Entre les Comores et la France, l’impossible adieu à la passion et au biberon. Et si tous les problèmes entre les Comores et la France ven...
Entre les Comores et la France, l’impossible adieu à la passion et au biberon.
Et si tous les problèmes entre les Comores et la France venaient d’une absence de stratégie de négociation de la part des Comores, d’un manque de dossier comorien solide et bien «ficelé» et de l’intrusion d’acteurs non professionnels sur le champ diplomatique? La question vaut d’être posée, à un moment où, chaque fois que le mot «France» est prononcé en présence de certains Comoriens, une bombe est toujours sur le point d’exploser. On se demande quand les «bons et vrais Comoriens» vont enfin accuser la France d’avoir fait exploser l’avion d’Air Algérie le jeudi 24 juillet 2014, uniquement pour que son Président ne se rende pas à la conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays membres de la Commission de l’océan Indien (COI). Quand il s’agit de relations entre la France et les Comores, la passion l’emporte toujours sur la raison. Ce mardi 29 juillet 2014, Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed nous a servi ses couplets habituels, arguant du fait que, «quel que soit le nombre de morts, dans un accident ou dans une autre circonstance, le monde ne s’arrête pas. La preuve en est que le même jour, une conférence sur la Palestine s’est déroulée au Quai d’Orsay». Ce que le Président de Comores Alternatives s’entête à ne pas vouloir comprendre, c’est que le Quai d’Orsay se trouve à Paris et non à Moroni, qu’une réunion au Quai d’Orsay n’est pas présidée par le Président français, mais par son ministre des Affaires étrangères, et qu’une réunion au Quai d’Orsay n’est pas une conférence à 10.000 kilomètres, aux Comores. Il faut être un bon connaisseur de la diplomatie pour savoir que la conférence de la Commission de l’océan Indien à Moroni sans le Président français est amputée de son capital de prestige, et si les Comores organisent leur première conférence «au sommet» en présence du Président français, cela leur confère automatiquement un prestige devant asseoir leur crédibilité auprès de leurs partenaires internationaux.
Cette remarque liminaire nous ramène à une réalité fondamentale, celle d’une passion très forte au sein d’une partie de l’opinion publique comorienne, qui voit en la France la source de tous les maux dont souffrent les Comores. Mais, que veulent exactement les Comores vis-à-vis de leur partenaire français, si nous faisons abstraction de l’épineux dossier de Mayotte? Personne ne peut le dire car, à Moroni, il n’y a pas de politique extérieure cohérente. Il n’y a pas de dossier clair et précis. Il n’y a pas d’agenda diplomatique. On se contente de regarder vers le Moyen-Orient et de boire de l’eau fraîche mercredi après-midi. Mais, nonobstant les grands mouvements de protestation, les acteurs politiques et les responsables comoriens de premier plan sont-ils sincères? Tout d’abord, les Franco-Comoriens qui crient le plus pour étaler hypocritement leur «francophobie» doivent, à titre hautement symbolique, remettre leurs papiers français Place de l’Indépendance, à Moroni, le 6 juillet 2015, lors de la célébration du 40ème anniversaire de l’indépendance du pays. Là, ils deviendront crédibles à nos yeux, car ce sont les actes qui comptent et non des déclarations à l’emporte-pièce. Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed et bien d’autres doivent être vus ce jour-là. S’ils ne remettent pas leurs documents administratifs français, qu’ils se taisent à jamais sur les relations entre les Comores et la France, car les Comoriens sont fatigués par la duplicité et le double langage.
Le discours démagogique de rejet de la France est tellement ancré dans la structure mentale de certains acteurs politiques que si on leur demandait de s’exprimer sur d’autres sujets, ils ne parleraient plus jamais de politique. Une preuve, une seule? Il suffirait d’exiger de Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed de dire autre chose que le retrait des Comores de la zone franc. C’est son dada. Mais, on ne l’a pas entendu faire des propositions révolutionnaires sur ce que doivent faire les Comores pour gérer l’après-franc comorien, une monnaie arrimée hier au franc français et aujourd’hui à l’euro, arrimage qui lui garantit convertibilité, stabilité et crédibilité. D’autres disent qu’il faut porter plainte contre la France pour occupation de l’île de Mayotte. Mais, que vaudra cette plainte quand les instances internationales qui statueront sur le dossier devront se rendre compte que c’est la population de Mayotte elle-même qui dit vouloir rester sous la bannière de la France? «Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes», dit le Droit international public. Mais, à partir de quel seuil un groupement humain forme-t-il un «peuple» au sens du Droit international public? C’est une question qu’il faut tout simplement éviter de se poser. Le Professeur Mario Bettati, qui sait de quoi il parle, ironise sur le fait selon lequel, «nous manifestions [...] au nom du “droit des peuples à disposer d’eux-mêmes”, et puis nous avons découvert qu’il s’agissait du “droit des mêmes à disposer de leurs peuples”».
Les Comoriens ne sont-ils pas manipulés par des gens qui crient hypocritement dans la rue contre la France et qui se cachent pour aller renouveler leurs papiers français au Consulat de France à Moroni et demander des bourses d’études pour leurs enfants? Ce sont les «bons et vrais Comoriens» qui, toujours, donnent raison à Michel Debré qui, le 27 août 1958, devant le Conseil d’État, a prononcé un discours à travers lequel il avait qualifié les Comores, entre autres colonies de l’époque, de «fractions isolées de la France et qui ne peuvent en aucun cas prétendre vivre seules», et qui «peuvent et doivent se diriger vers le statut qui les intègre à la République, c’est-à-dire qui maintient leur statut actuel [...]». Alors, quand on observe le comportement des plus braillards et bruyants de nos dirigeants, on comprend facilement que ce sont eux qui veulent faire revenir les Comores dans le giron de la France puisqu’ils sont tous Français. Je me souviens de cette soirée de février 2009 au cours de laquelle j’avais pris part à une délégation de Comoriens devant être reçue par un Conseiller du Président Nicolas Sarkozy à l’Élysée. En dehors de moi, tous les Comoriens présents étaient Français, à un moment où un Franco-Comorien s’apprêtait à succéder à un autre Franco-Comorien à la tête de l’Ambassade des Comores à Paris. Pour avoir signalé l’hypocrisie de la situation, j’avais provoqué un scandale et avais failli me faire tuer.
En réalité, la diplomatie comorienne n’a jamais entendu parler du mot «négociation». Une frange de la classe politique n’en veut pas. En France métropolitaine, les ressortissants des pays francophones d’Afrique qui ont bénéficié d’un titre de séjour pendant 3 ans ont droit après à une carte de séjour d’une durée de 10 ans, alors qu’il en faut 5 ans pour les Comoriens. Quand on pose la question aux autorités françaises, on reçoit pour réponse: «Il suffit de demander. Mais, les autorités comoriennes n’ont rien demandé». J’ai personnellement demandé aux deux derniers chefs de la diplomatie comorienne de négocier une Convention d’entraide judiciaire et de la famille, comme les pays du Maghreb l’ont fait avec les États européens à forte communautés maghrébines. En juin 2013, le volet judiciaire a été réglé, déclenchant la fureur des «bons et vrais Comoriens». Mais, qu’en est-il du volet relatif à la famille, quand on connaît les problèmes administratifs liés au statut des couples formés d’un Franco-Comorien et d’une Comorienne, ou d’une Franco-Comorienne et d’un Comorien?
Et puis, il y a le père de tous les problèmes: la coopération-biberon. Les autorités comoriennes aiment biberonner. Elles ne savent que biberonner. Elles ne veulent que biberonner. Pour elles, quand on parle de coopération, il doit impérativement s’agir de dons. C’est la coopération-biberon dans toute sa splendeur. Celle-ci met toujours l’État qui biberonne en situation de nette infériorité. Les autorités comoriennes ne veulent toujours pas le comprendre. Mais, au fond, au-delà du petit discours démagogique et haineux, les Comores ont-elles un quelconque intérêt à se détourner d’une grande puissance comme la France, même avec le lourd contentieux territorial de Mayotte? Naturellement, non. Le Maroc et l’Espagne ont un contentieux notamment au sujet de Ceuta et Melilla, des villes rattachées juridiquement à l’Espagne mais se trouvant en plein territoire marocain. Cela n’a jamais empêché le Maroc et l’Espagne d’entretenir de fructueuses relations de coopération, et les Souverains des deux pays d’avoir des relations personnelles fondées sur l’amitié et le respect. Aux Comores, ceux dont les parents ont le plus profité de la France sont les plus prompts à cracher sur la soupe. À un moment donné, il faudra que les uns et les autres sachent exactement ce qu’ils veulent et arrêtent de mentir aux Comoriens.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mercredi 30 juillet 2014.
Cette remarque liminaire nous ramène à une réalité fondamentale, celle d’une passion très forte au sein d’une partie de l’opinion publique comorienne, qui voit en la France la source de tous les maux dont souffrent les Comores. Mais, que veulent exactement les Comores vis-à-vis de leur partenaire français, si nous faisons abstraction de l’épineux dossier de Mayotte? Personne ne peut le dire car, à Moroni, il n’y a pas de politique extérieure cohérente. Il n’y a pas de dossier clair et précis. Il n’y a pas d’agenda diplomatique. On se contente de regarder vers le Moyen-Orient et de boire de l’eau fraîche mercredi après-midi. Mais, nonobstant les grands mouvements de protestation, les acteurs politiques et les responsables comoriens de premier plan sont-ils sincères? Tout d’abord, les Franco-Comoriens qui crient le plus pour étaler hypocritement leur «francophobie» doivent, à titre hautement symbolique, remettre leurs papiers français Place de l’Indépendance, à Moroni, le 6 juillet 2015, lors de la célébration du 40ème anniversaire de l’indépendance du pays. Là, ils deviendront crédibles à nos yeux, car ce sont les actes qui comptent et non des déclarations à l’emporte-pièce. Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed et bien d’autres doivent être vus ce jour-là. S’ils ne remettent pas leurs documents administratifs français, qu’ils se taisent à jamais sur les relations entre les Comores et la France, car les Comoriens sont fatigués par la duplicité et le double langage.
Le discours démagogique de rejet de la France est tellement ancré dans la structure mentale de certains acteurs politiques que si on leur demandait de s’exprimer sur d’autres sujets, ils ne parleraient plus jamais de politique. Une preuve, une seule? Il suffirait d’exiger de Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed de dire autre chose que le retrait des Comores de la zone franc. C’est son dada. Mais, on ne l’a pas entendu faire des propositions révolutionnaires sur ce que doivent faire les Comores pour gérer l’après-franc comorien, une monnaie arrimée hier au franc français et aujourd’hui à l’euro, arrimage qui lui garantit convertibilité, stabilité et crédibilité. D’autres disent qu’il faut porter plainte contre la France pour occupation de l’île de Mayotte. Mais, que vaudra cette plainte quand les instances internationales qui statueront sur le dossier devront se rendre compte que c’est la population de Mayotte elle-même qui dit vouloir rester sous la bannière de la France? «Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes», dit le Droit international public. Mais, à partir de quel seuil un groupement humain forme-t-il un «peuple» au sens du Droit international public? C’est une question qu’il faut tout simplement éviter de se poser. Le Professeur Mario Bettati, qui sait de quoi il parle, ironise sur le fait selon lequel, «nous manifestions [...] au nom du “droit des peuples à disposer d’eux-mêmes”, et puis nous avons découvert qu’il s’agissait du “droit des mêmes à disposer de leurs peuples”».
Les Comoriens ne sont-ils pas manipulés par des gens qui crient hypocritement dans la rue contre la France et qui se cachent pour aller renouveler leurs papiers français au Consulat de France à Moroni et demander des bourses d’études pour leurs enfants? Ce sont les «bons et vrais Comoriens» qui, toujours, donnent raison à Michel Debré qui, le 27 août 1958, devant le Conseil d’État, a prononcé un discours à travers lequel il avait qualifié les Comores, entre autres colonies de l’époque, de «fractions isolées de la France et qui ne peuvent en aucun cas prétendre vivre seules», et qui «peuvent et doivent se diriger vers le statut qui les intègre à la République, c’est-à-dire qui maintient leur statut actuel [...]». Alors, quand on observe le comportement des plus braillards et bruyants de nos dirigeants, on comprend facilement que ce sont eux qui veulent faire revenir les Comores dans le giron de la France puisqu’ils sont tous Français. Je me souviens de cette soirée de février 2009 au cours de laquelle j’avais pris part à une délégation de Comoriens devant être reçue par un Conseiller du Président Nicolas Sarkozy à l’Élysée. En dehors de moi, tous les Comoriens présents étaient Français, à un moment où un Franco-Comorien s’apprêtait à succéder à un autre Franco-Comorien à la tête de l’Ambassade des Comores à Paris. Pour avoir signalé l’hypocrisie de la situation, j’avais provoqué un scandale et avais failli me faire tuer.
En réalité, la diplomatie comorienne n’a jamais entendu parler du mot «négociation». Une frange de la classe politique n’en veut pas. En France métropolitaine, les ressortissants des pays francophones d’Afrique qui ont bénéficié d’un titre de séjour pendant 3 ans ont droit après à une carte de séjour d’une durée de 10 ans, alors qu’il en faut 5 ans pour les Comoriens. Quand on pose la question aux autorités françaises, on reçoit pour réponse: «Il suffit de demander. Mais, les autorités comoriennes n’ont rien demandé». J’ai personnellement demandé aux deux derniers chefs de la diplomatie comorienne de négocier une Convention d’entraide judiciaire et de la famille, comme les pays du Maghreb l’ont fait avec les États européens à forte communautés maghrébines. En juin 2013, le volet judiciaire a été réglé, déclenchant la fureur des «bons et vrais Comoriens». Mais, qu’en est-il du volet relatif à la famille, quand on connaît les problèmes administratifs liés au statut des couples formés d’un Franco-Comorien et d’une Comorienne, ou d’une Franco-Comorienne et d’un Comorien?
Et puis, il y a le père de tous les problèmes: la coopération-biberon. Les autorités comoriennes aiment biberonner. Elles ne savent que biberonner. Elles ne veulent que biberonner. Pour elles, quand on parle de coopération, il doit impérativement s’agir de dons. C’est la coopération-biberon dans toute sa splendeur. Celle-ci met toujours l’État qui biberonne en situation de nette infériorité. Les autorités comoriennes ne veulent toujours pas le comprendre. Mais, au fond, au-delà du petit discours démagogique et haineux, les Comores ont-elles un quelconque intérêt à se détourner d’une grande puissance comme la France, même avec le lourd contentieux territorial de Mayotte? Naturellement, non. Le Maroc et l’Espagne ont un contentieux notamment au sujet de Ceuta et Melilla, des villes rattachées juridiquement à l’Espagne mais se trouvant en plein territoire marocain. Cela n’a jamais empêché le Maroc et l’Espagne d’entretenir de fructueuses relations de coopération, et les Souverains des deux pays d’avoir des relations personnelles fondées sur l’amitié et le respect. Aux Comores, ceux dont les parents ont le plus profité de la France sont les plus prompts à cracher sur la soupe. À un moment donné, il faudra que les uns et les autres sachent exactement ce qu’ils veulent et arrêtent de mentir aux Comoriens.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mercredi 30 juillet 2014.