La Cour Constitutionnelle vient de publier ce 13 janvier 2011 les résultats définitifs du scrutin harmonisé du 26 décembre 2010 consacran...
La
Cour Constitutionnelle vient de publier ce 13 janvier 2011 les
résultats définitifs du scrutin harmonisé du 26 décembre 2010 consacrant
votre élection à la présidence de l’Union des Comores avec 60, 91 % des
voix. Selon l’arrêt de la Cour Constitutionnelle, la date de
l’investiture convenue entre le Président en exercice et vous, doit être
communiquée à la Cour Constitutionnelle dans les quinze jours suivant
la proclamation officielle des résultats définitifs des élections du
Président de l’Union des Comores et des Gouverneurs des Iles Autonomes.
Ainsi, vous avez jusqu’au 28 janvier 2011 pour arrêter la date de votre
investiture. Et cette date ne doit pas être lointaine.
Pour la première fois de l’histoire des Comores indépendantes, le pays dispose d’un Président d’un niveau intellectuel très élevé, vous être pharmacien de formation, qui connait les rouages administratifs du pays, vous avez été vice-président du Président sortant et vous avez occupé plusieurs postes stratégiques dans les 8 Gouvernements nommés par le Président SAMBI depuis le 27 mai 2006. Ainsi, vous n’avez pas le droit à l’erreur et vous ne bénéficierez d'aucune période de grâce.
Excellence, Monsieur le Président, certes vous êtes le 1er président de l’Union des Comores originaire de Mohéli, mais vous êtes avant tout le Président de tous les Comoriens. Ne vous laissez pas enfermer dans le sectarisme et le népotisme. Entourez-vous d’une équipe honnête, intègre qui n’est pas mouillée dans la gestion calamiteuse des biens et des deniers de l’Etat. Dans vos premières actions, vous devriez impérativement rendre effective, l’autonomie des îles et la décentralisation. A cet effet, les textes d’application de la réforme constitutionnelle du 17 mai 2009 doivent être élaborés dans les meilleurs délais pour éviter de rechuter dans les conflits de compétence entre l’Union et les îles qui ont miné la vie politique et économique de ce pays. Vous devriez vous concerter le plus souvent avec les Gouverneurs des îles dans la gestion des affaires publiques.
Excellence, Monsieur le Président, l’Etat est faible et inexistant dans plusieurs parties du territoire national. Vous devriez par conséquent renforcer l’autorité de l’Etat et veiller à la présence effective de ses structures administratives sur l’ensemble des îles. Les symboles de l’Etat doivent être visibles partout. L’Etat ne doit pas se limiter á Moroni. Ainsi la mise en place des communes est une nécessité absolue. La commune est un instrument vital dans le développement politique et économique et social d'un pays. Alexis de Tocqueville, dans la démocratie en Amérique a écrit que " C'est....dans la commune que réside la force des peuples libres. Les institutions communales sont à la liberté ce que les écoles primaires sont à la science ; elles la mettent à la portée du peuple ; elles lui en font goûter l'usage paisible et l'habituent à s'en servir. Sans institutions communales, une nation peut se donner un gouvernement libre, mais elle n'a pas l'esprit de la liberté". Vous devriez travailler en étroite collaboration avec les nouveaux Gouverneurs des îles pour mettre en œuvre dans les meilleurs délais les conclusions des travaux du programme de la Coopération décentralisée (PCD) portant sur la communalisation aux Comores. La mise en place des communes apportera une réponse aux épineuses questions de l’état civil, du foncier, de l’occupation des sols, de l’assainissement, de la gestion des centres de santé de district, des écoles primaires publiques. En outre, la mise en place des communes facilitera la création des nouvelles recettes fiscales, la création immédiate de plusieurs milliers d’emplois et le redéploiement des fonctionnaires de l’Etat aux administrations communales.
L’autre défi majeur pour vous excellence, est la question de la fonction publique. L’Etat ne peut pas se permettre d’accumuler les arriérés de salaire de ses fonctionnaires. Pour pouvoir payer les salaires des fonctionnaires, vous avez l’obligation de mettre en œuvre les nouveaux cadres organiques de la fonction publique adoptés par le gouvernement auquel vous avez appartenu pour rationaliser l’effectif des fonctionnaires et donner un coup d’arrêt à l’inflation des statuts particuliers des fonctionnaires. C’est une mesure certes difficile qui aura des incidences sur la vie de plusieurs fonctionnaires, mais nécessaire pour maitriser la masse salariale qui ne cesse de grimper.
La lutte contre la corruption constitue l’autre défi majeur de votre mandat. La corruption tue ce pays et contribue à la déliquescence, à la dégénérescence de l'Etat, à l'affaiblissement des valeurs fondamentales de la société et à la dégradation des mœurs. L'arbitraire, le favoritisme, la suspicion et la délation se sont installés en règle absolue dans cette société. L'opprobre est jeté sur toute la société et la classe politique. Vous devriez être intraitable sur cette question. Et votre idée d’inventorier les biens de l’Etat est un début de réponse á la lutte contre la corruption.
Sur
le plan économique, vous devriez veiller à la mise en œuvre rapide du
plan d’action 2010-2014 de la stratégie de croissance et de réduction de
la pauvreté. Il appartient à l’Etat de s’approprier des différents
programmes contenus dans ce plan d’action mis en œuvre avec le concours
des partenaires au développement. La déclaration de Paris de 2005 sur
l’aide au développement que vous connaissez bien, devra vous guider dans
vos actions avec les partenaires au développement. Cet engagement
international pour l’amélioration de l’efficacité de l’aide prône
l’appropriation. Et cette appropriation, c’est la capacité du pays à
exercer une réelle maîtrise sur ses politiques et stratégies de
développement et à coordonner les actions de développement. Le pays ne
doit pas continuer à subir les orientations des partenaires au
développement. Il doit s’affirmer et veiller au suivi et á l’évaluation
des actions en développement. Ainsi la pauvreté de la population pourra
être réellement réduite.
En outre, pour redynamiser le secteur privé, vous devriez relancer le programme de privatisation des entreprise publiques en vue notamment d’augmenter les ressources budgétaires de l’Etat par la cession des participations de l’Etat, d’augmenter la productivité et la compétitivité des entreprises privatisées, de favoriser l’émergence d’une épargne locale à travers la création d’un actionnariat national et surtout de garantir la fourniture régulière des services de qualité afin d’assurer le bien-être de la population. L’Etat ne peut pas continuer à vouloir assurer les services d’achat du riz, du carburant, de vendre l’électricité, de fournir les services des télécommunications etc...Il a d’autres préoccupations importantes qui sont l’éducation, la santé et la protection de la population.
Enfin, les acquis de la conférence de DOHA de mars 2010 qui a permis de mobiliser une somme de 540 millions de dollars au profit du développement du pays, doivent être préservés et capitalisés. Ne faîtes par l’erreur de 2006 d’avoir abandonné les retombées de la conférence des bailleurs de fonds de Maurice au profit des Comores de décembre 2005.
Excellence, Monsieur le Président, bonne chance et qu’Allah bénisse les Comores
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Adresse publiée dans ce blog le 14 janvier 2011 au lendemain de la
publication des resultats officiels de l'election présidentielle du 26
décembre 2010.
Par ComoresDroit