lui présenter un programme farfelu ,les candidats de la tournante sortante pourraient être rassurés que la victoire serait toujours de leurs camps tant qu'ils bénéficient du soutien de l'Etat. Les politiques comoriens d'hier comme ceux d'aujourd'hui savent pertinemment , qu'on vote au pays par affinité familiale, villageoise, régionale et insulaire . Les programmes politiques des candidats n'attirent pas les électeurs et on oublie souvent de demander le bilan des candidats de la tournante sortante .
Mais cette situation du manque de respect du vote des comoriens à chaque élection ne va pas durer longtemps, l' exemple de TSIDJé est un avertissement , qui montre quelque chose est d'entrain de changer dans le paysage politique comorien . Les mentalités des comoriens évoluent , et beaucoup ne se considèrent pas comme des électeurs grégaires , ; ces sans- voix méprisés par la classe politique risque de grossir les rangs des oubliés des politiques, et ceux-ci pourraient présager une crise sociale dans les années à venir, si les politiques ne trouvent pasune issue à ce malaise chronique qui ronge le pays depuis des années .
Mohamed IBRAHIM MIHIDJAY, Professeur certifié à Mayotte
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