Interview exclusive de Mohamed Daoud, dit Kiki, Président du Parti Orange , Organisation républicaine pour l'Avenir des Nouvelles Généra...
Interview exclusive de Mohamed Daoud, dit Kiki, Président du Parti Orange , Organisation républicaine pour l'Avenir des Nouvelles Générations (ORANGE).
www.lemohelien.com: Le 11 septembre 2013, lors de la transformation officielle du Mouvement Orange en Parti Orange, vous avez rendu un hommage très appuyé à l'ancien Président Mohamed Taki Abdoulkarim, qui a dirigé les Comores de 1996 à 1998. Pourquoi cet hommage et pourquoi vous réclamez-vous de lui sur le plan idéologique et politique?
Mohamed Daoud: Je souhaite tout d'abord vous présenter mes sincères remerciements pour m'avoir donné l'heureuse opportunité de m'exprimer sur le site www.lemohelien.com sur un certain nombre de sujets qui intéressent les Comoriens. Pour répondre à votre question, je souhaite signaler que je suis takiste dès l'âge de 10 ans, car ma première rencontre avec le Président Mohamed Taki Abdoulkarim remonte à 1983, quand je n'avais que 10 ans. Malgré mon âge à l'époque, je reste très attaché à la personnalité de l'ancien Président, qui est ma référence, mon père spirituel et politique. Par la suite, mes aînés qui étaient à ses côtés m'ont encadré politiquement. Ils sont nombreux, mais je souhaite tout de même citer Mhoumadi Mgomri, Idi Nadhoim, Djamal Ahamada, Saïd-Omar Saïd-Ali (ministre des Affaires étrangères sous le Président Mohamed Taki Abdoulkarim), le grand et honorable notable Abal Oizir, et bien d'autres. Je leur dois beaucoup car grâce à eux, le Parti Orange marche sur les traces du Président Mohamed Taki Abdoulkarim aujourd'hui. Cette dette morale est très grande, et le Parti Orange souhaite préserver l'honorable mémoire du Président Mohamed Taki Abdoulkarim et valoriser son action, même si celle-ci est inachevée, du fait d'une mort prématurée. Au Parti Orange, nous espérons donc valoriser l'action et la vision du Président Mohamed Taki Abdoulkarim, en tenant compte de l'évolution des Comores d'aujourd'hui. Le mérite du travail que nous accomplissons dans ce sens est reconnu, et c'est la raison pour laquelle d'anciens takistes de l'UNDC ont commencé à rejoindre le Parti Orange depuis ce vendredi 18 avril 2014. À la tête de cette initiative heureuse et républicaine, nous retrouvons Ibrahim Ahamada dit «Compaoré» et d'autres takistes. Nous les remercions. Nous sommes en discussion avec d'autres acteurs et formations politiques pour des fusions. Ce qui rapproche le Parti Orange de la mémoire honorable du Président Mohamed Taki, c'est une volonté de servir l'intérêt général, celui de la communauté nationale comorienne.
www.lemohelien.com: Actuellement, vous êtes en France, après avoir fait partie de la délégation officielle qui accompagnait le Président Ikililou Dhoinine en Belgique. Est-ce que votre voyage actuel en France est lié à des motivations politiques?
Mohamed Daoud: Naturellement. Après l'installation très réussie des structures du Parti Orange en Grande-Comore et à Anjouan, nous sommes en train de préparer son installation en France métropolitaine, et par la suite, à Mayotte et à Mohéli. Cela étant, le voyage que j'effectue actuellement en France est un voyage exploratoire, pour voir comment nous allons installer la structure qui représentera le Parti Orange en France, un pays où vit une importante communauté comorienne, qui nous est chère et à laquelle nous allons consentir des efforts méritoires qu'on pourra qualifier par la suite d'«inédits» et de «révolutionnaires».
www.lemohelien.com: On ne voit plus vos frères le Gouverneur Mouigni Baraka et le Député Djaé Ahamada Chanfi sans leur nouveau totem, une cravate verte, après avoir laissé tomber la cravate de couleur orange, celle de votre Parti. Ça ne fait pas folklore tout ça, et quelle signification politique faudra-t-il donner à ce cinéma?
Mohamed Daoud:Le Gouverneur Mouigni Baraka et le Député Djaé Ahamada ont été exclus du Parti Orange par les militants, conformément aux textes qui régissent notre Parti. Ils ont été exclus du Parti pour non-respect des engagements pris par eux lors de la campagne électorale de 2010. Ces gens-là ont été élus sur la base d'un programme, donc d'un projet de société. Or, après 3 ans de pouvoir au Gouvernorat de la Grande-Comore, Mouigni Baraka a beaucoup déçu. Les Grands-Comoriens et les militants comoriens dans leur ensemble n'ont rien vu venir. Il y a eu un rappel à l'ordre, pour mettre fin à l'immobilisme, à un moment où les militants sont d'une grande impatience.
www.lemohelien.com: Que lui reprochez-vous exactement?
Mohamed Daoud: Le Parti Orange reproche beaucoup de choses à Mouigni Baraka. En effet, la gouvernance de Mouigni Baraka est un échec total, et se caractérise par une mauvaise gestion, et cela, dans tous les domaines. Un exemple: pendant la crise scolaire, les Comoriens ont constaté une absence totale du Gouverneur Mouigni Baraka, pendant que le ministre de l'Éducation nationale s'était fortement impliqué dans les négociations. Mouigni Baraka ne fait rien. Sa gestion ne respecte pas les règles de la bonne gouvernance. Il navigue à vue. Il trompe les gens. Il ne fait que voyager à l'étranger. Il n'a rien fait pour la Grande-Comore, contrairement au Gouverneur Anissi Chamssidine d'Anjouan. La construction et la réfection des routes à la Grande-Comore, ce n'est pas lui, mais le Docteur Ikililou Dhoinine, sur fonds de la «citoyenneté économique». Les salaires des fonctionnaires de la Grande-Comore ne sont pas payés par le Gouvernorat de l'île, mais par le gouvernement de l'Union, sous l'impulsion du Président Ikililou Dhoinine. Où va l'argent de l'île de la Grande-Comore? Il se targue d'avoir distribué 2 à 3 cahiers à son effigie et 1 stylo par élève, après 3 ans de pouvoir, contrairement aux autres Gouverneurs. Le Gouverneur Mohamed Ali Saïd de Mohéli, après 6 mois de pouvoir, a également distribué des fournitures scolaires aux élèves, sachant que les ressources de l'île de Mohéli sont très modestes par rapport à celles de la Grande-Comore. Le Gouverneur Anissi Chamssidine d'Anjouan a encore fait mieux, surtout en matière d'Éducation et de délégation de pouvoir en faveur des Mairies, et tout le monde le reconnaît.
www.lemohelien.com: Comme vous parlez des mérites du Gouverneur Anissi Chamssidine, grand allié politique d'Ahmed Sambi, c'est l'occasion de rappeler que vous avez été l'un des caciques de l'ancien Président. Comment jugez-vous son action à la tête de l'État comorien de 2006 à 2011 et quelles relations entretenez-vous avec Ahmed Sambi aujourd'hui?
Mohamed Daoud: Ahmed Sambi est une personne que je respecte beaucoup. Je lui suis reconnaissant sur et pour beaucoup de choses. Je suis fier d'avoir travaillé sous son égide, pour les Comoriens. J'assume ma part de son bilan. Ce bilan est diversement apprécié par les Comoriens. Mes relations avec Ahmed Sambi sont des relations normales aujourd'hui. Il a ses idées politiques et son parti politique, j'ai mes idées politiques et mon parti politique. Je ne partage pas ses idées politiques.
www.lemohelien.com: Vous vous appelez quand même de temps à autre?
Mohamed Daoud: Non. Depuis qu'il n'est plus Président, il n'a jamais cherché à m'appeler, à me contacter. Moi, je l'ai fait une fois. Il m'arrive de le croiser dans certaines cérémonies et dans des circonstances imprévues, et nous nous saluons. J'ai compris qu'Ahmed Sambi voulait que nous le servions, que nous soyons ses serviteurs. Au Parti Orange, nous avons notre façon de voir les choses dans plusieurs domaines, notamment en diplomatie. Nous devons diversifier nos partenariats. En matière de religion, je ne vois pas du tout les choses de la même manière qu'Ahmed Sambi. J'ai aussi des divergences avec lui en matière économique.
www.lemohelien.com: Envisagez-vous une fusion ou une alliance entre le Parti Orange et la Parti de l'ancien Président, notamment dans la perspective des élections législatives de 2014 et de l'élection présidentielle de 2016?
Mohamed Daoud: Cette hypothèse n'est pas à l'ordre du jour. D'ailleurs, la nouvelle loi sur les partis politiques impose aux organisations politiques de s'affirmer individuellement. Chaque parti politique doit se présenter seul. Je ne vois pas d'alliance politique entre nos deux partis politiques, alors que je ne partage pas les idées politiques d'Ahmed Sambi. Djaé Ahamada Chanfi a dit qu'en politique, on peut s'allier avec le diable pour avancer. Au Parti Orange, nous nous opposons à cette façon d'envisager la politique, qui est un métier noble. Ce sont les idées et les idéaux qui conditionneront nos alliances politiques et non la volonté de nous allier au diable à tout prix. Au surplus, nous sommes membres de la Mouvance présidentielle, alors qu'Ahmed Sambi est membre de l'opposition.
www.lemohelien.com: Ahmed Sambi dit qu'il ne reconnaît plus aujourd'hui l'Ikililou Dhoinine qu'il a connu Vice-président. Vous en pensez quoi, vous?
Mohamed Daoud: C'est normal, car Ikililou Dhoinine Président n'est pas Ikililou Dhoinine Vice-président. Quand le Docteur Ikililou Dhoinine était Vice-président, Ahmed Sambi l'avait muselé. De ce fait, il ne pouvait rien faire, notamment pour Mohéli. C'est une réalité. Ahmed Sambi ne lui a jamais donné les moyens de faire quelque chose, notamment à Mohéli. Depuis des années, on connaît l'état des routes aux Comores. Le Président Ikililou Dhoinine a utilisé les fonds de la «citoyenneté économique» pour faire et refaire les routes, alors que cet argent était là aux temps d'Ahmed Sambi. À Mohéli, le Président Ikililou Dhoinine a commencé à réaliser de vieux projets auxquels tiennent beaucoup les Mohéliens: l'Aéroport, les routes, le dépôt des hydrocarbures, les hôtels, etc. Il a doté le pays d'un avion et d'un navire, alors que l'argent était là aux temps d'Ahmed Sambi. Tout cela doit nous inciter à la réflexion. Quand Ahmed Sambi dit que le Président Ikililou Dhoinine ne fait rien, il ne dit pas la vérité. Beaucoup reste à faire, notamment en matière d'électricité et de santé publique. En la matière, le Président Ikililou Dhoinine ne fait que gérer l'héritage d'Ahmed Sambi. Mais, il redresse le pays quand même, avec des moyens limités.
www.lemohelien.com: Que pensez-vous de la candidature d'Ahmed Sambi à la fonction présidentielle en 2016?
Mohamed Daoud: Il faut qu'Ahmed Sambi respecte l'esprit de la présidence tournante, pour éviter la déstabilisation et la dislocation des Comores. Pour l'intérêt des Comores, chaque acteur politique doit assumer pleinement ses responsabilités. Le but de la présidence tournante, c'est qu'un jour, le Président des Comores soit un Grand-Comorien, 5 ans plus tard un Anjouanais, et 5 ans plus tard, un Mohéli. Personne n'a le droit de changer ça. Le prochain Président doit être originaire de la Grande-Comore, et Ahmed Sambi doit respecter ça, en évitant de déposer une candidature de la division en 2016.
www.lemohelien.com: Que pensez-vous des politiciens qui faisaient la plonge dans les cuisines de Beït-Salam et qui se retournent contre le Président Ikililou Dhoinine aujourd'hui, après avoir été humiliés par le refus du Président de leur confier des postes de responsabilité?
Mohamed Daoud: Ces gens-là sont connus des Comoriens, qui se moquent d'eux et les méprisent. Ils n'ont ni idéaux, ni principes. Par contre, moi, contrairement à d'autres, je n'ai jamais fait la plonge à la Présidence de la République. Soyons dignes. Je reste digne.
www.lemohelien.com: Aujourd'hui, quelles sont vos relations avec le Président Ikililou Dhoinine?
Mohamed Daoud: Le Parti Orange est membre de la Mouvance présidentielle. Nous avons un des nôtres au gouvernement, M. Houssen Hassan Ibrahim, ministre de l'Intérieur, de l'Information, de la Décentralisation, chargé des Relations avec les Institutions. Nous saluons le travail de qualité qu'il accomplit au sein du gouvernement.
www.lemohelien.com: Vous apportez quand même un soutien critique au gouvernement, si on s'en réfère aux prises de position très virulentes contre le gouvernement du Député Abdoulfattah Saïd Mohamed, l'un des chefs du Parti Orange.
Mohamed Daoud: Nous sommes un parti politique qui favorise la libre expression de ses membres. Au surplus, nous nous interdisons toute attitude de béni oui-oui. Nous devons être responsables pour changer de manière positive la vie quotidienne des Comores. Nous sommes en droit de faire des critiques et des contributions positives, tout en soutenant le gouvernement.
www.lemohelien.com: Tout le monde court pour 2016. Et vous?
Mohamed Daoud: S'il y a des gens qui courent pour 2016, nous travaillons pour la réussite totale du Président Ikililou Dhoinine d'abord. Je pense à la situation difficile que vivent de nombreux Comoriens, sans attendre 2016.
www.lemohelien.com: Vous êtes quand même candidat à l'élection présidentielle de 2016.
Mohamed Daoud: La question aura une réponse appropriée le moment venu. Maintenant, le Parti Orange cherche des solutions pour la vie des Comoriens, ici et maintenant. Je pense par exemple aux Comoriens de France, en matière de transports. On doit cesser de leur imposer des billets d'avion d'un coût de 1.700 euros. Il faut faire baisser les prix. Nous avons des propositions concrètes à faire dans ce sens pour faire baisser les prix du carburant, car les Comores pratiquent les prix les plus élevés dans l'océan Indien occidental. L'État doit geler les taxes, pour faire baisser les prix des billets. Cela aura des répercussions positives sur la croissance économique car les Comoriens de France qui rendent visite à leur pays d'origine sont des consommateurs. Sur le plan politique, nous devons préparer dans la sérénité les élections législatives de 2014, et envisager l'élection présidentielle de 2016 dans le calme.
Propos recueillis par ARM
© www.lemohelien.com – Vendredi 18 avril 2014.
