Le parquet de Marseille se réjouit déjà « des beaux succès de la police judiciaire », alors que dix personnes ont été placées en garde à ...
Le parquet de Marseille se réjouit déjà « des beaux succès de la police judiciaire », alors que dix personnes ont été placées en garde à vue jeudi 7 août, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Zakary Remadnia. Ce jeune homme de 24 ans, condamné et incarcéré à deux reprises pour des infractions à la législation sur les stupéfiants, a été tué, le 18 juillet, au rond-point de Sainte-Marthe, dans les quartiers nord de Marseille, selon le scénario classique du règlement de comptes. Circulant à scooter, il avait été dépassé et renversé par un véhicule dont les deux occupants l'ont ensuite abattu à l'aide de deux armes, dont une kalachnikov.
Sur les 53 projectiles relevés sur place – dont 47 tirés par le fusil-mitrailleur –, une vingtaine ont atteint le jeune homme, décédé avant l'arrivée des secours. D'autres véhicules avaient reçu des balles, telle la Citroën d'une conductrice, qui s'en est sortie indemne, mais dont la carrosserie a été touchée en quatre endroits.
Originaire de la cité Font-Vert, présentée comme un haut lieu du trafic de cannabis à Marseille, Zakary Remadnia a été exécuté dans les mêmes conditions que son cousin germain Ilias Remadnia, tué en 2012 au pied d'un immeuble de cette cité du 14earrondissement.
RIVALITÉS ENTRE GROUPES
Evoquant son assassinat lors d'une conférence de presse, le 21 juillet, le procureur de la République de Marseille Brice Robin avait présenté Zakary Remadnia comme un présumé dirigeant d'un des « plans stups » de la cité Font-Vert. « Il est soupçonné d'être lui-même auteur de plusieurs règlements de comptes dans les Bouches-du-Rhône et en région parisienne au printemps », avait lâché le magistrat. Cette dernière précision renvoie clairement à l'assassinat, le 12 juin, à Asnières (Hauts-de-Seine), de Karim Tir, 31 ans, un cousin de Zakary Remadnia.
Conseillère régionale et adjointe au maire (UMP) de Marseille, Nora Remadnia-Preziosi, tante de la victime, se dit « effondrée de lire les rumeurs qui circulent dans la bouche d'un magistrat et dans les médias. Ces rumeurs ne sont pas fondées », assure l'élue, selon laquelle les deux familles sont très proches et ne connaissent aucun conflit. « Cela crée, à Font-Vert, un climat dramatique et explosif », déplore Mme Remadnia-Preziosi.
Le coup de filet de jeudi devrait conduire à la présentation des suspects, dimanche, devant un juge d'instruction. Cet assassinat semble s'inscrire, selon les enquêteurs, non pas dans un contexte de « guerres de territoires » liées au trafic de drogue, mais plutôt de rivalités entre groupes. Un responsable policier a récemment qualifié ces représailles de « matchs retour ».
PROGRESSION DE L'ÉLUCIDATION DE CE TYPE D'AFFAIRES
Les enquêteurs de la brigade criminelle de la direction interrégionale de la police judiciaire opposeraient aux personnes gardées à vue des écoutes téléphoniques et des surveillances physiques, opérées dans le cadre d'enquêtes judiciaires ouvertes sur deux autres règlements de comptes perpétrés au printemps. Dans leurs premières déclarations, les suspects – dont l'un aurait été extrait de sa cellule des Baumettes – contesteraient les faits.
Pour Jean-Jacques Fagni, procureur de la République adjoint, cette vague d'interpellations « prouve que la police et la justice peuvent obtenir des résultats » en matière d'élucidation de règlements de comptes. Le 22 juillet, en visite à Marseille, le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, se félicitait de la progression du taux d'élucidation de ce type d'affaires, passé de 20 % en 2012 à 45 % en 2013. Les enquêteurs expliquent régulièrement avoir « solutionné » ces assassinats, mais ne pas pouvoir traduire les suspects devant un juge d'instruction, par manque d'éléments de preuve pouvant entraîner leur mise en cause, et plus difficilement encore conduire à leur condamnation par une cour d'assises.
Depuis le 1er janvier, seize personnes ont été ainsi tuées dans les Bouches-du-Rhône, dont dix à Marseille. Cette opération démontre aussi, selon M. Fagni, « le fort engagement des services de police et du parquet de Marseille ».
Lemonde.fr - Par Luc Leroux (Marseille, correspondance)
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