Les élections sont terminées et les institutions installées. Quelques leçons peuvent donc être tirées. Au premier regard, forcément dis...
Les élections sont terminées et les institutions installées. Quelques leçons peuvent donc être tirées.
Au premier regard, forcément distrait, il y a deux gagnants (UPDC et Juwa) et deux perdants (RDC et Orange). L’UPDC parce qu’il s’est servi des gigantesques moyens de l’Etat pour faire campagne ; Juwa gagne là où l’électorat anjouanais est majoritaire (Anjouan et Moroni). Sambi a su en fait profiter de la disparition d’Ahmed Abdallah en occupant l’espace vacant qu’il a laissé à sa mort : aucun autre leader anjouanais n’avait pu, depuis la disparition de ce leader charismatique, se hisser à l’échelle nationale ; et du coup l’électorat anjouanais s’est jeté, à tort, dans ses bras, pieds et mains liés. Mais le succès de Sambi repose également sur deux autres paramètres : la politisation de la religion et le rejet de la France. Tout cela seulement dans les discours car, chez ce politique manipulateur, les faits suivent rarement les discours... Occupation de l’espace politique anjouanais, détournement de la religion à des fins politiques et dénonciation de l’impérialisme ou néo-impérialisme, voilà les trois ingrédients qui font la popularité de Sambi.
Revenons aux deux grands perdants des dernières élections : le RDC et Orange. Ces deux jeunes partis politiques ont surestimé leurs forces. Le premier croyant qu’il pouvait trop facilement rééditer ses précédentes réussites et le second par l’ivresse du pouvoir : son leader a cru que l’argent pouvait tout acheter dans un pays pauvre, que l’habileté politique et les manœuvres électoralistes pouvaient tromper tout le monde et tout le temps !
Seulement au deuxième regard, plus attentif, le vrai gagnant, c’est la CRC qui, sans disposer ni de Mrodjou ni de Beit Salam, a pu faire élire deux députés et aider à faire gagner d’autres députés (UPDC et Radhi). Radhi est d’ailleurs l’autre parti méritant, qui, avec peu de moyens, a pu emporter un conseiller et un député.
Mouigni Baraka a commencé à sombrer dès l’instant où il a décidé de passer directement de Mrodjou à Beit Salam ! Et il continue depuis de s’enfoncer. Car comment a-t-il pu croire qu’un parti politique fondé fin 2013, puisse en 2015 devenir le premier parti de l’île de Ngazidja ? Comment a-t-il pu croire que sa gestion de l’île de Ngazidja qu’il assure en fait seulement avec ses amis douaniers et commerçants crée autant de sympathie autour de sa personne ?
Non : le RDC n’est pas un géant mais un nain politique ; suicidaire en plus ! Son leader a utilisé toutes les cartes entre ses mains (distribution de contrats fictifs à de jeunes au chômage, remaniement de son équipe un mois avant les élections, distributions de billets de banque, rapatriement de quelques figures de la diaspora...) pour arriver finalement à de maigres résultats (trois de ses fidèles lieutenants sont d’ailleurs sèchement battus : Djaé Ahamada Chanfi, Mohamed Soulé et Raoul Delapeyre !)
Si Mouigni Baraka ne se bat pas seulement pour conserver son actuel poste (ce qui serait déjà une réussite pour lui), il disparaîtra, avec son parti, dans un an, de la vie politique. Qu’il regarde un peu le parcours de ses prédécesseurs : ils étaient politiquement plus expérimentés que lui ; ils ont utilisé les mêmes moyens que lui pour seulement conserver leur poste. Et ils ont tous les deux dramatiquement échoué ! Et lui, il voudrait passer, d’un coup de baguette magique, de Mrodjou à Beit Salam ! Quel culot !
Qu’on ne s’y trompe donc pas : le RDC, sans les moyens du gouvernorat de Ngazidja, n’existerait pas. L’ivresse du pouvoir ne devrait pas empêcher de voir des réalités aussi banales.
Nassurdine Ali Mhoumadi, docteur ès Lettres, ancien enseignant à l’Université des Comores, fondateur du groupe scolaire Léopold Sédar Senghor (Nioumadzaha Bambao) est professeur de Lettres modernes dans la région lyonnaise. Il a signé trois essais chez l’Harmattan : Un Métis nommé Senghor (2010), Le Roman de Mohamed Toihiri dans la littérature comorienne (2012) et Réception de Léopold Sédar Senghor (2014). Il est chroniqueur à Albilad (hebdomadaire publié à Moroni).
Au premier regard, forcément distrait, il y a deux gagnants (UPDC et Juwa) et deux perdants (RDC et Orange). L’UPDC parce qu’il s’est servi des gigantesques moyens de l’Etat pour faire campagne ; Juwa gagne là où l’électorat anjouanais est majoritaire (Anjouan et Moroni). Sambi a su en fait profiter de la disparition d’Ahmed Abdallah en occupant l’espace vacant qu’il a laissé à sa mort : aucun autre leader anjouanais n’avait pu, depuis la disparition de ce leader charismatique, se hisser à l’échelle nationale ; et du coup l’électorat anjouanais s’est jeté, à tort, dans ses bras, pieds et mains liés. Mais le succès de Sambi repose également sur deux autres paramètres : la politisation de la religion et le rejet de la France. Tout cela seulement dans les discours car, chez ce politique manipulateur, les faits suivent rarement les discours... Occupation de l’espace politique anjouanais, détournement de la religion à des fins politiques et dénonciation de l’impérialisme ou néo-impérialisme, voilà les trois ingrédients qui font la popularité de Sambi.
Revenons aux deux grands perdants des dernières élections : le RDC et Orange. Ces deux jeunes partis politiques ont surestimé leurs forces. Le premier croyant qu’il pouvait trop facilement rééditer ses précédentes réussites et le second par l’ivresse du pouvoir : son leader a cru que l’argent pouvait tout acheter dans un pays pauvre, que l’habileté politique et les manœuvres électoralistes pouvaient tromper tout le monde et tout le temps !
Seulement au deuxième regard, plus attentif, le vrai gagnant, c’est la CRC qui, sans disposer ni de Mrodjou ni de Beit Salam, a pu faire élire deux députés et aider à faire gagner d’autres députés (UPDC et Radhi). Radhi est d’ailleurs l’autre parti méritant, qui, avec peu de moyens, a pu emporter un conseiller et un député.
Mouigni Baraka a commencé à sombrer dès l’instant où il a décidé de passer directement de Mrodjou à Beit Salam ! Et il continue depuis de s’enfoncer. Car comment a-t-il pu croire qu’un parti politique fondé fin 2013, puisse en 2015 devenir le premier parti de l’île de Ngazidja ? Comment a-t-il pu croire que sa gestion de l’île de Ngazidja qu’il assure en fait seulement avec ses amis douaniers et commerçants crée autant de sympathie autour de sa personne ?
Non : le RDC n’est pas un géant mais un nain politique ; suicidaire en plus ! Son leader a utilisé toutes les cartes entre ses mains (distribution de contrats fictifs à de jeunes au chômage, remaniement de son équipe un mois avant les élections, distributions de billets de banque, rapatriement de quelques figures de la diaspora...) pour arriver finalement à de maigres résultats (trois de ses fidèles lieutenants sont d’ailleurs sèchement battus : Djaé Ahamada Chanfi, Mohamed Soulé et Raoul Delapeyre !)
Si Mouigni Baraka ne se bat pas seulement pour conserver son actuel poste (ce qui serait déjà une réussite pour lui), il disparaîtra, avec son parti, dans un an, de la vie politique. Qu’il regarde un peu le parcours de ses prédécesseurs : ils étaient politiquement plus expérimentés que lui ; ils ont utilisé les mêmes moyens que lui pour seulement conserver leur poste. Et ils ont tous les deux dramatiquement échoué ! Et lui, il voudrait passer, d’un coup de baguette magique, de Mrodjou à Beit Salam ! Quel culot !
Qu’on ne s’y trompe donc pas : le RDC, sans les moyens du gouvernorat de Ngazidja, n’existerait pas. L’ivresse du pouvoir ne devrait pas empêcher de voir des réalités aussi banales.
Nassurdine Ali Mhoumadi, docteur ès Lettres, ancien enseignant à l’Université des Comores, fondateur du groupe scolaire Léopold Sédar Senghor (Nioumadzaha Bambao) est professeur de Lettres modernes dans la région lyonnaise. Il a signé trois essais chez l’Harmattan : Un Métis nommé Senghor (2010), Le Roman de Mohamed Toihiri dans la littérature comorienne (2012) et Réception de Léopold Sédar Senghor (2014). Il est chroniqueur à Albilad (hebdomadaire publié à Moroni).