Chères sœurs, chers frères, Voilà bientôt 40 ans que notre pays est dans une lente démarche de tâtonnement, d’improvisation et d’...
Chères sœurs, chers frères,
Voilà bientôt 40 ans que notre pays est dans une lente démarche de tâtonnement, d’improvisation et d’approximation chronique qui, à la longue, a fini par aboutir à la désorganisation et à la déstructuration des fondements de l’État et de ses institutions de base. Un malheur ne venant jamais seul, il s’en est suivi de la part des dirigeants successifs, une agrégation de pratiques malsaines, nuisibles et destructrices qui se résument et se traduisent par des malversations financières à outrance, une corruption à grande échelle, de multiples détournements des deniers publics et une accumulation étourdissante et hallucinante des biens mal acquis, dispersés aux quatre coins du monde. C’est un fléau qui gangrène l’économie nationale et a contribué à appauvrir le pays et plongé le peuple dans une précarité profonde et dans une paupérisation inacceptable. Dans son ensemble, la société nationale en est affectée à tous les niveaux. Cela étant, le bilan des 39 années d’indépendance est lourd de conséquences et peut être qualifié de «catastrophique», et cela sans aucun excès verbal.
Dans tous les domaines cruciaux de la vie quotidienne des Comoriens, le constat est sans appel: le système éducatif est désuet, inadapté et devenu une véritable usine à gaz, voire une machine à fabriquer une jeunesse sans perspectives d’avenir et donc sans espoir. Le domaine de la santé publique est dans un état de délabrement et de paralysie totale, faute de volonté politique, de moyens et d’équipements adéquats. L’hôpital est dans l’incapacité de remplir sa mission de service public et d’assurer aux populations une santé de base. Les infrastructures de base sont vétustes pour la plupart, et pour d’autres, c’est l’abandon, la démission totale, car les structures sont quasiment inexistantes.
On est en face d’un constat de vide en ce qui concerne les infrastructures qui sont en rapport direct avec la satisfaction des besoins vitaux de la population, notamment en matière de distribution d’eau potable ou de l’électricité, des secteurs indispensables pour garantir aux citoyens des conditions de vie décentes et leur assurer les besoins élémentaires, voire basiques. C’est un rôle dans lequel les pouvoirs publics se sont révélés incapables de garantir le minimum au peuple comorien. Sur la lisière de l’État, on ne peut déceler aucune perspective d’avenir sérieuse, ni apercevoir un projet de développement fixant des objectifs chiffrés avec un cap précis, puisque aucun plan de développement n’a été élaboré pour susciter un minimum d’espoir et favoriser un climat de sérénité au sein de la population comorienne, une population envahie par le doute et le scepticisme, et rongée par une angoisse profonde et largement justifiée.
L’horizon s’est considérablement assombri pour les générations présentes et futures car, en réalité, le pays est gouverné sans boussole, ni gouvernail. On est dans le peut-être, l’à peu près et le probable. Alors que les défis à relever s’accumulent, que la globalisation du marché appelle à l’élaboration des stratégies nouvelles et à une nouvelle approche dans le traitement et l’appréhension des grands sujets qui préoccupent le monde et mobilisent les population, aux Comores, on est dans une situation de vacuité. Les sujets d’inquiétude ne manquent pas: la menace du terrorisme est permanente, et la vente de passeports comoriens à des étrangers que personne ne connaît aux Comores alimente cette menace. Les ravages de la crise économique et financière font vaciller les soubassements les économies du monde, y compris celle des Comores, déjà précaire. Les risques écologiques et environnementaux n’épargnent pas les Comores, et la montée des eaux de l’océan menace le pays. Notre pays est confronté à des enjeux climatiques de grande intensité, mais n’a manifesté aucune volonté de préserver le milieu naturel et humain et de léguer aux générations futures une planète propre. Moroni est devenue la capitale la plus sale, la plus hideuse et la plus insalubre du monde.
Ce sont autant de sujets capitaux pour lesquels notre pays est à la traîne. Or, ces sujets ne figurent même pas sur l’agenda présent ou futur des dirigeants comoriens, si tant est qu’ils en ont d’ailleurs. Notre pays est secoué de convulsions profondes et porte les marques et les stigmates des meurtrissures infligées par les coups et blessures d’un passé douloureux et traumatisant.
C’est pourquoi le Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores appelle au rassemblement des forces vives de la nation dans un Front républicain et citoyen. Le Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores invite les formations politiques progressistes et démocratiques à ouvrir un dialogue inclusif permettant à la société civile, aux représentants du Mouvement social et à la femme comorienne de s’asseoir autour d’une table pour repenser les contours d’un nouveau Pacte social, d’une nouvelle société comorienne adaptée aux enjeux du 3ème millénaire et tournée vers une vision écologique, citoyenne, républicaine et moderne reposant sur une philosophie basée sur une échelle de valeurs dont l’homme doit être la matrice centrale, la variable unique d’ajustement, à qui il faudra attribuer les outils qui doivent lui permettre de se renouveler en trouvant sa propre trajectoire.
Le nouvel homme comorien, celui qui doit émerger d’une conscientisation nouvelle, devra être un homme de conscience, de vigilance, l’acteur et le dépositaire de ses propres acquis. Le Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores, en toute humilité, en toute modestie, signale à tous les acteurs de la vie politique et sociale que les échéances électorales, législatives et présidentielles, qui se présentent à nous offrent un cadre de référence pour amorcer ce dialogue national tant souhaité et ainsi, à travers lui, jeter les bases d’un Pacte législatif et présidentiel qui s’articule autour des valeurs intrinsèques et séculaires que sont:
- le renforcement et la consolidation de l’unité nationale,
- l’affirmation de notre volonté et de notre détermination à poursuivre le processus irréversible de démocratisation de notre société nationale,
- l’engagement commun à promouvoir et à œuvrer sans relâche pour le développement harmonieux et progressif de notre pays
- l’action devant privilégier une politique dynamique d’intégration régionale, d’une part, et d’ouverture vers une coopération équilibrée et renforcée avec les pays occidentaux et orientaux, dont nous sommes le produit parfait en termes d’une transition incarnée de part nos origines ancestrales et notre histoire civilisationnelle, qui est un condensé des deux mondes et qui constitue une richesse inestimable et avantageuse.
Le Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores reste persuadé qu’il n’y a pas une fatalité comorienne de sous-développement, de pauvreté, de désespoir, de désespérance et de médiocrité, et que la volonté conjuguée de toutes et de tous offre à la nation une opportunité réelle et effective de tourner la page sombre d’un passé douloureux et cauchemardesque, tout en inaugurant une nouvelle ère fondée sur l’unité, la justice et le progrès. C’est vers cet idéal que notre pays doit tendre et déployer ses ailes pour prendre son nouvel envol. Après une si longue période d’égarement et d’atermoiements, il serait, enfin, temps que les Comores enregistrent une victoire décisive sur des décennies de fatalité.
Par Kamal Abdallah
Porte-parole du Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores
© www.lemohelien.com – Dimanche 16 février 2014.