Les tripatouillages sont devenus très visibles, et le processus électoral est mis en doute Douce et charmante Commission électorale n...
Les tripatouillages sont devenus très visibles, et le processus électoral est mis en doute
Douce et charmante Commission électorale nationale «indépendante» (CÉNI). Douces et charmantes institutions publiques nationales et insulaires comoriennes chargées d’organiser des élections libres, transparentes et démocratiques. Douce et charmante société SEMLEX chargée de la confection des cartes pour tous les électeurs et toutes les électrices comoriens. Pourtant, malgré la douceur et le charme de toutes ces institutions qui coûtent très cher aux Comoriens et qui s’avèrent bien impliquées dans le grand scandale des tripatouillages qui sont déjà en train de fausser tout le processus électoral en cours, le doute et le soupçon s’installent sans qu’on ne puisse parler de paranoïa. L’État est discrédité. Tout sonne faux dans l’affaire des cartes d’électeurs, et une bonne partie de la fraude électorale a commencé à s’opérer en amont des opérations électorales, comme cela se fait très souvent sur les terres d’élection des fraudeurs habitués à voler les suffrages des citoyens-électeurs.
Aujourd’hui, les partis politiques comoriens ont découvert une grosse supercherie: l’existence de 26.000 doublons de cartes d’électeurs. En d’autres termes, il a été constaté que 26.000 cartes d’électeurs sont en double. Cela ne peut relever d’une simple erreur, mais d’une volonté de nuire par la fraude. Naturellement, les partis politiques ont crié au scandale, en pointant un gros doigt accusateur sur la fameuse CÉNI. Il est vrai que cet organisme ne vaut rien du tout. Pourtant, sur cette affaire, ce n’est pas elle qu’il faut accuser, mais la SEMLEX de Sa Sainteté Albert Karaziwan, puisque c’est elle qui était chargée de confectionner les fameuses cartes d’électeurs et non la CÉNI, bien coupable sur d’autres choses. Ce qui énerve dans l’affaire, c’est que le recours à la société de «Monsieur Albert» était prétendument motivé par la volonté d’organiser des élections non entachées de fraudes. Or, «Monsieur Albert» distille les cartes d’électeurs au compte-gouttes, alors qu’il n’a pas été engagé dans l’affaire pour les beaux yeux des Comores mais pour se faire un maximum de profit sur le dos des Comoriens, éternel dindon de la farce criminelle. C’est ainsi que ce samedi 10 janvier 2015, quelques partis politiques se sont retrouvés au siège du Conseil de l’Île de la Grande-Comore pour dénoncer des manœuvres frauduleuses. Et ce qui s’est dit à cette occasion traduit parfaitement l’inquiétude des Comoriens à l’égard des méthodes qui conduisent directement au vol des suffrages des Comoriens. Le processus électoral est complètement vicié et l’exercice raté.
Pour Mahamoud Ali Mohamed, Président du Parti ANC, «au vu des premiers échantillons, on peut avoir 9% de doublons, soit 26 000 cartes de plus. C’est inacceptable». Et il signale quelque chose de très grave et plus pittoresque encore: «Sur la carte d’électeur du Président de la République, il a été constaté une erreur: son bureau de vote habituel, où il s’est inscrit, a été changé». Pour lui, il y a donc lieu de s’interroger: «Est-ce une volonté de sabotage ou bien une négligence de la part de la CÉNI?». Il a donc fini par prononcer l’oraison funèbre du processus électoral: «On avait déjà des doutes sur le bon déroulement du scrutin, mais ce doute est aujourd’hui renforcé». Pour sa part, Houmed Msaïdié, Président du Parti RADHI soulève un autre problème non moins important: «Au moment du recensement, on peut être inscrit sur les listes électorales, sur la base d’une carte d’identité nationale ou d’un extrait de naissance. Aujourd’hui, venir exiger qu’on vote avec des cartes d’identité nationale, ce n’est pas normal. Et pour les électeurs qui n’ont pas cette carte et qui sont inscrits. Que vont-ils faire?». La question vaut d’être posée, surtout à un moment où deux milliards de francs comoriens ont été investis sur ces cartes d’électeurs pour arriver à des résultats aussi catastrophiques. Ce qui est tout à fait inacceptable. Normalement, Houssen Hassan Ibrahim, ministre de l’Intérieur, de l’Information, de la Décentralisation, chargé des Relations avec les Institutions (assez! Assez!) doit être chassé du gouvernement. C’est un incompétent.
Cette série de mauvaises nouvelles est complétée par une autre catastrophe non moins importante, imputable cette fois à la CÉNI: les bureaux de vote supplémentaires, donc clandestins, qui ont été constatés sur toutes les îles. On en compte 5 à Anjouan, 4 à la Grande-Comore et 3 à Mohéli, soit 12 au total. Il y a également des Comoriens qui ont été changés de bureaux de vote. Il ne faut donc pas se voiler la face: les élections de janvier et février 2015 seront une grande mascarade. Elles vont diviser la société comorienne et jeter le doute même sur l’élection présidentielle de 2016. Aujourd’hui, le pays est engagé dans une voie électorale sans issue. Si on veut préserver la crédibilité de l’État lui-même, il est impératif d’arrêter tout de suite le processus électoral dans son ensemble.
Par ARM