Fahmi Saïd Ibrahim, Saïd Larifou et Houmed Msaidie peuvent-ils vraiment sauter le pas? L’élection présidentielle de 2016 est devenue un s...
Fahmi Saïd Ibrahim, Saïd Larifou et Houmed Msaidie peuvent-ils vraiment sauter le pas?
L’élection présidentielle de 2016 est devenue un sujet de graves préoccupations pour certains Comoriens qui ont peur de voir les Comores rater ce virage historique. Le problème, c’est que tout le monde ne regarde pas ce rendez-vous avec l’Histoire avec le même œil. Il y a ceux qui envisagent cette élection sous l’angle du jeu, de l’amusement, de l’inconscience et de l’insouciance. Il y a les candidats folkloriques qui se présentent à cette élection pour amuser le tapis. Il y a aussi les doux rêveurs, mais également les charlatans et les vantards. Et puis, un peu plus loin, veillent ceux qui ont peur de voir l’année 2016 enterrer les Comores, et qui ont décidé d’élaborer la grande théorie du «Big Bang de la politique aux Comores». La théorie peut paraître pompeuse et ampoulée. Soit. Pourtant, il s’agit d’un grand projet, celui consistant à demander à deux candidats croyant en leur destin national de se mettre derrière un autre prétendant. Les trois personnes concernées sont, par ordre alphabétique: Maître Saïd Larifou, Houmed Msaïdié et Maître Fahmi Saïd Ibrahim.
Mesdames, Messieurs, voyez-vous parmi ces trois prétendants au fauteuil présidentiel des Comores deux candidats qui pourraient accepter, au nom d’un idéal républicain, de se mettre derrière l’autre, alors que chacun voit midi à sa porte en 2016? Pourtant, cette stratégie fait carburer le cerveau de certains, qui y verraient un moyen de donner un nouvel élan à la politique aux Comores, un moyen de faire de la politique autrement aux Comores, un moyen de demander à trois acteurs politiques s’ils sont de faux frères ou de faux ennemis. Les théoriciens du «Big Bang politique comorien» ont choisi la plus difficile des missions, celle devant se résumer ainsi: «Houmed Msaïdié et Maître Saïd Larifou, au nom de l’intérêt supérieur du pays, il a été décidé que vous devez vous mettre derrière la candidature présidentielle de Maître Fahmi Saïd Ibrahim, et il est attendu de vous de vous entendre afin de nous dire lequel de vous deux devra être son colistier sur l’île de la Grande-Comore». Il faudra répéter le même message deux fois en inversant les rôles et les personnages. Mission impossible? Qui sait? En tout cas, l’un des théoriciens du fameux «Big Bang» comorien est formel: «Il faut associer ces trois candidats parce qu’ils se complètent, entretiennent de bonnes relations, sont des nationalistes convaincus, ont des idées républicaines et de tolérance, notamment religieuse – car si on fait dans le fanatisme et l’intégrisme, nous ne verrons personne placer un sou aux Comores –, et ont fait leurs preuves par leur attachement à leur pays. Nous devons les y convaincre».
Quand il fut rappelé au théoricien du «Big Bang comorien» que les prétendants en question présentent tout de même une faille, «l’esprit villageois», il sursauta: «Ici et là, certains font tout pour faire de Maître Saïd Larifou l’homme de Foumbouni et du Mbadjini, oublient son parti politique, le RIDJA, et veulent le cantonner à ses origines géographiques. On nous dit que Foumbouni et le Mbadjini doivent présenter une candidature unique et qu’une alliance doit être conclue par Maître Saïd Larifou et l’autre Foumbounien et Mbadjinien Idi Nadhoim. Cette option politique est suicidaire et tue la politique aux Comores. Il est attendu de Maître Saïd Larifou de dépasser un certain régionalisme pour être entièrement “national”, en travaillant son image présidentielle, d’homme qui rassemble les autres. Et puis, il faudra que Maître Saïd Larifou soit plus présent aux Comores. Dans le cas de Houmed Msaïdié, il a pu s’affranchir de Maouéni et de la région de Mboudé, et a une position nationale plus tranchée. Maître Fahmi Saïd Ibrahim a un effort à fournir pour se libérer de la ville et de la région d’Itsandra. Il s’identifie trop à Itsandra, et ce n’est pas toujours bien pour quelqu’un qui rêve d’un destin présidentiel pour lui-même et qui dit vouloir travailler pour tout le pays».
Pourtant, dans l’affaire, il n’y a pas que la géographie qui pose problème; il faut également tenir compte du positionnement politique. Maître Saïd Larifou s’est signalé par son opposition aux régimes politiques comoriens depuis la présidence du Colonel Azali Assoumani (1999-2006). Après avoir soutenu Ahmed Sambi (2006-2011) pendant la campagne électorale, il le combattit sans merci, avant de faire de «l’opposition très et trop douce» à Ikililou Dhoinine (élu le 26 décembre 2010, investi le 26 mai 2011). Il n’a jamais caché ses ambitions d’être chef d’État, et ses adversaires politiques, mués en ennemis mortels, ricanent toujours en disant: «Il faut qu’il soit Président de la République, même pour 24 heures. Ce qui l’intéresse et le motive, c’est le fauteuil présidentiel». Naturellement, ceux qui le connaissent savent qu’il s’agit d’une façon de dénigrer un homme de grand mérite, qui aurait pu se contenter de gérer sa «rente professionnelle» à La Réunion et laisser les Comores continuer à aller à vau-l’eau. Mais, voilà, il a les Comores chevillées au corps, et son nationalisme «éclairé» est sincère.
Dans le cas de Maître Fahmi Saïd Ibrahim, on est en présence d’un acteur politique plus complexe et au parcours personnel très tortueux. Maître Fahmi Saïd Ibrahim devait se faire un prénom alors que les autres doivent se faire un nom. Pourquoi? Pour une raison très simple: il doit s’affirmer face à un grand-père paternel qui a été le dernier Sultan de la Grande-Comore, face à un grand-père maternel qui a été un théologien dont la renommée s’étendait sur toute l’Afrique de l’Est et l’océan Indien occidental, et face à un père auréolé d’un titre respecté de Prince, de parlementaire à Paris et à Moroni, et de Président du Conseil du gouvernement. Malgré tout, il a su se faire le prénom tant désiré parce qu’il suffit de dire «Fahmi a dit ou a fait» pour savoir qu’il s’agit de lui. Il s’est fait connaître dans les prétoires, a manifesté ses réserves envers le politicien Ahmed Sambi avant de devenir son ministre (juin 2010-juin 2011). Justement, il est l’une des options présidentielles du même Ahmed Sambi en 2016, et il est très difficile de le voir tourner le dos à l’ancien Président, avec qui il entretient les meilleures relations du monde. La question qui se pose alors est celle de savoir s’il va quitter le cocon douillet d’Ahmed Sambi pour une alchimie politique relevant de la refondation de la politique aux Comores. Lui-même et lui seul est capable d’en fournir la réponse appropriée. En attendant, il lance des missiles mer-sol, mer-air-sol et sol-sol sur le gouvernement actuel, qu’il accuse de tous les maux de la terre, se coupant politiquement d’Ikililou Dhoinine, avec qui il a travaillé au cours de la dernière année de la présidence d’Ahmed Sambi.
S’agissant de Houmed Msaïdié, on est en présence d’un acteur politique qui, dès son entrée en politique, a manifesté une folle envie de reconnaissance personnelle. Le Colonel Azali Assoumani, dont il a été l’opposant puis le ministre, ne l’a pas compris, et cela a conduit à leur rupture sur la place publique, sur les dépouilles de la CRC, qu’une Juge inexpérimentée, incapable, incompétente et corrompue a remis entre les mains d’Azali Assoumani, alors que le mandat de Houmed Msaïdié ne souffrait d’aucune illégitimité, ni illégalité. Sachant que Houmed Msaïdié contrôlait la CRC et qu’il allait s’y faire désigner pour représenter les couleurs du parti au cours de l’élection présidentielle de 2016, Azali Assoumani prit peur et accomplit son fameux coup d’État dans un verre d’eau. Houmed Msaïdié créa le RADHI («Bénédiction», en comorien) et navigue entre proximité avec le gouvernement un jour et proximité avec la défunte «opposition» le lendemain. Est-il possible pour un homme si animé d’une volonté de reconnaissance politique de devenir le colistier, à la Grande-Comore, ou un simple soutien actif à Maître Fahmi Saïd Ibrahim ou à Maître Saïd Larifou? Déjà, on a constaté qu’il a toujours refusé de faire partie des coalitions de «l’opposition», préférant un étrange jeu solitaire qui lui permet de faire ce qu’il veut avec le régime politique en place.
Ahmed Osman, le grand homme d’État marocain, considère qu’en politique, une porte n’est jamais définitivement fermée. Cela est vrai quand les acteurs politiques sont parfaitement conscients des enjeux en présence. Or, depuis 1972, les acteurs politiques comoriens ont perdu le sens de l’opportunité politique. Il ne sera demandé à aucun politicien de faire ceci ou cela. Chacun agit en son âme et conscience et selon ses convictions. Et, le théoricien en chef du «Big Bang politique comorien» est formel: «Houmed Msaïdié dans le Mboudé, Saïd Larifou dans leMbadjini et Fahmi Saïd Ibrahim dans l’Itsandra, ça serait trop beau. Rêvons».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 5 janvier 2015.
L’élection présidentielle de 2016 est devenue un sujet de graves préoccupations pour certains Comoriens qui ont peur de voir les Comores rater ce virage historique. Le problème, c’est que tout le monde ne regarde pas ce rendez-vous avec l’Histoire avec le même œil. Il y a ceux qui envisagent cette élection sous l’angle du jeu, de l’amusement, de l’inconscience et de l’insouciance. Il y a les candidats folkloriques qui se présentent à cette élection pour amuser le tapis. Il y a aussi les doux rêveurs, mais également les charlatans et les vantards. Et puis, un peu plus loin, veillent ceux qui ont peur de voir l’année 2016 enterrer les Comores, et qui ont décidé d’élaborer la grande théorie du «Big Bang de la politique aux Comores». La théorie peut paraître pompeuse et ampoulée. Soit. Pourtant, il s’agit d’un grand projet, celui consistant à demander à deux candidats croyant en leur destin national de se mettre derrière un autre prétendant. Les trois personnes concernées sont, par ordre alphabétique: Maître Saïd Larifou, Houmed Msaïdié et Maître Fahmi Saïd Ibrahim.
Mesdames, Messieurs, voyez-vous parmi ces trois prétendants au fauteuil présidentiel des Comores deux candidats qui pourraient accepter, au nom d’un idéal républicain, de se mettre derrière l’autre, alors que chacun voit midi à sa porte en 2016? Pourtant, cette stratégie fait carburer le cerveau de certains, qui y verraient un moyen de donner un nouvel élan à la politique aux Comores, un moyen de faire de la politique autrement aux Comores, un moyen de demander à trois acteurs politiques s’ils sont de faux frères ou de faux ennemis. Les théoriciens du «Big Bang politique comorien» ont choisi la plus difficile des missions, celle devant se résumer ainsi: «Houmed Msaïdié et Maître Saïd Larifou, au nom de l’intérêt supérieur du pays, il a été décidé que vous devez vous mettre derrière la candidature présidentielle de Maître Fahmi Saïd Ibrahim, et il est attendu de vous de vous entendre afin de nous dire lequel de vous deux devra être son colistier sur l’île de la Grande-Comore». Il faudra répéter le même message deux fois en inversant les rôles et les personnages. Mission impossible? Qui sait? En tout cas, l’un des théoriciens du fameux «Big Bang» comorien est formel: «Il faut associer ces trois candidats parce qu’ils se complètent, entretiennent de bonnes relations, sont des nationalistes convaincus, ont des idées républicaines et de tolérance, notamment religieuse – car si on fait dans le fanatisme et l’intégrisme, nous ne verrons personne placer un sou aux Comores –, et ont fait leurs preuves par leur attachement à leur pays. Nous devons les y convaincre».
Quand il fut rappelé au théoricien du «Big Bang comorien» que les prétendants en question présentent tout de même une faille, «l’esprit villageois», il sursauta: «Ici et là, certains font tout pour faire de Maître Saïd Larifou l’homme de Foumbouni et du Mbadjini, oublient son parti politique, le RIDJA, et veulent le cantonner à ses origines géographiques. On nous dit que Foumbouni et le Mbadjini doivent présenter une candidature unique et qu’une alliance doit être conclue par Maître Saïd Larifou et l’autre Foumbounien et Mbadjinien Idi Nadhoim. Cette option politique est suicidaire et tue la politique aux Comores. Il est attendu de Maître Saïd Larifou de dépasser un certain régionalisme pour être entièrement “national”, en travaillant son image présidentielle, d’homme qui rassemble les autres. Et puis, il faudra que Maître Saïd Larifou soit plus présent aux Comores. Dans le cas de Houmed Msaïdié, il a pu s’affranchir de Maouéni et de la région de Mboudé, et a une position nationale plus tranchée. Maître Fahmi Saïd Ibrahim a un effort à fournir pour se libérer de la ville et de la région d’Itsandra. Il s’identifie trop à Itsandra, et ce n’est pas toujours bien pour quelqu’un qui rêve d’un destin présidentiel pour lui-même et qui dit vouloir travailler pour tout le pays».
Pourtant, dans l’affaire, il n’y a pas que la géographie qui pose problème; il faut également tenir compte du positionnement politique. Maître Saïd Larifou s’est signalé par son opposition aux régimes politiques comoriens depuis la présidence du Colonel Azali Assoumani (1999-2006). Après avoir soutenu Ahmed Sambi (2006-2011) pendant la campagne électorale, il le combattit sans merci, avant de faire de «l’opposition très et trop douce» à Ikililou Dhoinine (élu le 26 décembre 2010, investi le 26 mai 2011). Il n’a jamais caché ses ambitions d’être chef d’État, et ses adversaires politiques, mués en ennemis mortels, ricanent toujours en disant: «Il faut qu’il soit Président de la République, même pour 24 heures. Ce qui l’intéresse et le motive, c’est le fauteuil présidentiel». Naturellement, ceux qui le connaissent savent qu’il s’agit d’une façon de dénigrer un homme de grand mérite, qui aurait pu se contenter de gérer sa «rente professionnelle» à La Réunion et laisser les Comores continuer à aller à vau-l’eau. Mais, voilà, il a les Comores chevillées au corps, et son nationalisme «éclairé» est sincère.
Dans le cas de Maître Fahmi Saïd Ibrahim, on est en présence d’un acteur politique plus complexe et au parcours personnel très tortueux. Maître Fahmi Saïd Ibrahim devait se faire un prénom alors que les autres doivent se faire un nom. Pourquoi? Pour une raison très simple: il doit s’affirmer face à un grand-père paternel qui a été le dernier Sultan de la Grande-Comore, face à un grand-père maternel qui a été un théologien dont la renommée s’étendait sur toute l’Afrique de l’Est et l’océan Indien occidental, et face à un père auréolé d’un titre respecté de Prince, de parlementaire à Paris et à Moroni, et de Président du Conseil du gouvernement. Malgré tout, il a su se faire le prénom tant désiré parce qu’il suffit de dire «Fahmi a dit ou a fait» pour savoir qu’il s’agit de lui. Il s’est fait connaître dans les prétoires, a manifesté ses réserves envers le politicien Ahmed Sambi avant de devenir son ministre (juin 2010-juin 2011). Justement, il est l’une des options présidentielles du même Ahmed Sambi en 2016, et il est très difficile de le voir tourner le dos à l’ancien Président, avec qui il entretient les meilleures relations du monde. La question qui se pose alors est celle de savoir s’il va quitter le cocon douillet d’Ahmed Sambi pour une alchimie politique relevant de la refondation de la politique aux Comores. Lui-même et lui seul est capable d’en fournir la réponse appropriée. En attendant, il lance des missiles mer-sol, mer-air-sol et sol-sol sur le gouvernement actuel, qu’il accuse de tous les maux de la terre, se coupant politiquement d’Ikililou Dhoinine, avec qui il a travaillé au cours de la dernière année de la présidence d’Ahmed Sambi.
S’agissant de Houmed Msaïdié, on est en présence d’un acteur politique qui, dès son entrée en politique, a manifesté une folle envie de reconnaissance personnelle. Le Colonel Azali Assoumani, dont il a été l’opposant puis le ministre, ne l’a pas compris, et cela a conduit à leur rupture sur la place publique, sur les dépouilles de la CRC, qu’une Juge inexpérimentée, incapable, incompétente et corrompue a remis entre les mains d’Azali Assoumani, alors que le mandat de Houmed Msaïdié ne souffrait d’aucune illégitimité, ni illégalité. Sachant que Houmed Msaïdié contrôlait la CRC et qu’il allait s’y faire désigner pour représenter les couleurs du parti au cours de l’élection présidentielle de 2016, Azali Assoumani prit peur et accomplit son fameux coup d’État dans un verre d’eau. Houmed Msaïdié créa le RADHI («Bénédiction», en comorien) et navigue entre proximité avec le gouvernement un jour et proximité avec la défunte «opposition» le lendemain. Est-il possible pour un homme si animé d’une volonté de reconnaissance politique de devenir le colistier, à la Grande-Comore, ou un simple soutien actif à Maître Fahmi Saïd Ibrahim ou à Maître Saïd Larifou? Déjà, on a constaté qu’il a toujours refusé de faire partie des coalitions de «l’opposition», préférant un étrange jeu solitaire qui lui permet de faire ce qu’il veut avec le régime politique en place.
Ahmed Osman, le grand homme d’État marocain, considère qu’en politique, une porte n’est jamais définitivement fermée. Cela est vrai quand les acteurs politiques sont parfaitement conscients des enjeux en présence. Or, depuis 1972, les acteurs politiques comoriens ont perdu le sens de l’opportunité politique. Il ne sera demandé à aucun politicien de faire ceci ou cela. Chacun agit en son âme et conscience et selon ses convictions. Et, le théoricien en chef du «Big Bang politique comorien» est formel: «Houmed Msaïdié dans le Mboudé, Saïd Larifou dans leMbadjini et Fahmi Saïd Ibrahim dans l’Itsandra, ça serait trop beau. Rêvons».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 5 janvier 2015.