Il fait le tour du monde, mais pas le pèlerinage dans le pays qui l’a formé. Le réseau Internet a du bon. En visitant le site Internet d...
Il fait le tour du monde, mais pas le pèlerinage dans le pays qui l’a formé.
Le réseau Internet a du bon. En visitant le site Internet de certaines Grandes Écoles, Facultés et Instituts supérieurs, on découvre avec émerveillement le nom de leurs anciens étudiants les plus célèbres. La fierté de ces établissements scolaires est d’autant plus grande que certains de leurs anciens étudiants sont devenus chefs d’État. C’est ainsi que l’Académie Royale militaire de Meknès au Maroc a formé trois futurs Présidents de la République: le très charismatique Thomas Sankara, Blaise Compaoré et notre Azali Assoumani national. Elle continue à suivre la trajectoire d’autres anciens élèves-officiers qu’elle a formés. Pendant sa présidence chaotique et catastrophique, Azali Assoumani avait tout fait pour être reçu par les autorités marocaines de manière officielle au Maroc, et n’a pu y retourner qu’à la suite du décès du Roi Hassan II, décès survenu le 23 juillet 1999, pour de funérailles grandioses qui ont eu lieu le 25 juillet 1999. En 2005, perfidement et traîtreusement, son ministre des Affaires très étranges et qui lui sont étrangères, son propre cousin, l’inégalable et inimitable Mohamed Elamine Soeuf, lui avait menti en lui disant que le Maroc allait le recevoir. Ce qui avait poussé une grosse délégation comorienne à courir vers le Maroc, mais pour se rendre compte que Mohamed Elamine Soeuf avait menti sans vergogne. Cela ne lui avait pas porté chance et bonheur, mais le linge sale avait fini par être lavé en famille. Dans la douleur.
Aujourd’hui, on se rend compte d’une incongruité monumentale: Ikililou Dhoinine a été formé à la Faculté de Pharmacie de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry de 1988 à 1994. Les Guinéens, même les plus simples qui le savent, sont très fiers de l’ascension très particulière de «leur Président comorien». Mais, à ce jour, on n’a pas vu l’ancien étudiant en Guinée se rendre en pèlerinage à Conakry, Mamou, Nzérékoré, Labé, Kindia ou Boké. Il n’est pas retourné dans le Fouta-Djalon. Cette situation est incongrue, surtout que les autorités de la Guinée seraient contentes de montrer à la télévision nationale le Président qu’elles ont formé.
Cette situation n’est pas sans soulever 2 questions fondamentales: pourquoi la Guinée n’a pas encore invité et reçu officiellement son ancien protégé, alors que ce dernier a été Vice-président pendant 5 ans, du 26 mai 2006 au 26 mai 2011, et est devenu Président de la République depuis le 26 mai 2011? Au cas où elle n’a pas encore invité son désormais célèbre ancien étudiant, pourquoi ce dernier n’a pas signalé aux autorités guinéennes qu’il souhaiterait visiter ses anciennes terres et arroser ses plantes? Pourtant, on sait qu’Ikililou Dhoinine n’est pas un garçon aux idées politiques subversives et explosives qui aurait pu exprimer des opinions défavorables à la Guinée et s’y faire déclarer indésirable, persona non grata. Ce n’est pas son genre.
Une enquête très serrée menée dans les appartements privés du Président de la République depuis la période où il était Vice-président permet de constater que le bonhomme, grand amateur de football, peut braver des bataillons et nuées de moustiques pour suivre à la télévision jusqu’à 3 heures du matin un match de ballon rond qui se déroule à Tegucigalpa, Apia, Belmopan, Sri Jayawayerdenapura, Delap-Uliga-Darrit ou Fagatogo. Pourtant, notre correspondant à Moroni dit ne l’avoir jamais vu utiliser la télévision par satellite pour suivre les informations sur la Télévision guinéenne et savoir ce qui se passe sur ses anciennes terres. Naturellement, il n’est même pas question pour lui de se faire apporter les dépêches des agences de presse sur la Guinée. Ce n’est pas bien, ça.
Il va sans dire que personne n’obligera la Guinée à inviter l’un de ses plus célèbres anciens étudiants étrangers. De même, personne n’obligera Ikililou Dhoinine à effectuer un pèlerinage à Kouroussa. Pourtant, en termes de symbolique, il y a un effort à fournir de part et d’autre. Aujourd’hui, il n’y a pas un seul pays sérieux au monde qui ne suit pas de près la carrière politique de ses anciens étudiants étrangers. Quand les autorités russes invitent les anciens étudiants comoriens et d’autres pays étrangers formés sur le territoire de l’ancienne Union Soviétique, elles leur disent invariablement: «Vous, vous connaissez la réalité de notre pays. Expliquez-la à ceux qui, dans vos pays respectifs et ailleurs, ne la connaissent pas et se contentent de miroirs déformants et de schémas réducteurs». Hamada Madi Boléro y est toujours aux premiers rangs, buvant du petit-lait car dans son élément, ne demandant même pas de longues explications. Pourquoi prêcher un convaincu? Même s’il n’en a tiré aucun profit personnel immédiat, notamment pour financer sans campagne électorale sans argent de 2010, l’homme Hamada Madi Boléro a fait ses études supérieures en ex-URSS dans la même classe qu’un futur Président de la République, avec qui il est resté en contact permanent. Notre correspondant à Moroni signale qu’à la différence d’Ikililou Dhoinine à l’égard de la Guinée, Hamada Madi Boléro suit 2 à 3 fois par jour le journal de la Télévision de Russie et d’Ukraine pour «garder la main». Ce qui lui permet de rester en contact permanent avec l’actualité de son ancienne «Rodina» («Patrie», en russe, langue que parle couramment notre homme) à tout moment. Quand le Premier ministre de Russie ou d’Ukraine l’appelle, comme cela arrive souvent, ils peuvent parler de l’actualité de son pays sans une seconde de retard par rapport à l’actualité du pays slave en question. Mais bon, Hamada Madi Boléro est ce qu’il est, mais lui au moins, sait ce qu’il veut.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 3 mars 2014.
