Comores : Après 39 ans d’échecs criminels, les autorités doivent présenter leurs excuses

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Les dirigeants prédateurs doivent demander pardon au peuple martyr . Le dimanche 8 février 2014, dans un article de très bonne facture...

Les dirigeants prédateurs doivent demander pardon au peuple martyr .


Le dimanche 8 février 2014, dans un article de très bonne facture judicieusement intitulé «“Moronistroïka” ou quand le peuple demande des comptes à ses gouvernants», le frère Kamal Abdallah, acteur politique engagé pour la cause nationale, a fait fort, très fort, en ayant accompli le geste fort honorable consistant à demander pardon au nom du régime politique d’Ali Soilihi à toutes les victimes de la Révolution. Pourtant, au moment où la Révolution a commis ses erreurs, il n’était pas aux Comores, mais en France, mais estime qu’en tant qu’un des dépositaires de la mémoire d’Ali Soilihi et de la Révolution, il est comptable de tout ce qui a été accompli par celle-ci, en bien comme en mal. Les Comoriens auraient aimé que tous les autres acteurs politiques fassent de même car, sans la reconnaissance de toutes les erreurs commises aux Comores depuis le 6 juillet 1975, les Comoriens resteront dans la régression. Et comme l’affaire de Mayotte, par exemple, passionne beaucoup les Comoriens, pour en comprendre l’origine, il faut que les autorités comoriennes reconnaissent une à une toutes les erreurs qui sont commises depuis le 22 décembre 1961, date d’adoption de la loi jetant les bases de l’autonomie interne de l’Archipel des Comores. Ce retour dans le passé s’impose.

Les autorités comoriennes doivent présenter leurs excuses au peuple pour n’avoir pas du tout compris que leurs politiques discriminatoires ont fait imploser le pays. Les dirigeants du pays, depuis la période de l’autonomie interne, ont privilégié le village et l’île, au détriment de la patrie. Administrateur colonial français aux Comores, Jean Charpantier n’invente rien quand il signale que «les structures sociales de l’archipel remontent à l’installation définitive des Chiraziens aux Comores, c’est-à-dire au début du XVIème siècle. Il s’agit d’un système clanique, doublé d’une division géographique en sultanats, qui fait que chaque clan, ou plutôt chaque chef de clan, peut revendiquer le leadership de tel ou tel sultanat. On retrouve d’ailleurs aujourd’hui cette opposition géographique et sociale qui oblige chaque homme politique comorien, et plus largement chaque parti politique, à s’enraciner dans un certain terroir», étant entendu qu’«Ahmed Abdallah est l’homme de Domoni à Anjouan, [...], Marcel Henry l’homme de Mayotte, Mohamed Hassanaly l’homme de Mohéli, [...], Ali Mroudjae et Mouzaoir Abdallah les hommes de Moroni, Ali Soilih était l’homme de Ntsoudjini en Grande-Comore» (Jean Charpantier: Le régime d’Ali Soilih, Moroni, 1975-1978: analyse structurelle,Deuxième partie, Le Mois en Afrique, n°221-222, juin-juillet 1984, Paris, pp. 12-13).

Les erreurs commises depuis le 22 décembre 1961 sont légion et chacun les apprécie à sa façon, l’essentiel étant qu’elles ont miné l’unité des Comores. L’affaire de Mayotte le rappelle à tout moment. Le chauvinisme insulaire a tué le pays. Si nous devions chercher un seul exemple sur les malheurs de l’idéologie criminelle de l’insularité, nous pourrions le retrouver à travers ce constat fait par le juriste Abdou Djabir: «À la veille de l’indépendance, Anjouan percevait 50% des crédits alloués par la France, la Grande-Comore 43%, Mayotte 6% et Mohéli 0,5%» (Abdou Djabir: Les Comores. Un État en construction, L’Harmattan, Paris, 1993, p. 127). Sans commentaire. Les autorités comoriennes doivent donc présenter leurs excuses pour avoir divisé le pays par des pratiques discriminatoires surréalistes, injurieuses et nocives. À ce jour, elles n’ont tiré aucune leçon des erreurs du passé et, aidées en cela par la présidence tournante, ravagent le pays par la prévalence du chauvinisme insulaire, du népotisme et du favoritisme villageois.

Les autorités comoriennes doivent présenter leurs excuses au peuple pour la corruption malsaine et indécente dans laquelle elles se complaisent, s’enrichissent indument et privilégient leurs familles, au détriment de toute une collectivité nationale obligée de vivoter dans la misère. Les dirigeants comoriens sont les champions de l’enrichissement ultrarapide, mais Dieu les punit un à un car on voit comment leurs biens mal acquis s’évaporent. Dans l’ensemble, ils finissent mal, souvent dans la misère. Quand on voit un Ahmed Sambi devenu milliardaire en 5 ans de pouvoir, on est obligé de perdre toute illusion sur des acteurs politiques refusant de reconnaître le mal qu’ils font aux Comoriens et qui se croient toujours indispensables. Le Mouvement citoyen comorien réclame aujourd’hui une action internationale sur les biens mal acquis aux Comores, et des sanctions à l’encontre des voleurs qui ont ruiné le présent de tout un peuple. Tout le monde doit s’y mettre pour faire aboutir une telle procédure, qui ne mobilisera aucune autorité.

Les autorités doivent présenter leurs excuses pour la participation des unes aux malheurs qui ont frappé les autres. Des Comoriens ont été complices de ceux qui ont froidement assassiné Ali Soilihi, de ceux qui ont méthodiquement torturé et assassiné Ahmed Abdallah, de ceux qui ont destitué et déporté (oui, «déporté»!) Saïd Mohamed Djohar au Département français de la Réunion. Que les complices de ces actes présentent leurs excuses au peuple martyr des Comores.

Ce sont des Comoriens qui ont demandé aux mercenaires de tuer et de découper en petits morceaux des militants comoriens et de les déposer devant leurs domiciles dans des sacs en plastique. Ce sont des Comoriens qui ont demandé à ces mercenaires de réprimer les militants comoriens durant des années, étouffant toute voix libre qui voulait exprimer une doléance populaire. Ces Comoriens-là doivent présenter des excuses au peuple comorien. En même temps, force est de constater que les mercenaires noirs sont pires que leurs «homologues» blancs. En effet, les mercenaires comoriens (commandités par l’Iran et d’autres États qui ne sont pas des modèles à suivre) sont les pires. Ils prennent trop de libertés avec la liberté. Ils tuent dès que leurs intérêts sont en jeu, et accusent les autres. Nous savons ce qui s’est passé quand Ahmed Sambi voulait rester indûment au pouvoir, et ce qu’il a fait au Lieutenant-colonel Combo Ayouba. C’est de notoriété publique. Nous avons vu ce qu’il a fait au Docteur Assad et à bien d’autres. Le dirigeant a donc recours à l’assassinat et autres crimes pour protéger ses intérêts criminels.

Ahmed Sambi doit présenter des excuses aux Comoriens et à la communauté internationale pour avoir mis en danger le monde entier par la vente de passeports comoriens à des étrangers inconnus, dont certains sont des trafiquants de drogue et des terroristes. Aujourd’hui, il est temps d’attirer l’attention des dirigeants comoriens sur le fait que 6 des terroristes qui ont commis les attentats contre les Ambassades des États-Unis au Kenya et en Tanzanie le 7 août 1998 étaient arrivés sur le territoire de ces pays munis de passeports comoriens remis par les autorités légales comoriennes en contrepartie de 6 mois de salaires des fonctionnaires et agents de l’État. Les Comores ont été complices de crimes odieux pour avoir de l’argent et payer des salaires. On tue pour avoir de l’argent, alors que cet argent doit être créé par l’effort de la collectivité nationale.

Les autorités comoriennes doivent présenter leurs excuses au peuple pour leur manque total d’imagination. Ali Soilihi avait lancé des chantiers à travers tout le pays. Ahmed Abdallah avait consolidé les institutions publiques et avait assis les bases de l’État. Il aurait suffi qu’il jugule la corruption et crée des espaces de liberté pour être un Président exemplaire. Toujours est-il que depuis la disparition d’Ali Soilihi et d’Ahmed Abdallah, les Comores ont été tirées vers le bas. Leurs successeurs, sans imagination, n’ont laissé derrière eux aucun souvenir heureux et positif.

Les autorités doivent présenter des excuses pour l’invasion de tout l’espace étatique par des membres de leurs familles. Ali Soilihi est mort sans compte bancaire, ni un seul bien acquis alors qu’il était au pouvoir. Les autres n’ont pas voulu suivre cet exemple. Allal El-Fassi (1910-1974), célèbre homme d’État marocain, estime que le dirigeant est responsable même d’un enfant qui pleure parce qu’il a faim. Or, cette responsabilité, les dirigeants comoriens l’éludent et s’engraissent avec leurs familles. Quand on apprend qu’un Ambassadeur malade de la tête a obtenu un visa Schengen pour un Comorien en contrepartie de 10.000 euros (5 millions de francs comoriens), on se dit que nous n’avons plus d’État aux Comores. C’est un acte très ignoble.

Aujourd’hui, les Comoriens doivent s’inspirer de l’Afrique du Sud, du Maroc et de la Côte d’Ivoire, se regarder en face, rappeler les erreurs et se présenter des excuses. Si nous le faisons pas, chaque clan continuera à dire: «Ce n’est pas notre faute. C’est la faute des autres». En effet, chaque clan présidentiel se défend et rejette toutes les fautes sur les autres. Une belle hypocrisie!

Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 11 février 2014.
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