Désormais, le Président à mort et les crypto-sambistes sont plongés dans le doute. «Quand un adversaire est par terre, il faut avoir l...
Désormais, le Président à mort et les crypto-sambistes sont plongés dans le doute.
«Quand un adversaire est par terre, il faut avoir l'élégance de l'épargner d'une nouvelle humiliation», nous apprend le proverbe chinois. Pour sa part, le proverbe marocain dit que «quand la vache est par terre, beaucoup de couteaux font leur apparition». Ces deux proverbes renvoient à la même réalité, mais pour des implications divergentes car ce n'est pas toujours qu'on se contente d'épargner un adversaire déjà vaincu, et quand celui-ci est à terre, même ceux qui lui ciraient ses chaussures crachent sur lui. La condition humaine est ainsi faite.
«Quand un adversaire est par terre, il faut avoir l'élégance de l'épargner d'une nouvelle humiliation», nous apprend le proverbe chinois. Pour sa part, le proverbe marocain dit que «quand la vache est par terre, beaucoup de couteaux font leur apparition». Ces deux proverbes renvoient à la même réalité, mais pour des implications divergentes car ce n'est pas toujours qu'on se contente d'épargner un adversaire déjà vaincu, et quand celui-ci est à terre, même ceux qui lui ciraient ses chaussures crachent sur lui. La condition humaine est ainsi faite.
À la Faculté de Droit de Rabat-Agdal, au Maroc, j'ai eu l'immense privilège d'avoir eu pour Professeur d'«Histoire des Relations internationales du Maroc» M. Aziz Hasbi, un juriste de renommée mondiale, un grand commis de l'État (secrétaire général du ministère de l'Information, Ambassadeur à l'ONU, ministre, Recteur de l'Université de Casablanca…), dont la connaissance intime du dossier du Sahara marocain avait fait un conseiller très écouté du puissant ministre de l'Intérieur Driss Basri. Ce qu'il nous dit au sujet de ce dernier vaut d'être connu: «Les chasseurs de situation et de prébendes» harcelaient ceux qui connaissaient le ministre pour être présentés à lui, mais «font partie de cette cohorte de quémandeurs beaucoup de ceux qui, toute honte bue, se sont érigés, depuis le limogeage du ministre, en grands moralisateurs. Peu de ceux qui hantaient les parcours de golf, les antichambres et autres lieux propices aux sollicitations, étaient présents à l'enterrement du personnage. Pourtant, la mort est un moment solennel qui devrait faire plier les échines les plus ingrates et effacer les rancœurs les plus coriaces»: Aziz Hasbi: La scène et les coulisses. Récit, Kalimate, Temara, 2013, p. 193.
Tout ceci nous renvoie aujourd'hui à un homme aux Comores: Ahmed Sambi. Ce dernier a essayé de faire sortir de l'insignifiance des politiciens insignifiants qui le suivent comme une ombre, dont certains n'ont pas manqué de lui tourner le dos le moment venu, quand il ne leur était d'aucune espèce d'utilité. D'autres, toujours insignifiants dans leur insignifiance, tentent de devenir importants, tout en sachant que l'argent de la République islamique d'Iran et de celui leur maître ne feront jamais d'eux ce qu'ils espèrent devenir. Abdou Hamadi dit «Mrimdu» va plus loin, en accusant nommément des crypto-sambistes d'avoir favorisé l'adoption de la loi électorale qui ne laisse aucune chance à leur maître pour qu'ils soient eux-mêmes désignés pour défendre les couleurs du crypto-sambisme lors des élections présidentielles de 2016. De cette loi, on n'en tire qu'une seule conséquence juridique majeure: l'impossibilité pour Ahmed Sambi d'être candidat à l'élection présidentielle de 2016 puisqu'il s'agit d'une loi taillée sur mesure contre un seul acteur politique: le même Ahmed Sambi.
Ce dernier a trop tiré sur la corde, croyant que les Comores sont son champ de patates et qu'il peut devenir Président de la République quand il veut et faire élire qui il veut, tout ça parce qu'il est immensément riche et qu'il est soutenu par la grande puissance régionale qu'est la République islamique d'Iran. En même temps, Ahmed Sambi a commis la lourde erreur d'avoir annoncé très tôt sa candidature présidentielle pour 2016, alors qu'il s'agit d'une candidature polémique qui n'a jamais fait l'unanimité car en violation totale et définitive de l'esprit et de la lettre de la Constitution comorienne, qui nous apprend que «la présidence est tournante entre les îles» (article 13). Elle ne nous apprend pas que l'organisation des élections primaires en vue de l'élection présidentielle est tournante, mais l'élection elle-même. C'est ça la lettre de la Constitution, et elle est claire mais pas lue suffisamment, alors qu'elle nous apprend que le Président du jour doit être Grand-Comorien, celui du lendemain Anjouanais et celui du surlendemain Mohélien. Pour ce qui est de l'esprit de la Constitution, tous les Comoriens, sauf Ahmed Sambi et les crypto-sambistes, sont unanimes pour reconnaître le passage du flambeau présidentiel entre Comoriens des différentes îles dans le même ordre que ce qui vient d'être noté. Or, aujourd'hui, Ahmed Sambi est assuré de ne pas pouvoir se faire Grand-Comorien en 2016, après avoir été Anjouanais en 2006. Même dans le Mato Grosso, une fourmi ne peut pas changer de sexe.
Or, en mettant en avant sa seule et unique personne, dans un culte de la personnalité digne de Kim-Jong Un, il a clairement signifié aux Comoriens qu'il ne fait pas confiance aux crypto-sambistes qui le suivent aveuglement et de manière intéressée. De fait, même en faisant les calculs les plus optimistes, on ne voit pas qui, dans les rangs des crypto-sambistes grands-comoriens, pourrait figurer parmi les 3 candidats retenus pour le second tour de l'élection présidentielle de 2016. On ne voit pas, et si certains en voient, qu'ils nous fassent profiter de leurs éclatantes lumières. Ici, le problème ne se pose pas en termes de moyens, mais en termes d'image présidentielle et de crédibilité personnelle des acteurs politiques pouvant servir de bouche-trou. Les Comoriens, souvent cruels quand il s'agit de punir les politiciens coupables et quand ils se décident à les punir, peuvent se montrer impitoyables. Les Mohéliens ont déjà puni leurs «traîtres», et aujourd'hui, certains à la Grande-Comore disent ouvertement qu'il faut punir les «traîtres» qui ont aidé Ahmed Sambi à faire prévaloir son projet présidentiel divisionniste et insultant de 2016.
Tant qu'à faire, Ahmed Sambi est comme cette vache à terre qui voit apparaître beaucoup de couteaux, y compris aux mains des ceux qu'il considérait comme les siens. En même temps, ses adversaires ne veulent pas avoir l'élégance de le laisser sauver son prestige politique. Ils veulent lui couper la gorge politique. Mais, l'humiliation la plus dérangeante est à venir car si un choix est fait sur tel crypto-sambiste grand-comorien, les autres crypto-sambistes grands-comoriens ne se laisseront pas faire, et déploieront des trésors de perfidie suicidaire pour présenter leurs propres candidatures. Les crypto-sambistes grands-comoriens eux-mêmes n'affichent qu'une unité de façade et de circonstance. Le malheur politique devra s'abattre sur celui qui aura la faiblesse de croire qu'il suffit d'être dopé aux hormones aux pétrodollars pour sauver une carcasse politique trouée.
L'élection présidentielle de 2010 nous a prouvé que l'argent public ne suffisait pas et qu'il avait fallu recourir à des procédés répréhensibles. Cette même élection avait démontré qu'à la mi-décembre 2010, à deux semaines de l'élection présidentielle, avec 45.000 euros, Mohamed Saïd Fazul avait changé le cours de l'élection, mais qu'il fallait compter avec la fraude électorale. En même temps, la candidature de Mohamed Larif Oucacha avait bénéficié de plus de 150 millions de francs comoriens (300.000 euros) 48 heures avant le premier tour, mais a été classée au 7ème rang sur 10. Donc, si Ahmed Sambi croit qu'il peut faire élire par des pétrodollars iraniens un politicien sans crédibilité personnelle, c'est qu'il lui faut au plus vite un bon conseiller électoral. Dans les mois à venir, des crypto-sambistes «historiques» vont tourner casaque et sortir leurs couteaux pour égorger non pas le mouton, mais le berger lui-même.
Le Vice-président Nourdine Bourhane a bien compris qu'il fallait non seulement voter une loi perdant son caractère général et impersonnel, mais aussi investir politiquement la ville de Mutsamudu, le foyer natal d'Ahmed Sambi, à un moment où le Président Ikililou Dhoinine a eu cette petite phrase en privé: «Je vais tout faire pour ne pas transmettre les clés de Beït-Salam à Ahmed Sambi». Il s'agit d'empêcher Ahmed Sambi de disposer d'une majorité parlementaire qui lui permettrait d'abroger la loi qui a brisé ses projets présidentiels démesurés de Président à mort. Crypto-sambistes de toutes les îles, soyez indulgents envers votre maître, qui est aujourd'hui un homme dont le destin politique est entre les mains de Dieu. En tout cas, il lui faudra se préparer à voir cet homme envisager le pire car les étrangers à qui il a vendu deux blocs de pétrole offshoredont personne n'a vu la couleur lui réclament beaucoup de choses, qu'il ne pourra donner qu'en redevenant Président de la République en 2016. Dès lors, la tranquillité et la stabilité des institutions du pays ne sont pas garanties.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mercredi 30 avril 2014.