Un village juché aux confins de la région de Dimani, à l’est de la Grande-Comores, Idjandroidja n’attire plus l’attention des autorités. ...
Un village juché aux confins de la région de Dimani, à l’est de la Grande-Comores, Idjandroidja n’attire plus l’attention des autorités. Les quelques infrastructures qui y sont, c’est grâce à la propre sueur du front de la jeunesse.
Cette localité suspendue dans la région de Dimani, plus précisément le Dimani Ya-Mboini, souffre de tous les maux. L’Etat ne s’y intéresse plus. Et Idjandroidja est livré à lui-même, hélas. En matière d’éducation, une école (en tôles et bois) a vu le jour pour la première fois en 2013. Une seule et unique salle de classe à la disposition des élèves de CP1 et CP2 jusqu’aujourd’hui.
Fin 2014, à l’approche des élections législatives et municipales, le gouverneur de Ngazidja s’y est rendu pour poser la première pierre d’autres salles (en béton) censées absorber un nombre important d’élèves. « Avant 2013, on étudiait à Mtsangadjouw, chef-lieu de la région. Après longues et mûres réflexions, on a décidé de nous construire une école à Idjandroidja. Aujourd’hui l’on compte 45 élèves pour les deux classes », fait savoir WadjibouIbouroi, directeur de l’école primaire publique d’Idjandroidja.
Lui, Wadjibou, est le seul et unique fonctionnaire d’Etat natif d’Idjandroidja. « Tout le village entier s’était mobilisé pour intervenir auprès du gouverneur de Ngazidja », précise Chafioun Abdou, un jeune actif de la localité, à propos de l’inclusion de Wadjibou à la fonction publique.Le projet de quatre salles initié par Mouigni Baraka commence à prendre corps. Actuellement, les poutres sont déjà dressées. « Nous comptons finir tous les travaux d’ici à la rentrée scolaire prochaine », souhaite les jeunes du village.
A les entendre, c’était à partir de 2010 que le village a commencé à accouché des bacheliers. Et aujourd’hui l’on compterait moins d’une dizaine. «Nous étions loin, tellement loin », note Wadjibou, qui espère que grâce à cette école, le village va sortir tôt ou tard de l’ornière. Le seul et unique fonctionnaire d’Etat,WadjibouIbouroi, qui est le directeur de l’école primaire public est tout de même optimiste. « A partir de janvier de cette année, on a quelques stagiaires dans l’administration », fait-il observer. Ils sont deux stagiaires, selon un autre interlocuteur.
Sur le plan infrastructures villageoises, Idjandroidja dispose d’une mosquée de vendredi bien remarquable. Un terrain non aménagé accueille toutes sortes d’activités et manifestation locales. L’entretien de la route et des ruelles est assuré par les jeunes du village qui se montrent de plus en plus dynamique pour le développement de leur village.
Mais comment trouvent-ils les moyens pour mener les activités pour le développement communautaire de leur petite localité ? « Nous organisons des votes individuels ou familiaux, afin de collecter de l’argent pour financer nos projets », Chafiou Abdou, un jeune de la localité.
Malgré sa petitesse, Idjandroidja n’échappe pas à la règle. Il a des enfants au sein la diaspora comorienne en France. « Ils sont quatre », informe un villageois. Du coup, pour le développement local, les jeunes ne misent pas beaucoup sur la diaspora.
L’économie d’Idjandroidja est basée sur l’agriculture. La banane occupe la première place. Hormis cette domaine potentiellement économique pour le village, il ya aussi l’activité d’extraction du sable. « Pour 8 mètres cube de sable, on vend à 20 000Kmf. Et c’est l’activité principale des jeunes locaux pour en tirer nos ressources », soutient un de ces jeunes qui passent tout son temps à creuser le sol pour faire sortir la matière.
La pêche artisanale est pratiquée très faiblement. Seulement une personne possède une embarcation de pêche. « Et ce n’est pas tous les jours qu’il va en mer ».
La localité est riche en histoire. Rien qu’elle soit la première où Mchamboulou (Léon Humblo) a posé ses pieds. « C’est dans ce village que Mchamboulou est venu en premier », dit avec fierté Boina Mmadi Wa’chahidi, un vieillard de 108 ans, qui connait l’histoire du village comme sa poche. «Ici il y’a avait un éleveur de vaches appelé Mnankondro. Il est originaire de Malé Mbadjini, d’où il s’était fait chasser parce que ses bétails faisaient des dégâts sur les cultures vivrières des autres. Mnankodro fut le premier à habiter les où nous sommes aujourd’hui.
Il a développé un important cheptel de bétail. Tout le monde venait ici s’acheter les vaches pour les grands mariages. Un jour, des Arabes sont venus de Tanzanie acheter des bœufs. Leurs bateaux ont embarqué chacun huit bœufs. Mnankodro n’a pas pris l’argent. Il a demandé aux envoyés de le retourner à leur patron. Ce dernier, étonné après avoir reçu les seize bœufs gratuitement, s’est rendu aux Comores quelques semaines après pour visiter le généreux donneur de huit bœufs. Il a séjourné une semaine avec Mnankondro, puis l’emmena avec lui en Tanzanie il lui offrira un terrain clôturé », raconte le vieux séculaire. Grace à l’important bétail de Mnakondro, tout le monde s’y rendait pour trouver n’importe quel nombre de bœufs souhaité. C’est ainsi qu’à l’époque, Idjandroidja a été baptisé Idjoindrazi, c'est-à-dire, le solutionneur.
Toufé Maecha