Dans la torpeur de l’été Med in Marseille, veille, deux événements avaient attiré notre attention. Ils étaient en rapport avec la communaut...
Dans la torpeur de l’été Med in Marseille, veille, deux événements avaient attiré notre attention. Ils étaient en rapport avec la communauté comorienne et nous en avons voulu savoir un peu plus. Pour mémoire : le retrait de la délégation de sportifs comoriens des jeux de l’Océan Indien au prétexte que la France avait fait défiler des athlètes de Mayotte derrière le drapeau français en contradiction avec la charte de ses jeux - la célébration le 3 août 1975 de l’arrivée au pouvoir d’Ali Soilih M’tsahiwa aidé dans sa tâche par Bob Denard, notre Bob mercenaire de son état et soldat de fortune ou d’infortune du gouvernement français qui fera de l’archipel son champ de manœuvre pendant de longues années. Pour le premier événement, j’ai eu la dent dure avec le gouvernement des Comores, dans un article j’ai dénoncé un nationalisme de pacotille.
Mais je ferai là un demi : "Errare humanum est, perseverare diabolicum" et comme notre rédaction se fait un devoir de croiser ses sources, nous avons décidé d’interviewer par téléphone une personnalité impliquée de cette communauté, une grande dame connue pour son dynamisme et son militantisme pour la cause de cette nation : Nouriati DJAMBAE, d’Europe Ecologie Les Verts, élue de la république, conseillère des 15ème et 16ème arrondissement de Marseille et élue à la Communauté Urbaine de Marseille Provence Métropole. Je la remercie d’avoir répondu à nos questions et de la pertinence de son analyse.
Photo.Nouriati DJAMBAE
Sur le premier point, les Jeux des Iles de l’Océan Indien, elle soutient la position du gouvernement comorien et inclus cette démarche dans une réponse plus globale aux manquements répétés de la France face au droit international et à la charte des jeux dont je vous livre un article : Article 3 : « les membres – Comores, Madagascar, Maldives, Maurice, Mayotte, Réunion, Seychelles. Admission de Mayotte : la demande d’admission de Mayotte en tant que membre du CIJ (Conseil permanent International des Jeux des Iles de l’Océan Indien) a été acceptée à l’unanimité par une résolution spéciale, lors de la réunion du CIJ du 21-22 avril 2006.
Cette adhésion de Mayotte est soumise au respect des conditions suivantes : Mayotte participe aux réunions de toutes les instances du CIJ sans droit de vote et avec voix consultative – En toute occasion et cérémonie nécessitant l’utilisation d’un drapeau elle utilisera celui des Jeux et n’arborera aucun symbole de l’Etat Français (hymne et drapeau) ». Donc la France a bien violé la charte et la prise de position des responsables comoriens est légale. Mais entre la signature de cette charte il y a eu un événement que nous pouvons citer, la transformation de Mayotte en une entité exerçant les compétences dévolues aux départements et région d’outremer avec un vote du 29 mars 2009 qui a vu 41160 votants sur 71420 inscrits approuvés cette démarche qui conduit à la départementalisation. Ce n’est pas une excuse, et nous avons là un conflit entre le droit constitutionnel français sur lequel s’appuie les Mahorais et le droit international fondement des démarches des comoriens.
Nouriati DJAMBAE dénonce le jeu toujours trouble de la France, elle précise que le coup d’éclat du retrait de la délégation comorienne de ces jeux c’est aussi une opportunité pour ramener le cas de Mayotte à la une des médias, l’Organisation des Nations-Unies ferme les yeux sur l’attitude de la France depuis des années sur ce conflit territorial. L’ensemble de la communauté internationale ne doit plus ignorer cette réalité se caractérisant par des centaines de milliers de mort formant entre les trois autres iles et Mayotte depuis « le visa Balladur » institué en 1995 le plus grand cimetière marin au monde.
Coup de projecteur sur un imbroglio colonial laissé volontairement en suspens. Il est sûr que pour l’État comorien agir contre la France, membre permanent du Conseil de Sécurité, n’est pas une chose aisée. Même si l’Organisation des Nations-Unies ne reconnaît pas officiellement Mayotte comme un département français et que l’Union Africaine, la Ligue des Etats Arabes et la Conférence Islamique s’oppose à l’occupation française.
Notre élue rappelle les nombreux coups d’états au Comores souvent manigancés par la France. Elle précise que les 150 ans de colonisation de la France sur l’archipel, n’a pas réellement modernisé le territoire comorien, puisque durant sa souveraineté, elle cite le chiffre de 27,5% d’enfants scolarisés en école primaire et souligne que du temps de l’occupation française l’eau potable était disponible là où se trouvait son administration, une pratique qui perdure actuellement à Mayotte.
Elle porte à notre connaissance le mépris de la nation comorienne qui fait qu’en 2015, le consul des Comores à Marseille est un français, Jean-Victor Cordonnier, dernier premier adjoint socialiste de Gaston Defferre, qui lui-même avait remplacé Stéphane Salord personnalité bien connue dans notre région. Pourtant la diaspora ne manque pas de jeunes talents hommes et femmes pouvant accomplir cette tâche. Avec 120 000 comoriens à Marseille nous avons le choix de l’excellence et nous pouvons en finir avec cette situation néo-coloniale.
Pour en revenir aux entorses par la France en matière de droit internationale citons quelques faits : Le 22 décembre 1974, la Chambre des députés des Comores vote une résolution demandant l’indépendance, majorité de 34 voix sur 39.
La minorité mahoraise à voter contre. Le 15 juin 1973, la France et le gouvernement territorial comorien de M. Abdallah signe une déclaration commune prévoyant l’organisation d’une consultation populaire. Sur une recommandation de l’Onu, une loi du 23 novembre 1974, précise que si le classement des résultats se fera île par île, la proclamation des résultats en sera globale. Le 22 décembre 1974 l’indépendance est acceptée par 94,56% des votants. Oui pour Anjouan, Grande Comores et Mohéli, mais 2/3 des suffrages des mahorais sont pour le statut quo soit 63,82% des suffrages exprimés. Mais le Sénat français, influencer pour ma part par le lobby militaire souhaite faire une exception pour Mayotte et viole les accords.
L’île se voit concéder le droit de rester dans la république. La Chambre des députés de Moroni déclare unilatéralement à l’unanimité des votants soit 33 voix sur 39 l’indépendance de l’archipel le 6 juillet 1975. Nous sommes là à l’origine du conflit qui sépare encore par une frontière inique un même peuple. La France confortera sa position en faisant voter le 8 février 1976 les Mahorais qui se prononceront à 99,4% contre l’indépendance. Des résultats dignes de l’Union soviétique. Une résolution des Nations-Unies du 21 octobre 1976 par 102 voix contre 1 condamne la France pour son référendum et ceux à venir pour violation du principe de l’intégrité territoriale des entités coloniales. Une dernière résolution de l’Onu en date du 28 novembre 1994 réaffirme la souveraineté des Comores sur Mayotte. Mais depuis 1995 silence total. D’où le coup d’éclat aux Jeux des Iles de l’Océan Indien. Le constat est sans appel, nous violons bien le droit international et une charte sportive que nous avons signé.
Nouriati DJAMBAE insiste sur le fait que les élections sont un choix collectif qui doivent être appliqué, les Comores ont voté massivement pour l’indépendance, que cette indépendance doit être appliquée à la totalité des Comores conforment au droit international, évidement des choix individuels sont possibles, mais ils ne concernent que les individus qui le désirent. Elle est aussi très lucide sur les enjeux géopolitiques de contrôle de Mayotte par la France, qui fait partie de son domaine maritime, une des composantes qui fait de nous la deuxième puissance territoriale maritime par la superficie contrôlée. Sur ce point j’ai esquissé les possibilités de la France de construire une vraie politique de la mer, un peu comme la pense Jean-Luc MELENCHON, là mon interlocutrice connaissant très bien la problématique de la pêche et surtout en France, celle que l’on dit artisanale, m’interpelle sur le fait que la France devrait d’abord se soucier de ses propres côtes et des aberrations de la PCP, Politique Commune de la Pêche, des règles européennes qui ruinent la pêche française. Commençons à regarder ce qui passe chez nous, avant de réfléchir à l’échelle du monde. Message passé.
Nous avons abordé ensuite la célébration de l’anniversaire du 3 août 1975 avec l’arrivée au pouvoir d’Ali Soilih M’tsashiwa. D’emblée Mme DJAMBAE m’a signalé qu’elle n’était pas une inconditionnelle de la politique de ce leader. Mais que c’est elle qui avait eu l’idée de cette commémoration en France, commémoration qui a été officialisée aux Comores par le gouvernement actuel. Cette manifestation elle l’a monté en quelques jours avec le soutien d’une petite équipe. Son but au-delà de célébrer un leader que beaucoup trouvaient visionnaire et incorruptible était d’amorcer l’écriture de l’histoire des Comores, pour que l’ensemble de la diaspora et tous les comoriens est accès à leur histoire nationale. Sa cible principale, les jeunes, pour leur rendre dignité, fierté et connaissance de l’histoire de leur pays d’origine.
Elle souhaite que l’éducation nationale française soit en mesure d’offrir à tous les jeunes venant hors de France ou issus des migrations, en particulier ceux issus d’ancienne souveraineté française, un livre d’histoire, de leur histoire de leur pays d’origine. Un ouvrage charnière répondant aux carences des manuels actuels qui occultent cette question. L’ambition est belle, le projet séduisant, faut-il encore qu’il rencontre des interlocuteurs décisionnaires séduits par l’aventure et le défi. Pour la partie Comores, je fais confiance à Mme DJAMBAE, je sais qu’elle mènera à bien son projet. Elle sait que l’histoire, l’écriture du roman national est un enjeu avant tout politique, de consolidation d’une communauté qui se reconnaît dans un passé commun et se fédère encore mieux pour aborder la résolution des problèmes de l’instant et commencer à se projeter dans un avenir commun.
l’équipe organisatrice
Félicitation madame pour votre initiative. Si tous les élus de notre république avait vos convictions et votre force pour rassembler les citoyens et vous vous le faite au-delà des mers entre deux nations et deux peuples peut-être que nous arriverons à retisser notre maillage social et à réécrire notre pacte républicain dont nous avons tant besoin. J’ai aussi bien aimé votre parallèle entre Ali Soilih et Thomas Sankara dont l’assassinat fait l’objet d’une nouvelle enquête pour enfin connaître la vérité ou du moins une partie d’elle. Vous avez souligné quelques traits de la politique de ce président comorien qui a voulu l’émancipation des femmes et rappelait les manifestations ou les comoriennes finissaient en brûlant leur voile. Un acte hautement symbolique.
Quand on essaie de se renseigner sur Ali Soilih, on s’aperçoit vite de la condamnation sans appel des occidentaux qui très tôt le taxèrent de marxiste qui en ces temps de guerre froide le transformait en paria à abattre. La situation au Mozambique et à Madagascar à l’époque ne firent qu’accélérer sa chute. Personne ne voulait de flotte russe aux Comores, alibi facile pour se débarrasser de tous les progressistes. Le 13 mai 1978, Bob Denard le mercenaire tricolore fait la sale besogne et le renverse ramenant Ahmed Abdallah au pouvoir. Ali Soilihi trouve la mort dans des conditions non encore élucidées. On dit qu’il y a eu des manifestations de joie dans les trois îles à sa chute, plus personne ne supportait sa révolution culturelle à la chinoise, ses gardes rouges, ses milices lycéennes, ses commandos mwassis qui se livrèrent à des massacres dans les villages de Iconi et de M’Benni, ses camps militaires prisons où l’on torturait et le travail forcé pour les opposants et les notables. Mme DJAMBAE je crois que vous avez du pain sur la planche et une histoire des Comores à nous écrire. Merci.
Pour ma part je terminerai en pointant l’état préoccupant de nos territoires d’outremer : chômage, drogue, pollutions agricoles, école et formation professionnelle en crise, RSA en contrepartie de la paix sociale, etc. la survivance d’une gouvernance néo-coloniale au XXIème siècle sans oublier le scandale au plus haut niveau de l’Etat qui a perduré en Polynésie sous le règne de Gaston Flosse. J’attends avec inquiétude ce qui va se passer en Nouvelle-Calédonie et je vois l’ombre des compagnies minières australiennes et chinoises recouvrir le pays pour le malheur à venir de ces habitants.
Texte de l’intervention de Nouriati DJAMBAE
Remerciements
Merci de votre présence à tous, à la société civile, aux militants, aux familles, à nos mères qui accompagnent leurs enfants, aux élus membres ou pas de la diaspora comorienne.
En haut la famille dont l’épouse de l’ex-président, en bas des notables membres de la communauté comorienne de Marseille
En Préambule
Je voudrais avant tout, remercier la belle équipe, qui s’est fortement impliquée, malgré le peu de temps et de moyens que nous avions, pour enfin nous réunir aujourd’hui, dans cette salle sous la même bannière ;
Le rêve de tout enfant est d’être auprès des siens, nous sommes les enfants de ce peuple comorien, un peuple en souffrance dans beaucoup de domaines, notamment celui de l’accès au savoir, à la connaissance de son histoire, la Nôtre.
Cette aventure humaine, plus précisément ce combat, nous a permis de voir, je le répète : la force que nous constituons et que nous ignorons, mais aussi les lacunes que nous devons pallier pour faire avancer nos causes aussi diverses qu’elles soient ici, dans notre pays d’origine ou ailleurs.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à souligner que cette belle aventure humaine nous a permis de constater le soutien des Marseillais à l’égard de notre communauté, comorienne et Franco-comorienne, nous ne pensions pas qu’il était aussi grand ; nous avons reçu des messages d’encouragement et de réussite très touchants.
Je ne peux pas vous relater l’ensemble des témoignages, le temps imparti est court, mais Dieu sait que, durant mon parcours professionnel, de militante et de femme politique, en 20 ans j’ai eu l’occasion à plusieurs reprises d’organiser des évènements, rencontres-débats mais ils ont rarement emporté une telle unanimité en terme de soutien ; cela met en évidence et nous prouve une fois encore que notre salut se trouve dans l’unité, dans l’union de nos forces ;
Et la force qui nous a unis pour la même cause, est celle de l’histoire commune que nous souhaitons aujourd’hui partager ensemble.
De l’idée à la construction, puis à la mise en place de cette commémoration liée au 40ème anniversaire du 03 aout 1975, fêté ici à Marseille, à Moroni, capitale des Comores, voire dans d’autres régions du monde, nous avons constaté que nous avions soif d’apprendre, de connaitre certains pans de notre patrimoine commun, l’Histoire du peuple comorien, en particulier celui d’un homme de convictions, incompris, dévoué jusqu’à son dernier souffle à ce peuple qu’il a tant aimé.
Comme l’a relaté tout à l’heure notre ami Salim lors de son intervention, ce qui marque la particularité de cette date historique, c’est le bouleversement d’une civilisation, celle de la nation comorienne. La nôtre.
Mais on ne peut pas évoquer cette date sans parler de cet homme qui, comme l’a souligné, Michel LAFON dans son ouvrage « l’éloquence comorienne au secoures de la révolution – les discours d’Ali SOILIHI (1975-1978 » ; dans sa quatrième page de couverture des éditions l’harmathan Mansafara dès la première ligne il dit qu’ « Ali Soilihi, comme Socrate a beaucoup parlé mais peu écrit ».
Nous ne sommes pas là pour faire le bilan de cet homme qu’a été Ali Solihi, au service de son peuple, nous sommes là pour honorer cette date historique qu’est le 3 aout 1975 caractérisé par un évènement réalisé sans qu’une goutte de sang coule ;
Je n’ai pas la prétention de vous apprendre l’histoire, mais partager avec vous quelques grandes lignes qui constitue l’héritage de notre communauté, celle aussi de la France et de ses enfants franco-comoriens.
Bien que son action fasse l’objet de controverses, quoi qu’on dise, Ali Soilihi est celui qui a marqué nos esprits. Je vous rappelle que Pierre et Emanuel Verin c’est dire père et fils dans leur livre « Archive de la Révolution comorienne » collection l’harmattan ont dit, je cite : « la révolution comorienne à dépasser les frontières ou elle est apparue, pour appartenir aux pays du Tiers Monde ». Dès le lendemain de sa mort, ses successeurs ont volontairement effacé toute trace de son passage. Pourtant l’histoire de ce révolutionnaire autant contesté qu’aimé, appartient à tous les comoriens et s’inscrit aussi dans l’histoire de l’humanité, en d’autres termes dans l’histoire comorienne, française, et internationale.
Pour entrer dans le vif du sujet , je souhaite rappeler, comme le disait Mao Tsé Toung que : « La révolution n’est pas un dîner de gala ; elle ne se fait pas comme une œuvre littéraire, un dessin ou une broderie ; elle ne peut s’accomplir avec autant d’élégance, de tranquillité et de délicatesse, ou avec autant de douceur, d’amabilité, de courtoisie, de retenue et de générosité d’âme. La révolution, c’est un soulèvement, un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre » ;
Et j’ajouterai en illustration de cette introduction ce que disait, il me semble Karl Marx, je cite : « La violence est l’accoucheuse de l’histoire ». Pourtant, malgré ces affirmations, aucune goutte de sang n’a coulé le 3 aout 1975 ! Et pendant cette courte période de 1975 à 1978…Le statut de la femme a été modifié.
Ali SOILIHI osons le dire est la lumière du jour pour la femme comorienne, bien qu’elle soit partie intégrante d’un peuple matriarcal, cette femme avait été trop longtemps maintenue dans l’ombre.
La femme comorienne a pris toute sa place dans la révolution culturelle Soilihiste
La femme avant le règne d’Ali Soilihi était celle qui devait rester à la maison ; ainsi pour l’aînée des filles, réservée au grand mariage, nul ne pouvait la voir avant que soit constituée l’union avec son époux. S’agissant des filles plus jeunes d’une même fratrie, au lieu de les envoyer à l’école s’instruire, elles devaient en priorité porter l’eau pour les besoins vitaux et hygiéniques de la famille et pourtant la France était là.
Aussi Ali SOILIHI a prôné la femme moderne, une femme libre de choisir si elle voulait devenir mécanicienne, maçon, militaire, voire même garde du corps, des métiers souvent réservé aux hommes.
La place de la femme aujourd’hui
Tout le monde reconnaît que le niveau de développement d’une société s’évalue à la place qui est faite aux femmes dans cette société.
Ali SOILIHI s’est inspiré de l’idéologique maoïste. Pour rappeler l’importance de la femme dans le monde, Mao ne disait-il pas qu’elle était la moitié du ciel ? Une manière d’affirmer l’égale importance entre les genres.
En accédant au pouvoir, avec le Front National Uni, Ali SOILIHI n’a pas oublié ses exigences dans ce domaine.
Il a voulu affirmer l’égalité en droit entre les femmes et les hommes, ce qui représentait une véritable révolution culturelle dans la société comorienne ; Il a soutenu des manifestations de femmes qui ont achevé leur défilé en brûlant les voiles. Mais ce soutien à l’émancipation de la femme comorienne n’est sans doute pas pour rien dans la réaction de la société après l’assassinat de d’Ali SOILIHI.
Pourtant, Ali SOILIHI n’a pas présenté de positions contre la religion. Il a critiqué la lecture de l’Islam par certains religieux, estimant qu’une bonne interprétation du Coran ne s’opposait pas du tout, au contraire, à l’émancipation des femmes.
Malgré tout, bon nombre de la société ont eu peur de cette « révolution », craignant qu’elle ne déstabilise la famille et qu’elle soit porteuse d’anarchie et de troubles.
Aujourd’hui, il est clair qu’’Ali SOILIHI était un précurseur aussi dans ce domaine. La société comorienne a perdu du temps dans sa modernisation et il s’agit maintenant de reprendre le flambeau allumé par le leader de révolution comorienne.
Ali SOILIHI a ouvert une voie, il nous faut maintenant suivre ce chemin pour permettre aux femmes comoriennes et finalement à toute la société d’entrer dans le 21ème siècle afin de permettre à tout le peuple des Comores, et non seulement à une moitié, de travailler à l’indispensable développement du pays !
Conclusion
Aujourd’hui Que nous apporte la Commémoration du 3 Août 1975 ? Et quel est l’héritage d’Ali SOILIHI sur les évènements qui ont eu lieu sans une goutte de sang.
Le public
En effet, dans sa révolution, Ali SOILIHI a apporté, à nous les femmes, une bouffée d’air, pas une brise légère qui passe et que l’on ne saurait attraper, mais un air de liberté, cette liberté que Paul ELUARD a tant aimée comme il l’a d’ailleurs exprimé dans un hymne dédié à la femme durant la seconde guerre mondiale.
Comment se reconstituer à travers nos dates historiques ?
On ne peut pas construire dans l’ignorance ; Il est donc de notre responsabilité de chercher à connaitre tous les aspects de notre histoire pour qu’elle soit enseignée à tous, afin que chacun se fasse une opinion ;
De la même manière, nous devons aborder tous les volets de l’action d’Ali SOILIHI.
Une certitude, cependant, Ali SOILIHI nous a laissé en héritage l’assurance qu’ensemble nous pouvons obtenir des résultats. Nous devons poursuivre la lutte contre l’injustice, la corruption, pour une répartition équitable des richesses, pour l’égalité entre tous les citoyens, en particulier pour la liberté et les droits de la femme.
Voilà, chers amis, les bases de ce que pourrait être un échange fructueux destiné à améliorer le sort de l’Union des Comores et de notre diaspora comorienne et Franco-comorienne.
Merci pour votre écoute.
Texte de Kéva, son fils
Mesdames. Messieurs. Chers Compatriotes. Honorable Assistance que la Paix soit avec vous.
Je prends la parole ici au nom d’un jeune Franco-Comorien, pour m’adresser modestementet humblement à la jeunesse de mon pays, tant celle des Comores que de la diaspora.
Tout a été dit (ou presque) par mes oncles qui m’ont précédé, sur les objectifs d’une révolution qui fait l’objet de cette commémoration, et sur la personne qui l’avait incarné.
Je suis un jeune Comorien né en France qui n’a ni connu l’homme qui avait pour nom Mongozi Ali Swalihi (que paix à son âme) ni l’époque de son règne.
Kéva DJAMBAE
Toutefois, je veux juste m’adresser aux jeunes et rappeler ce que Mongozi Ali Swalihi avait comme idée vis à vis de la jeunesse.
Il avait intégré la jeunesse dans son projet politique pour le développement des Comores, en répétant inlassablement que " la Jeunesse Comorienne est le fer de lance de cette Révolution".
Il avait bien compris que la jeunesse est l’avenir de tout un peuple, une Nation.
Il a voulu que la jeunesse soit acteur plutôt que spectateur, qu’elle soit impliquée dans les décisions qui la concerne....
Il a voulu appliquer ce qu’un autre célèbre révolutionnaire avait dit : "La meilleur façon de rendre un enfant adulte, c’est de le responsabiliser. Une jeunesse qui ne crée pas est une ANOMALIE " (LE CHE).
Ali Swalihi avait bien compris qu’on ne peut pas développer un pays, libérer les énergies en renfermant, marginalisant sa force vive....
Au-delà, du fait qu’il a libérer la jeunesse Comorienne, mais surtout il nous a laissé ce message d’espoir : la jeunesse Comorienne est utile à son peuple et nation.
HONORABLE ASSISTANCE :
Comme Franz Fanon le disait si bien : " La jeunesse doit accomplir sa mission : SERVIR ou TRAHIR ".
J’en appelle à la jeunesse Comorienne partout où elle se trouve de choisir à SERVIR et non pas TRAHIR, l’espoir de tout un peuple.
Depuis 40 ans, la jeunesse Comorienne sur le plan politique n’a pas de repères, elle est abandonnée à elle-même. Elle n’a pas la moindre perspective d’avenir. Un état qui abandonnesa jeunesse (entre autres) est un état en déliquescence, en faillite politique et morale....
Nous voyons aujourd’hui ce qui se passe de très grave au sein de notre jeunesse, la jeunesse Comorienne, aussi bien ici qu’aux Comores... Une jeunesse abandonnée à son triste sort qui de ce fait ne peut imaginer qu’un avenir morose.
N’oublions pas que nos parents étaient les jeunes d’hier, et nous seront les parents de demain. Nous devrions donc œuvrer pour la construction d’un avenir meilleur pour nos enfants, pour le pays.
Très modestement, je lance un appel à la jeunesse Comorienne partout où elle se trouve de prendre conscience et de s’impliquer dans le combat pour le développement de notre pays. Le temps est venu pour s’organiser, être uni pour construire notre pays.
Nous devons être unis comme le souhaitait Ali Swalihi, unis pour l’émergence et le développement de notre terre, afin de connaitre le bonheur et la prospérité ! Nous devons oublier nos divergences pour s’unir et œuvrer ensemble pour l’intérêt commun. C’est ainsi que notre pays pourra se développer, que nous pourrons avoir la tête haute et être fier d’être comorien.
Malgré tout, je souhaiterais porter à votre attention une réflexion personnelle car malgré toute ma bonne volonté, un problème primordial c’est posé.
Comment notre peuple peut-il se construire sans une transmission objective et réelle de sa propre histoire ?
Pour réaliser le présent exposé, je n’ai malheureusement pu avoir accès qu’à des ouvrages clairement orientés (pour/contre) ou des documents réalisés par des « experts » étrangers. Mais ce problème n’est ni propre à notre patrie, ni à notre peuple ! C’est un problème général de la communauté noire, comment pouvons-nous vouloir accéder à la prospérité et la connaissance lorsque la majorité de nos compatriotes n’ont aucune idée de l’histoire de leurs ancêtres ?
Il est nécessaire que l’intégralité des comoriens, issus de la diaspora ou non, connaisse son histoire pour ainsi pouvoir développer son sens critique ! Comment identifier une entreprise néfaste si nous ne pouvons établir aucune comparaison ? Nous sommes à l’heure actuelle comme des enfants qui découvrent l’atrocité du monde moderne.
L’émancipation passe par le développement de la pensée et cela n’est possible que si nous avons une connaissance exacte de notre histoire afin de ne pas perdurer les erreurs commises par nos aînés.
En tant que jeune franco-comorien clairement engagé à gauche, érigeant l’intérêt du peuple en priorité absolue, je suis globalement en accord avec la ligne politique de feu Ali Swalihi malgré toutefois certaines divergences.
Mais ma principale interrogation reste : comment juger l’action porté par un mouvement politique quand il est impossible pour nous, jeunes franco-comoriens vivant en France depuis leur naissance, d’avoir accès à un contenu objectif de ses actions et des conséquences de cette révolution.
Il est absolument primordial de réaliser ce travail d’information pour faire perdurer actions bénéfiques de nos aînés, pour développer et améliorer l’éducation de notre génération et celle à venir afin qu’ils sachent avec précision leur histoire. Tout cela permettrait ainsi, l’unification de notre peuple car sans histoire comment pouvons-nous rêver d’une nation comorienne indépendante, autonome et prospère !
MERCI DE VOTRE ATTENTION !
Par Michel Bonelli - Dans > En direct de Marseille