«Moronistroïka» ou quand le peuple demande des comptes à ses gouvernants

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Dans son article du 7 février 2014 intitulé « Intensification du mouvement citoyen. Rien ne doit plus être comme avant», le Professeur Ab...

Dans son article du 7 février 2014 intitulé «Intensification du mouvement citoyen. Rien ne doit plus être comme avant», le Professeur Aboubacar Ben Saïd Salim fait état de l’intensification du Mouvement citoyen comorien, né il y a à peine un mois pour canaliser les nombreuses exaspérations filles des difficultés vitales auxquelles la population comorienne est confrontée chaque jour que Dieu fait. Il s’agit de difficultés qui entravent et obstruent toutes les conditions élémentaires d’une vie normale et digne. Dans un environnement sociétal pour le moins apocalyptique et chaotique où tout est problématique, notamment quand il s’agit des infrastructures de base, qu’il s’agisse de la distribution d’eau potable, électricité, téléphone, et qu’il s’agisse encore des conditions d’hygiène et de salubrité publique, les Comoriens sont fatigués de souffrir le martyr. Tous les points de repères dont un être humain a besoin dans sa vie quotidienne pour se rassurer qu’il est différent de l’animal en divagation qui erre sans but dans nos villes et nos villages sont absents dans la vie des Comoriens.

Le mouvement citoyen issu du «Parlement des Invisibles» a décidé de briser le silence et de sortir de sa réserve, pour devenir le porte-voix des sans-voix, la conscience et la morale d’un peuple comorien traumatisé, martyrisé, bâillonné, humilié, piétiné, pour être finalement réduit à sa plus simple et très triste expression pendant 39 années très dures, pénibles et douloureuses, 39 années supposées le placer sur la voie d’un bonheur devenu introuvable, d’une quiétude sans failles, d’une liberté sans chimères. Mais, au bout de compte, tout compte fait, et pour solde de tout compte, le peuple comorien est confronté à une indépendance qui a été dévoyée et transformée en mirage. Les Comoriens sont devenus un peuple qui, tout le long de ces 39 années d’indépendance, n’a connu en réalité que désillusions, désappointements, amertumes et désespoirs, devenus son lot quotidien de moisson mal récoltée, le tout dans une indépendance dévoyée du but que lui avaient assigné les forces progressistes de notre pays.


On a l’habitude de présenter les Comores comme un pays tranquille et non-violent. Mais, cette image d’Épinal ne résiste pas à l’analyse des faits car il y eut du sang versé, et ce sang est rouge comme le sang humain, et coulait dans de veines de Comoriens. Interrogeons-nous. Combien de morts ont parsemé le chemin emprunté depuis le 6 juillet 1975? Souvenons-nous du drame regrettable et déplorable commis à Mbéni, dans le Hamahamet, en Grande-Comore, par la milice qui a terni l’image de la Révolution de 1975-1978, ou encore le drame de triste mémoire qui eut pour théâtre, la ville d’Iconi, dans le Bambao, toujours en Grande-Comore. Dans ces deux événements dramatiques, la réalité a dépassé toute fiction, tellement l’horreur était inqualifiable. Les Comores auraient pu et auraient dû faire l’économie d’un tel désastre.

N’oublions pas Moroni dans les heures les plus sombres du règne macabre et mortifère des mercenaires (1978-1989), quand la vie aux Comores avait un goût de sang et de mort violente. Mohéli et Anjouan ont connu leur lot de malheurs gratuits, bestiaux, un interminable boulevard le long duquel jonchent les corps alignés sans vie des fils de notre patrie, une patrie endeuillée par le souvenir de nos martyrs. La Révolution du 3 août 1975 a, elle aussi, son décompte macabre, pour lequel nous autres soilihistes devons assumer la lourde responsabilité des actes positifs commis autant que le bilan, dans sa globalité, en reconnaissant les erreurs commises. Car, cette Révolution, que nous voulions exemplaire, a son passif.

C’est pourquoi, tout en comprenant, encourageant et soutenant les Comoriens qui se révoltent aujourd’hui, solennellement, devant Dieu, le juge impitoyable qu’est l’Histoire, et en faisant face au peuple comorien, les yeux dans les yeux, au nom de la mouvance soilihiste, je demande pardon aux familles des victimes de Mbéni autant qu’aux personnes qui sont tombées à Iconi, où existe un terreau qui était censé être une des forteresses de la Révolution et qui, pourtant, a été le théâtre d’une agression barbare et scandaleuse que rien ne peut ni justifier, ni excuser, sauf la stupidité, l’ivresse du pouvoir, le manque de maturité et de discernement de la part d’auteurs aveugles. Parlons également de l’absence criante d’une méthodologie adaptée au contexte d’une indépendance balbutiante, mal maîtrisée, et d’une pédagogie inappropriée, si ce n’est une erreur de jugement corroborée par une flagrante erreur d’appréciation des réalités humaines d’un pays comme les Comores. Ces erreurs découlent de l’aveuglement des ordonnateurs de massacres qu’on ne peut certainement jamais oublier.

Le Professeur Aboubacar Saïd Salim, dont on connaît la sincérité de l’engagement militant et politique, a raison de dénoncer de manière constante les violences qui figurent parmi les faits marquants de ces 39 années d’une indépendance inachevée, incomplète.

Les dernières positions défendues par le Professeur Aboubacar Saïd Salim sont donc très encourageantes et rafraîchissantes sur le plan moral et politique. D’ailleurs, elles ne sont pas rappeler que, lors de la conférence de presse du 4 décembre 2013 à Paris, Maître Saïd Larifou, Président du Parti RIDJA, et moi-même, en ma modeste qualité de Porte-parole du Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores, avons clairement fait connaître notre volonté et notre détermination de porter plainte contre toute la voyoucratie qui a mis à genoux notre pays et plongé notre peuple dans une profonde précarité, une précarité sans limites, une indicible précarité, une précarité que rien de raisonnable ne justifie, ni n’explique.

Cela étant, nous nous réjouissons de l’initiative intitulée «Où va notre argent?», que le Mouvement citoyen de la «Moronistroïka» envisage de prendre afin de traquer les biens mal acquis par les dirigeants comoriens sur le dos du peuple comorien. Nous saluons également toutes les mesures d’accompagnement préconisées, à l’instar d’un recensement rigoureux du nombre des cadres politiques et administratifs qui partent en mission par semaine à l’étranger, ce recensement devant permettre d’évaluer les sommes dépensées dans le cadre des missions fantômes qui n’aboutissent jamais et ne rapportent rien à l’État et au peuple des Comores.

Il serait indélicat de ma part de finir mon propos, somme toute modeste, sans rendre un hommage très appuyé à toutes ces femmes courageuses qui se mobilisent aux côtés de leurs camarades de lutte pour amplifier la voix des Comoriens qui souffrent et s’associer à leur voix pour la rendre plus audible. On ne remerciera jamais assez Mme Dramsy, Mme Sitty Sagaf, Mme Fatima Iliass, Mme Dini Charif, Mme Zahara Mbaé Toyb et bien d’autres. La liste est très longue. Nous sommes tous tenus en haleine par ce combat patriotique, et impressionnés par la volonté, le courage, la clairvoyance et la détermination qui en animent les actrices et acteurs. Nous soutenons sans réserve ce combat de la vérité et de la responsabilisation, et en incitons les actrices et acteurs à persévérer. Nous souhaitons, sans esprit de récupération politicienne, une jonction de la démarche initiée à Paris à celle des Indignés de Moroni. Nous souhaitons vous apporter tous les éléments à notre portée pour consolider votre dossier à déposer au Parquet contre les voyous de la République. Nous vous apporterons toute l’aide qui vous sera nécessaire et utile pour faire aboutir ce combat louable, légitime et bénéfique pour toute la nation comorienne, qui vous est reconnaissante. Seul l’effort paie.

Les Comoriens sont en présence d’une agression économique, financière, éthique et morale de la part des autorités comoriennes. Pour faire face à cette agression, nous devons nous inspirer de la «la Révolution des Casseroles», de la Révolution des Mères de la Place de Mai en Argentine, de la Révolution du Jasmin et du Printemps Arabe. L’heure n’est plus aux petits comptes d’apothicaires et aux petites additions et soustractions d’arrière-boutique. Les patriotes sincères, qu’ils soient installés en France ou qu’ils vivent aux Comores, ont fait le même constat sur la descente aux enfers de notre pays. Mais, il y a un éparpillement des énergies. Désormais, celles-ci doivent faire l’objet d’une fédération pour que les voix de l’intérieur et celles de l’extérieur fassent la grande jonction qui fera trembler ceux qui se sont arrogé le droit de tuer les Comoriens à petit feu. Si le mouvement citoyen engagé depuis quelques semaines s’essouffle, la voyoucratie en tirera un sentiment d’impunité et continuera à narguer, voler et affamer le peuple comorien. La «Moronistroïka» doit pousser vers l’avant.

Par Kamal Abdallah, 
Porte-parole du Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores
© www.lemohelien.com – Dimanche 9 février 2014.
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